Publié le 21 Jan 2020 - 18:18
LITIGE FONCIER A LA CITE TOBAGO

Les dignitaires lébous de Yoff portent le combat 

 

Les chefs coutumiers lébous de Yoff ont décidé de porter le combat aux côtés de leurs fils, pour que les 50 % des victimes de la cité Tobago soient rétablies dans leurs droits. Faisant face à la presse hier, dans leur commune, ces dignitaires, regroupés au sein de l’association Freys Yoff, ont fait savoir qu’ils ne laisseront plus personne parler en leur nom dans cette affaire, encore moins brader leurs terres.

 

Considérés comme le premier maillon de la chaîne des différentes chambres qui composent les assemblées délibérantes dans la coutume des Lébous de Yoff, les Freys Yoff se sont prononcés hier, et pour la première fois, sur l’affaire de la cité Tobago. Sur ce, le vice-président de ce regroupement de chefs coutumiers Lébous, perçu comme un ‘’gouvernement élu’’ pour veiller à la bonne marche des choses de la localité, a indiqué qu’ils ne vont plus accepter que des étrangers viennent brader leurs terres.

‘’L’affaire de la cité Tobago nous tient à cœur. Elle date maintenant de 4 ans et personne ne nous a entendus sur le sujet. Si nous avons décidé de le faire aujourd’hui, c’est parce que nous ne pouvons plus supporter qu’on accapare, de force, les terres de nos enfants, de nos femmes’’, martèle Ousmane Sylla Sarr.

Cependant, avant de poursuivre son allocution, ce dignitaire lébou a tenu à préciser que dans cette affaire, ils n’ont rien contre le gouvernement qui a déjà fait son devoir. ‘’Il nous a réattribué nos terres en compatissant avec les victimes. Mais, au moment de les répartir, une liste parallèle a été dressée, sur laquelle des gens ont inscrit tous les membres de leurs familles comme étant des victimes individuelles. Ce que nous n’allons jamais accepter. Nous avons la liste initiale et celle parallèle. Mais ce qui est sûr, c’est que nous savons que l’Etat nous a rendu nos terres’’, dit-il.

Ainsi, M. Sarr appelle tous les gens qui sont convoqués par la Direction de la surveillance, du contrôle et de l'occupation des sols (DSCOS) pour des enquêtes dans cette affaire, de dire la vérité. ‘’On leur faisait confiance en leur laissant le soin de faire les listes, mais ils y ont intégré leurs proches. Or, nous nous connaissons tous ici. Nous sommes nés et avons grandi tous ensemble. Je fais partie des sinistrés qui ont été emprisonnés pendant 6 mois dans cette affaire. Le président de la République voulait que le partage se fasse dans l’équité. C’est pourquoi il a choisi parmi les sinistrés pour gérer l’affaire. Malheureusement, ces derniers ont tout falsifié et c’est nous qui payons les conséquences’’, témoigne Abdoul Aziz Gningue.

Ce dernier a souligné qu’ils ont vendu à des privés des terres situées dans cette zone et qui leur appartenaient. ‘’Ils nous appellent pour réclamer leurs terrains. Aujourd’hui, ils nous disent que nous ne faisons pas partie de la cité Tobago. Donc, si c’est le cas, je me demande pourquoi sommes-nous allés en prison dans cette affaire ? Mais, il faut que les choses soient claires : l’Etat n’a rien falsifié. Ce sont les sinistrés eux-mêmes qui ont commis des malversations’’, insiste-t-il.

Dès lors, pour avoir gain de cause, Abdoul Aziz Gningue a notifié qu’ils ne vont pas user de la violence. Mais ils ne laisseront personne parler en leur nom, en se présentant comme un dignitaire de la localité, un chef coutumier, etc. ‘’Nous connaissons bien nos dignitaires et chefs coutumiers. Donc, que ces gens arrêtent. J’appelle les jeunes de Yoff à se mobiliser pour défendre nos terres. En plus, chaque sinistré avait donné 100 000 F CFA et personne ne sait jusqu’à présent où est passé cet argent. On était plus de 200 personnes. C’est avec la liste parallèle qu’on est arrivé à plus de 300 victimes’’, regrette-t-il.

Pour sa part, le secrétaire général des Freys Yoff et du Conseil des notables de la localité a précisé que cet argent était destiné à prendre un avocat pour défendre leur cause. ‘’Nous voulons juste le rétablissement des sinistrés dans leurs droits et c’est 50 % des sinistrés. Et plus rien ne se déroulera sur notre assiette foncière sans notre inclusion’’, conclut Moustapha Guèye.

MARIAMA DIEME

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