Publié le 14 Mar 2016 - 20:14

La bi-nationalité une arme à double tranchant 

 

A cette heure-ci, la semaine prochaine, on aura su, on aura été fixé : qui du ‘’Oui’’ ou du ‘’Non’’ l’aura remporté nous sera connu alors ! Et, sans être prophète, ou vouloir seulement y songer, je gage que ce sera le ‘’Oui’’ qui sera sorti vainqueur de cette consultation. Pas parce que j’aurais personnellement voté ainsi mais parce que les Sénégalais et quand il le faut vraiment, absolument, savent très bien distinguer le nécessaire de l’accessoire, l’essentiel du contingent, le vrai du faux en somme ou les vessies des lanternes et ainsi de suite. Oui, il est des fois où nous savons nous dépasser, où nous savons surpasser et l’occurrence de ce referendum est de ces fois-là !

15 mesures ont été proposées lors de cette consultation et toutes plus pertinentes, consolidantes disent les spécialistes, les unes que les autres pour une démocratie encore plus forte, sinon achevée, avec plus de droits et de garanties pour les citoyens comme pour les institutions et les territoires mais, cela, tout cela, intéresse peu le microcosme politique. Non ce qui le mobilise, ce qui lui importe et lui donne de l’urticaire c’est que de l’avis-décision du Conseil constitutionnel le Président doive faire les 7 ans du mandat pour lequel il avait été élu et non les 5 auxquels il s’était, prématurément, engagé. Quel scandale que de devoir déférer aux injonctions de la plus haute autorité judiciaire de ce pays quand on en est le premier magistrat ! Penser cela est tellement stupide que l’évoquer seulement pourrait être un délit !

Mais c’est Macky Sall qu’on voulait qu’il parte et qu’il parte dès l’année prochaine quitte à tordre le cou à la loi fondamentale et à ses interprètes dédiés : Les juges du Conseil constitutionnel ! Longtemps, trop longtemps, sûrement, la politique sénégalaise n’a tourné qu’autour du crypto-personnel. On était ‘’ Dioufiste’’, ‘’Diagniste’’, ‘’Laministe’’, ‘’Senghoriste’’, ‘’ Diaiste’’ selon qu’on était pour Mamadou Dia, Senghor, Lamine Guèye, Blaise Diagne ou Ngalandou Diouf. On se déterminait sur des gens, dès lors que la couleur de peau, plus ou moins blanche, n’était plus un critère depuis 1914. Leurs diplômes c’est-à-dire leur aptitude à parler en bon français aux Français, d’ici et de là-bàs, ça c’était important parce que pour le reste, l’autonomie, l’indépendance ce n’était envisable que pour les volontaires au bannissement, à la prison voire à pire encore. Cela peut paraître aujourd’hui sommaire voire nul comme programme politique mais c’était comme ça, c’était le temps des colonies et ce n’était déjà pas mal que de seulement pouvoir voter pour celui qui pourra parler devant le Gouverneur ou au Palais-Bourbon !

Au moins donc votait-on ici, au Sénégal et depuis longtemps mais toujours, hélas, autour de personnes ou de personnalités. C’est-à-dire que nous avions intégré parfaitement le cours nouveau des choses à savoir que rien ne pouvait, en fait de pouvoir et de capacité, s’acquérir ou se conserver en dehors des règles du libre suffrage des citoyens et de la démocratie pour tout dire ! C’est que le temps de la force brute brutale qui, jadis, gouvernait tout, était bien révolu désormais, elle qui était la mesure et l’étalon de toute chose pendant des siècles.

C’était donc ça avant ! Or, pendant ces jours où, à travers cette campagne référendaire reparaissent encore des relents de ces temps, que l’on croyait bien dépassés et ou, seuls, les ‘’egos’’ comptaient, avec leurs petites ambitions, leurs petites coquetteries, leurs petits calculs dans les batailles politiques. C’était assez triste déjà, sinon lamentable et voici que Karim Wade vient en remettre une couche, peut-être involontaire, il est vrai ! C’est le moment précis, en tout cas, qu’a choisi la Justice française pour annoncer sa décision de ‘’recevoir’’ la plainte déposée par Karim contre l’Etat du Sénégal et de ‘’ diligenter’’ un juge français pour venir ‘’ instruire’’ ici à propos de sa détention ‘’ arbitraire’’ (sic !)

Les Français sont logiques et, tout à fait, dans leur droit : Karim Meissa Wade est bel et bien, selon leurs lois, leur ressortissant et il s’estime traité de manière inique à l’étranger, c’est-à-dire chez-nous ici au Sénégal ! C’est normal donc que son cas soit examiné et suivi par la Justice de … son vrai pays ! Comme pour Air Cocaïne en somme dont l’un des ‘’ héros’’ vient d’être rattrapé par la République Dominicaine et se trouve en prison en attendant son jugement.

Je crois bien que cette affaire de Karim Wade est comme une ‘’première’’ mondiale en ce sens que ledit est détenu, qu’il est binational (un peu honteux peut-être) et officiellement le candidat du parti de son père, qui est lui-même un ancien Président de la République, candidat donc à la Présidence du pays qu’il vient d’attaquer en justice dans un autre Etat dont il est aussi un ressortissant. Comparaison n’est pas raison dit-on mais c’est comme si Ang Sang Suu Ki estait au  Royaume-Uni contre la Birmanie. Car si elle est birmane son époux lui était britannique, comme ses enfants et elle sont binationaux, alors que les militaires ne sont que birmans et pas démocrates du tout !

Un débat sur ‘’terrorisme et bi-nationalité’’ fait rage en France actuellement initié, bien malheureusement selon moi, par François Hollande. Sous le coup des attentats de novembre dernier il avait proposé de retirer la nationalité française à tout binational qui aurait été condamné pour terrorisme. Il serait renvoyé dans son pays (douar disait-on du temps de la Guerre d’Algérie) d’origine, à l’expiration de sa peine de prison. Ce n’était pas une mesure très, très heureuse, même si elle paraissait populaire. C’est qu’elle introduisait ainsi la notion de français à deux degrés le premier étant réservé aux ‘’français de souche ’’français-français et le second aux franco-musulmans’’, franco-arabes’’, ‘’franco-black’’, ‘’franco-divers’’ taillables et corvéables à merci comme des serfs mais déjà heureux qu’ils ne soient pas des cerfs car là, probablement, on n’en parlerait plus…

Ne pourrions-nous pas produire ou imaginer une procédure du même ordre à appliquer à ces sortes de terroristes que sont ces grands prédateurs de notre économie nationale ? Nous copions la France et les Français sur beaucoup de points pourquoi ne chercherions-nous pas à les suivre dans leurs erreurs aussi ? Ainsi Karim Wade, à l’issue de sa peine pourrait rentrer tranquillement chez lui et tenter sa chance contre le successeur de Hollande qui sera élu en 2017. C’est là qu’il comprendrait que si la bi nationalité est bien une arme elle est à double et très méchants tranchants ! 

 

Section: