Publié le 7 Aug 2019 - 04:05
LANCEMENT DU PAMA

La révolution digitale de l’Administration 

 

Tous les secteurs du service public sénégalais devront s'adapter à la dématérialisation des procédures. Conscients de ce fait, les acteurs ont relevé hier les opportunités offertes par le Programme d'appui à la modernisation de l'Administration (Pama).

 

Une administration qui agit vite et bien. Tel est l'objectif visé par le Programme d'appui à la modernisation de l'Administration (Pama) lancé hier par le président Macky Sall au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio. Une mutation qualitative pour relever une administration lente et complexe dans l'exécution de ses différentes fonctions, en plus d'être peu économe dans la gestion des deniers mis à sa disposition. Ce qui ne facilite pas ses rapports avec les usagers.

A ce jour, l'Etat du Sénégal compte 21 ministères connectés et la dématérialisation des procédures administratives est une réalité au ministère de la Fonction publique. Selon le ministre Mariama Sarr, la signature électronique favorise la rapidité dans la délivrance d'actes administratifs.

 En outre, la nouvelle plateforme Télédac au ministère de l'Urbanisme facilite au citoyen la demande d'autorisation de construire. "Le citoyen a la possibilité de suivre son dossier et d'avoir toutes les informations en temps réel", renchérit Cheikh Bakhoum, le directeur de l'Agence de l'informatique de l'Etat, principale auteur de ces réformes digitales.

Du côté de la police et de la gendarmerie, il s'agira, en cas, par exemple, de vol de véhicule, d'interroger le système de base de données d'immatriculation et de toutes les informations relatives au transport plutôt que de faire une réquisition.

Par ailleurs, la digitalisation des services publics permet également le télépaiement des taxes.

C'est lors de son investiture, en avril dernier, que le chef de l'Etat a émis une volonté de modernisation de l'Administration. "Notre Administration doit épouser les réalités de son temps et s'adapter à ses missions plus nombreuses, plus diversifiées, plus complexes et donc plus exigeantes", disait-il.

Ainsi, le premier forum de l'Administration, en avril 2019, a permis de peaufiner le Pama. Selon M. Bakhoum, l'enjeu, aujourd'hui, est de "mettre en place un système d'échange d'informations entre les administrations. Nous espérons que vous allez nous accompagner dans l'adoption des textes du partage d'information dans l'Administration afin d'arriver à l'open gouvernement".

 Le Sénégal compte 1 337 bâtiments administratifs connectés et 4 500 km de fibre optique très peu utilisée (2 paires sur 12) par l'Administration. D'ici 2021, elle devrait s'étendre sur 6 000 km et 1 500 bâtiments.

Plusieurs innovations dans la délivrance des services

Le Pama vient également répondre à la question du traitement des données. “Il nous faut gérer nos données. Les données du Sénégal ne sont pas intégralement gérées dans notre territoire. Il nous faut donc développer notre offre d'hébergement de données", insiste Cheikh Bakhoum. L'unique centre de données du pays est le Datacenter du Technopole, celui de Diamniadio est en construction et un autre est à venir, d'ici 2021, à Kaolack.

Selon lui, la digitalisation de l'Administration passe par des infrastructures modernes qui, pour l'instant, ne sont concentrées qu'à Dakar.

La Direction des impôts et domaines, la douane, l'Apix, la Direction des transports terrestres, pour ne citer que celles-là, ont déjà intégré la dématérialisation des procédures. C'est toujours dans ce sens qu'intervient le projet "smart territoires". Il se traduit par des maisons hautement connectées qui délivreront tous les services de l'Administration au citoyen, ainsi que l'accès aux différents programmes (Pudc, Puma, Cmu, Der...) Le citoyen y est connecté à partir d'une plateforme d'échange. Un modèle déjà fonctionnel au Cap-Vert. De ce fait, les usagers pourront, en temps réel, de là où ils se trouvent, avoir accès aux services publics. Gages, selon les acteurs, de rapidité, d'efficacité et de transparence dans la gestion des procédures administratives.

De plus, la lenteur dans la mise en œuvre des projets de l'Etat est prise en charge. Si auparavant, il fallait trois ans pour structurer des projets et 50 réunions de deux heures, aujourd'hui, il en faut six semaines et 300 heures de travail. Ce qui est bien sûr suivi d'une meilleure évaluation du projet et résout le problème de dispersion des efforts. 

Pour le directeur du Renouveau du service public, le Pama permet "une meilleure délivrance des services pour une meilleure conduite des politiques publiques en passant par le renforcement des capacités des agents de l'Etat". 

EMMANUELLA MARAME FAYE

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