Publié le 26 Feb 2020 - 22:35
LE PLASTIQUE

Un danger pour la santé 

 

Pratique, léger, facile à manipuler et abordable sur le plan financier, le plastique est l’une des matières largement utilisées dans l’industrie agroalimentaire et, à une échelle plus individuelle, à la maison, pour conserver les aliments ou les emporter. Cette matière n’est toutefois pas inoffensive et ses impacts néfastes sur la santé sont de plus en plus palpables.

 

Sur le plan sanitaire, le plastique le plus dangereux reste celui utilisé dans l’emballage des aliments, de l’eau et des boissons. Cette révélation vient du docteur Fallou Samb. Il soutient que les genres les plus utilisés sont le PET (polytéréphtalate d’éthylène). Tendre et malléable, ce type de plastique est surtout utile pour fabriquer les sachets et bouteilles d’eau. Le PVC (polychlorure de vinyle) est notamment utilisé pour les tuyaux. Le PET et le PVC contiennent des phtalates, qui sont des substances chimiques utilisées pour assouplir le plastique. En toxicologie, dit-il, on sait que les phtalates font partie des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire des substances chimiques qui peuvent interférer dans le système endocrinien de l’organisme. Ces matières, soutient Dr Samb, sont d’autant plus dangereuses qu’elles peuvent avoir des effets sur l’organisme, même à de faibles doses.

Un taux élevé de phtalates dans l’eau peut avoir des effets sur le système de reproduction, chez l’homme plus que chez la femme.  Même si on y est exposé durant l’enfance, les effets de ces matières persistent à l’âge adulte. De plus, informe le médecin gynécologue, les études ont montré que le système digestif n’absorbe pas les phtalates de la même façon et que ces matières pourraient avoir aussi un effet sur la fonction hépatique.

Sur le long terme, elles pourraient même être attribuées à certains cancers.  Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le taux maximal accepté est de 0,8 microgramme par litre. ‘’Chez les femmes enceintes, une exposition aux phtalates n’est pas sans effets sur le système reproductif du fœtus, surtout mâle. D’autres études montrent que chez les femmes, ces matières pourraient avoir un impact sur les glandes mammaires’’.

Les précautions à prendre

Selon lui, le plastique polycarbonate a la propriété d’être dur et résistant aux chocs. Utilisé pour fabriquer des bonbonnes d’eau de 20 litres, il est essentiellement composé de bisphénol A, une matière chimique qui entre aussi dans la composition des résines qui tapissent l’intérieur des boîtes de conserve, des cannettes de boissons, dans l’emballage des aliments pour micro-ondes ainsi que plusieurs autres produits.

‘’Cette matière est controversée à l’échelle mondiale. Et pour cause, puisque les études ont montré que le bisphénol A - également un perturbateur endocrinien - est une molécule œstrogénique, c’est-à-dire qui est proche de l’œstrogène. De ce fait, il pourrait augmenter les risques des cancers du sein et de la prostate, comme il pourrait perturber la fonction de la glande thyroïdienne, notamment chez la femme enceinte. Il a aussi un impact sur la fertilité chez l’homme’’, renseigne Dr Samb.

Le bisphénol A est également anti androgénique, c’est-à-dire qu’il diminue l’activité des hormones androgènes, impactant sur la libido des hommes. Il s’est avéré que, selon la source et la conservation des bouteilles, les taux de bisphénol A dans l’eau variaient et atteignaient souvent des proportions inquiétantes. Surtout, ajoute le médecin, si celles-ci ont été exposées au soleil et à la chaleur (les bouteilles laissées dans les voitures).

‘’Le bisphénol A, qui est une matière organique, a une interaction avec des produits contenant de la graisse, comme les viandes, l’huile et la margarine. De ce fait, les aliments gras conservés dans des conteneurs formés de bisphénol A seront forcément contaminés par cette matière. De plus, une fois passé au four à micro-ondes, la migration du bisphénol A vers les aliments devient importante’’.

A son avis, la prévention des effets du plastique sur la santé se fait à plusieurs niveaux. Les bouteilles d’eau ont, en général, une date d’expiration. Mais pour le gynécologue, tant que ces produits sont transportés et conservés selon les normes, c’est-à-dire à l’abri de la lumière, du soleil et de la chaleur, ils sont inoffensifs, si la date de leur durée de vie n’est pas dépassée.

Toutefois, précise Dr Samb, ils deviennent dangereux lorsqu’ils sont réutilisés au-delà de cette date (bouteilles de jus artisanaux…) et s’ils sont mal conservés (les bouteilles exposées H24 au soleil ou laissées dans les voitures des jours durant…). De plus, conseille le médecin, il ne faut pas mettre des aliments acides dans les conteneurs en plastique, au risque de provoquer une contamination aux phtalates. ‘’Les femmes enceintes doivent éviter de s’exposer à des boissons, de l’eau et de la nourriture contenues dans du plastique. Chacun doit aussi éviter de chauffer la nourriture dans des conteneurs en plastique’’.

VIVIANE DIATTA

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