Publié le 29 May 2018 - 12:06
LANCEMENT DE LA REVUE STRATEGIQUE ‘’FAIM ZERO’’

Le Sénégal à l’assaut de l’insécurité alimentaire

 

Eliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable au Sénégal d’ici 2030. Tels sont les objectifs de la Revue stratégique nationale pour l’éradication totale de la Faim (Odd2) lancée hier.

 

‘’Nous devons construire une agriculture productive, compétitive et durable, qui nourrit les populations et qui procure des revenus suffisants aux producteurs, surtout aux jeunes pour qu’ils ne soient plus attirés par le mirage de la migration irrégulière.’’ Ces propos du président de la République Macky Sall ont inspiré, selon le ministre Conseiller Ndioro Ndiaye, le comité de pilotage de la Revue stratégique nationale pour l’éradication totale de la Faim (Odd2) au Sénégal. Et lors de la cérémonie de lancement officiel de ce rapport présidée par le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Papa Abdoulaye Seck, tenue hier, Mme Ndiaye a soutenu que des 20 départements en situation d’insécurité alimentaire au début de la revue, seuls 4 sont à risque à ce jour.

 Il s’agit de Matam, Kanel, Ranérou, Podor. Toutefois, fait remarquer le chef de file de la revue, ‘’des pratiques d’adaptation réussies, initiées et gérées par le gouvernement avec l’appui technique et financier de partenaires internationaux ont été réalisées. Mais des gaps demeurent dans l’accès et la maîtrise de l’eau, ainsi que de l’énergie’’. Ainsi, Ndioro Ndiaye a fait des recommandations afin de relever le défi ‘’faim zéro’’. ‘’Le scénario ‘’Zéro faim’’ inclut une combinaison de réformes politiques et montre une trajectoire de développement économique et social meilleure permettant d’élever le taux d’achèvement de l’Odd2 à 72% à l’horizon 2030’’, a-t-elle déclaré.

A l’en croire, l’Etat doit élaborer une politique nationale intégrée de lutte contre la faim qui assure un accès à une alimentation saine, nutritive et suffisante, toute l’année, en particulier aux pauvres et personnes en situation vulnérable, ensuite réviser et mettre en œuvre une politique nationale intégrée de protection sociale pour atteindre une plus grande couverture des cibles et une élimination de la faim et de la malnutrition auprès des ménages pauvres. ‘’Il doit aussi assurer une agriculture durable et résiliente à toute la population agricole sénégalaise (agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, etc.) en alignant les politiques et pratiques agricoles avec les objectifs de sécurité alimentaire et de nutrition d’une part, et aux défis du changement climatique et de la dégradation des terres, des sols, des ressources halieutiques d’autre part’’, a-t-elle ajouté.

‘’Elever le taux d’achèvement de l’Odd2 à 72% à l’horizon 2030’’

Le ministre conseiller d’indiquer qu’il faut doubler ou multiplier la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires en assurant l’égalité d’accès aux terres, aux autres ressources productives et facteurs de production, au savoir, aux services financiers, aux marchés et aux possibilités de valeur ajoutée et d’emplois autres qu’agricoles. Aussi, a-t-elle demandé de mettre fin aux diverses formes de malnutrition notamment chez les groupes vulnérables. Selon elle, il urge de développer des logiques de partenariat et de coopération internationale pour la hausse des investissements et le renforcement des capacités techniques et humaines, afin de permettre au Sénégal d’accroître ses capacités productives agricoles et de développer un secteur privé local fort et résilient. Elle a signalé que la découverte récente d’importants gisements de pétrole et de gaz et leur exploitation prochaine prévue à l’horizon 2021-2023 offrent des perspectives optimistes pour une mobilisation rapide des fonds nécessaires à la mise en œuvre des conclusions de la Revue.

La directrice et représentante résidente du Programme alimentaire mondiale (Pam) au Sénégal a affirmé qu’ils vont aider l’Etat à traduire ces recommandations en actions, à travers des programmes innovants, dotés de budgets conséquents pour adresser les questions de résilience et de protection sociale en faveur des personnes vulnérables, en particulier les jeunes et les femmes. Lena Savelli s’est dit convaincue que l’insécurité alimentaire et la malnutrition peuvent être totalement éliminés au Sénégal. Elle a annoncé que le plan stratégique du Pam sera soumis en novembre 2018 à leur Conseil d’administration à Rome. Et après son approbation, sa mise en œuvre sera effective en janvier 2019 et ce, pour une durée de 5 ans.

PAPA ABDOULAYE SECK (MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’EQUIPEMENT RURAL)

‘’Le pari est difficile mais à la portée de nos intelligences’’

‘’Il est possible de changer en profondeur et durablement l’agriculture en Afrique. C’est pourquoi au Sénégal, conformément à la vision stratégique, nous avons un pari certainement difficile mais à la portée de nos intelligences. Il s’agit de construire une agriculture productive et durable pour avoir une sécurité alimentaire pour un développement durable. Cette agriculture pose un certain nombre de préalables essentiels : il faut certainement des infrastructures de base, d’accueil et de valorisation de la production agricole. Il faut aussi l’assainissement de l’environnement de la production, de commercialisation pour optimiser les revenus des acteurs intervenant dans le secteur. Il faut aussi miser sur l’incorporation d’innovations technologiques.

Il n’est pas possible de transformer structurellement les agriculteurs en Afrique sans une science domestique qui, à partir d’une bonne éthologie, propose des thérapies opérationnelles nous permettant de produire plus. Il faut ce changement de nos attitudes et comportements. Pour lutter contre la faim, il faut une approche transversale, pluridisciplinaire, une approche multisectorielle et multi acteurs car incontestablement, la problématique posée doit être l’affaire de tous. Cette revue est importante, le gouvernement se réjouit des recommandations qui sont le fruit de réflexions partagées ayant impliqué des acteurs étatiques et non-étatiques, car c’est la diversité des compétences qui permet toujours de nous offrir le gage qu’il faut pour avoir des analyses fiables’’.

AWA FAYE

 

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