Publié le 28 Dec 2018 - 15:18
LE SYJUST SE RADICALISE

Une grève ‘’illimitée’’ plane sur le secteur de la justice 

 

Les tribunaux sénégalais ont fonctionné au ralenti, hier, et il en sera ainsi aujourd’hui. Le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) a décrété un mouvement d’humeur de 48 heures renouvelables et menace d’observer une grève illimitée.

 

Grouillant de monde les jeudis, le palais de Justice Lat Diop peinait à retrouver son affluence, hier. La grève dans le secteur de la justice a fait déserter les justiciables, surtout que certains avocats préfèrent renvoyer leur dossier. En fait, après plusieurs menaces, le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) est passé à l’action, en décrétant une grève de 48 heures renouvelables. Et si l’Etat ne respecte pas ses engagements, la situation va empirer. ‘’Nous sommes toujours dans une logique de mener une grève illimitée, parce que nous avons la latitude et la possibilité de reconduire de manière indéfinie le mot d’ordre jusqu’à avoir satisfaction de ce que nous réclamons’’, a fait savoir Me El Hadj Ayé Boun Malick lors d’un point de presse.

Le secrétaire général du Sytjust accuse le gouvernement d’être responsable de ‘’cette crise qui était en gestation’’, pour ‘’avoir choisi la confrontation comme mode de règlement’’. Le syndicaliste lui reproche de n’avoir pas su mettre à profit le délai d’un mois consacré par le préavis. ‘’En lieu et place, on nous a servi du dilatoire’’, se désole Me Diop, faisant allusion à l’échec de la dernière rencontre avec leur ministre de tutelle. A l’en croire, lors de cette réunion provoquée par la société civile, le Garde des Sceaux ‘’a enfoncé le revirement’’. En fait, selon ses explications, le Pr. Ismaïla Madior Fall les a informés de son intention d’ajouter quelques dispositions contraires à leurs intérêts. Celles-ci, indique-t-il, ‘’n’ont pas fait l’objet de discussion dans les décrets adoptés le 25 juillet et qui doivent porter des réformes fondamentales dans nos plans de carrière et dans nos statuts’’.

Par ailleurs, le secrétaire général accuse le ministère de vouloir ‘’endiguer’’ leur mouvement de grève par le déploiement de gendarmes et d’agents de l’Administration pénitentiaire pour se substituer aux travailleurs de la justice qui ‘’ne font qu’exercer un droit que la Constitution leur consacre’’. Pour le greffier, leur substitution par des greffiers ad hoc est vouée à l’échec. La preuve, argumente Me Diop, ‘’dans le passé, d’autres ont essayé sur le conseil des mêmes personnes, mais ils ont échoué. La preuve, certains Sénégalais courent toujours derrière des décisions qui ont été rendues durant des grèves…’’ Et c’est pour rappeler que ‘’cette substitution inadéquate fera des victimes parmi les usagers du service public de la justice’’.

‘’Le ministre ne comprend pas le rôle des travailleurs de la justice’’

Ces désagréments, le syndicaliste les impute au ministre de la Justice qui, selon lui, ‘’ne comprend même pas le rôle des travailleurs de la justice dans l’offre du service public de la justice’’. Me Diop trouve ‘’ce comportement regrettable’’. Pourtant, dit-il, ‘’la solution à nos problèmes avait été trouvée’’. D’après ses explications, ce règlement, c’est la mise en œuvre de la volonté politique ‘’fortement’’ exprimée par le président de la République lors de la rencontre qu’il leur a accordée le 5 avril 2018. ‘’Macky Sall s’était engagé à régler nos doléances. Il y a eu des débuts d’exécution qui ont été interrompus par le Garde des Sceaux’’, rappelle avec désolation Me Diop.

FATOU SY

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