Le chauffeur Modou Ndong a comparu hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, pour viol et détournement de mineure au préjudice d’A. D, 17 ans. C’est ce vendredi que le juge va rendre sa décision sur cette affaire.

Le prévenu Modou Ndong se veut clair : entre la victime A. D et lui, c’est une histoire d’amour qui date de trois mois. Depuis, ils sont ensemble au vu et au su de tout le monde. ‘’Des amis à moi sont au courant de notre idylle. Mais j’ignorais son âge réel. Je ne savais pas qu’elle était mineure Elle m'a dit avoir entre 18 ans et 19 ans’’, a d’emblée fait savoir le chauffeur de taxi hier, au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar. C’est cette ignorance qui l’a conduit directement à la Maison d’arrêt (Mar) de Rebeuss où il est en détention préventive, depuis le 15 mai dernier, pour viol et détournement de mineure au préjudice de A. D, âgée de 17 ans.

Vivant dans le même domicile que la partie civile à Guédiawaye, Modou Ndong a contesté l’accusation portée à son encontre. ‘’C’est faux !’’ a-t-il hurlé devant le prétoire. A l’en croire, il a entretenu un rapport sexuel consentant avec la plaignante qui n’est autre que sa petite amie. Le taximan est allé même jusqu’à dire que c’est cette dernière qui l’a provoqué. Revenant sur le déroulement des faits, il a narré qu’il était parti travailler, ce jour-là. En cours de route, son véhicule est tombé en panne. Donc, il est retourné chez lui pour n’en ressortir que vers 12 heures. Ce n’est qu’après 6 heures de temps que la voiture a pu redémarrer. Il est reparti au travail. Entre-temps, poursuit-il : ‘’Elle m'a envoyé des messages sur mon téléphone portable pour me demander où j'étais.  Je lui ai expliqué ce qui m’était arrivé. Elle m'a dit qu'elle passerait me voir. A mon retour, elle est venue dans ma chambre. Nous avons dîné et avons commencé à flirter.’’

Modou Ndong d’ajouter que c’est A. D, elle-même, qui a écarté la bougie qu’il avait allumé, avec son pied. ‘’Elle a mis sa main sur mes parties intimes. Puis, elle a pris deux bonbons de menthe avant de se coucher sur moi. Nous avons eu des échanges langoureux, je l’ai mordue et elle a crié. Ce n’était pas méchant. On jouait tout simplement. C’est là qu’Ass, un ivrogne du quartier, a entendu son cri. Il m’a demandé ce qui se passait, je lui ai dit que tout allait bien. C'est par la suite qu'elle a décidé de rentrer’’, a soutenu le prévenu, sans sourciller. Selon lui, son accusatrice a travesti toute l’histoire.

Le parquet écarte le viol et requiert 6 mois de prison pour le détournement

Debout à la barre, la maman de la gamine a soutenu que le jour des faits, A D, accompagnée de son petit frère, était sortie pour aller aux toilettes. ‘’Mon fils a entendu un cri et est revenu me dire qu’il avait perdu de vue sa sœur’’, a ajouté la génitrice. Sa fille de renchérir : ‘’Je connais Modou depuis longtemps, car nous habitons dans la même maison. Vers minuit, j’étais sortie pour aller dans les toilettes. A mon retour, je l'ai croisé. Il m'a pris par la main et m'a traînée dans sa chambre. Il m'a jetée sur son lit avant de monter sur moi. J'ai crié. Il m’a dit : ‘si tu cries, je te tues’. J’ai crié à nouveau et il m’a étranglée. C’est là qu’un jeune homme qui était ivre est venu à mon secours’’. Mais, a renseigné la victime, son bourreau a demandé à son sauveur de s’occuper de ses problèmes. Ensuite, il a mis sa main sur son sexe avant de la laisser partir. Rentrée, elle s’en est ouverte à sa maman, qui est allée lui parler, mais le taximan, dit-elle, lui a tenu des propos aigres-doux.  

Invité à faire son réquisitoire, le maître des poursuites s’est dit convaincu de la minorité de la partie civile. Ce, même si la production de l’acte d’était civil de A. D n’a pas été faite. ‘’On lui donne acte de ses déclarations’’, a argué le parquet. De plus, il a soutenu que le certificat médical a fait état d’une déchirure hyménale. Donc, note-il, il est clair qu'il y a eu acte sexuel entre eux. ‘’Mais est-ce qu’il y a eu contrainte ? Les deux parties ont maintenu leurs déclarations, depuis la police. Les enquêteurs auraient dû pousser l’enquête, faire des réquisitions et entendre ce fameux Ass’’, a-t-il déploré. Sur ce, le Substitut du procureur a déclaré qu’il y a un doute dans ce dossier. Et comme le doute doit profiter au prévenu, il a requis la relaxe pour le viol avant de demander la peine de 6 mois d’emprisonnement contre le sieur Ndong pour détournement de mineure.

Intervenu pour assurer la défense du taximan, Me Iba Mar Diop a abondé dans le même sens. Pour lui, il n’y a pas de viol. Concernant le second chef de prévention, il a indiqué que rien ne nous prouve que la fille soit mineure. Le dernier mot revient au juge qui doit trancher cette affaire, demain. 

AWA FAYE