Publié le 20 Jan 2020 - 13:11

Le Sahel et la Thérapeutique des..Tas

 

Pau a finalement vécu. Cet appel consacré au départ par une convocation dont le style outrecuidant a froissé les sociétés civiles africaines. Le Président français a fait montre d’une maladresse notoire vis-à-vis de ses pairs. Une déclaration  commune a parachevé, cette rencontre du 13 janvier  qui détermine un nouveau cap contre le terrorisme.

Ce communiqué qui équivaut à un livre blanc, devra constituer la stratégie unanime, pour gagner définitivement cette guerre. Elle dure avec des conséquences désastreuses et l’enfoncement continu dans la précarité, d’une zone qui aspire à s’affirmer dans le concert des nations et faire profiter à ses filles et fils qui rêvent le long du croissant sahélien, des innombrables dons dont la nature a généreusement  gratifié cette terre. Une sorte de thérapie qui se projette vers des tas de complexité qui enlacent le Sahel.

De quoi le forum de Pau est-il le nom ?

Ce sommet lancé sous les auspices d’une ire mal contenue par Emmanuel Macron  à la suite de la tragédie qui a emporté treize soldats français présents au Mali dans le cadre de l’opération Barkane. A ce cocktail de tensions, il faut rajouter une accusation de la partie française  du délit de ‘’ déconnexion ‘’ à l’encontre de l’opinion publique ouest-africaine à « tort ou à raison ». La France se défend de vouloir pérenniser une hégémonie sur les terres de ses anciennes colonies, son actuel président martèle régulièrement sa volonté de divorcer d’avec les « pratiques obscures » de ses prédécesseurs et enjoint la jeunesse africaine à le suivre dans cette brèche du renouveau des rapports franco-africaines. Cette réinvention des relations est possible et souhaitable. Cependant dans une démarche lucide , séance tenante il faudrait cesser de camper la douleur dans une géométrie variable ou d’avoir une posture d’indignation sélective.

Toute mort est de trop de part et d’autre. Le positionnement géopolitique du Sahel et les enjeux cruciaux qui y sont inhérentes  lient le destin de plusieurs entités. Dans les faits,  la déstabilisation du Mali qui est le territoire tampon qui découle vers d’autres états menace manifestement la sécurité de la région, du continent et la stabilité internationale, tant la capacité de l’ennemi combattue est flottante. Revoir les méthodes d’approches est toujours de bon aloi, surtout qu’il incombe aux leaders politiques d’assurer la pacification de la cité sahélienne L’une des décisions qui est d’unifier le commandement  sur le terrain aura-t-elle les effets escomptés et sous le leadership de quel Pays ? Est-ce pertinent de favoriser un renfort des écuries militaires européennes qui sont très éloignées du cadre environnemental sahélien, en dépit de leur professionnalisme ? Pourquoi ne pas, solliciter d’autres armées de la région qui sont géographiquement, « émotionnellement » plus proches?  La réponse à toutes ces interrogations est à confier au ressac de l’avenir qui la remontera.

Le constat est que le triptyque traditionnel, constituant le déroulement d’une stratégie sécuritaire est vraisemblablement difficile à réaliser. Pour appréhender  ces trois stratégies il s’agit d’abord de la forme  dissuasive,  qui s’établit en amont avec comme objectif d’anticiper les menaces voire  les décourager ou les rendre inexistantes. Sur ce premier plan, il y’a apparemment un échec criant, puisque l’extrémisme violent continue d’occuper l’espace ouest-africain et s’infeste subtilement vers le Golfe de Guinée qui risque de céder si la citadelle burkinabée tombe. L’écheveau au Sahel est difficile à démêler puisque les imbrications sont complexes.

Il ne s’agit pas uniquement de la présence des terroristes. Au-delà de cette constance, des groupes orientés dans le banditisme et la criminalité organisée se frayent un chemin dans cette confusion sécuritaire. Enfin, la corde sensible des réalités intercommunautaires menace de se couper et présage des lendemains terribles et une longue série d’impondérables conflagrations. Le sahel est terrorisé et tout horizon sécuritaire demeure à ce stade ambigu. La raison avancée dans une analyse holistique découle d’un système de défense interne défaillant, dans une région occupée par certains états sans appareil répressif performant ou adapté aux exigences de cette époque. Dès lors, elles  ne sont pas outillées pour opposer  la seconde forme coercitive à ces groupes terroristes. 

A la lumière de ces observations ; il urge de bâtir une vision politique à long terme avec des actions délicatement entamées d'ores et déjà pour redorer le climat stable  et hospitalier qui  était la marque de fabrique de la région sahélienne. Les Etats sont assiégés, leur principal allié demeure le temps. En réalité, toutes ces organisations qui sont établies illégitimement se verront opposées la légalité détenue par les appareils politiques notamment les gouvernements. Comment ces administrations doivent opérer pour administrer une thérapie miracle ; c’est à dire renverser et vaincre définitivement les groupes terroristes  dans le futur ? 

Il serait judicieux d’envisager une solution endogène. Le Sahel est un vaste continuum avec ses subtilités et ses contingences. Dans l’approche stratégique ; il est nécessaire d’avoir un point d’envol. Cette fois, la troisième forme préventive de la sécurité qui s’appuie sur la diplomatie devrait se muer en synergie de résolution. A ce titre, l’implication des pays de la sous-région est essentielle (CEDEAO, G5 ,UEMOA..). A partir de Pau , le système international avec la France surement en tête , peut accompagner et devrait s’engager dans la reconstruction des institutions. Cette entreprise serait un appui aux administrations ébranlées dans leur fonctionnement, surtout dans le cas malien. Ce Pays est l’épicentre qui cristallise la quasi-totalité de la question.

Si le Mali est restauré la transmission sera coupée (regroupements terroristes, migration, question libyenne , affrontements ethniques…) et le virus terroriste ne sera pas capable de prendre le large vers les autres Pays. Il urge une restructuration pour augurer, une renaissance de l’Etat et ses démembrements, la Présence de la République à la porte des citoyens. Une aide militaire à restreindre dans le temps avec une passation de services envisagée et entamée graduellement. C’est une méthode irréversible à implémenter dans le circuit de résolution et de lutte contre le terrorisme. L’armée américaine dans son approche dans le foyer irakien a dû recourir à cette forme de combat pour rallier les populations ce que le stratège Joseph Nye appelle “Assistance “  ;’’l’appoint militaire peut servir à pourvoir une assistance à la reconstruction des armées à leur entrainements ou peut prendre la forme d’un appui humanitaire en faveur des victimes civiles ‘’.

L’autre solution durable  indissociable à la lutte contre le terrorisme est la création de valeurs ou de richesses. Ce pan est essentiel, pour aviver l’espoir chez les jeunes qui sont souvent victimes ou acteurs insouciants ou contraints à adopter des idéologies obscurantistes. A défaut de créer un G5 économique,  qui limiterait l’impact des actions ou résolutions à prendre, il est important de renforcer les potentialités des organisations régionales. Dans ce tas de défis qui assaille les Etats , il faut privilégier la solidarité au sein des espaces communautaires. La Transnationalisation des  questions internationales est effective, une prise en charge fédérée uniquement pourrait enclencher un cercle vertueux de solutions . En attendant leur probable exportations dans d’autres sociétés ou territoires , le terrorisme et la criminalité détruisent le projet ouest –africain et sapent les efforts de construction et amenuisent les espérances de sa jeunesse projetées vers l’horizon.

Thierno Souleymane Diop Niang

Chercheur en Relations Internationales

niangthierno@gmail.com

 

Section: