Publié le 27 Jul 2020 - 18:48
LITIGES FONCIERS

Le phare des Mamelles agressé par une ONG étrangère

 

Les terres du phare des Mamelles continuent d’être agressées, malgré les instructions du chef de l’Etat. Un fait que dénonce le collectif Touche pas aux terres du phare des Mamelles.

 

Samedi dernier, les habitants de la commune des Mamelles ont organisé une marche pour, une fois de plus, dénoncer l’accaparement de leurs terres. Environ deux mois après leur alerte, ils ne comprennent pas la politique de deux poids, deux mesures appliquée par les autorités. ‘’L’Etat avait pris la résolution de retirer les baux, de suspendre et de détruire tout ce qui se trouve sur le site du phare. Mais la destruction a été ciblée, car le bâtiment qui est le siège d’une ONG islamiste d’Arabie saoudite est toujours intact. Il est construit sur le flanc et sur l’œil du phare des Mamelles qui est un site historique classé patrimoine mondial. Un espace géostratégique aidant à la navigation aéroportuaire et maritime. Ce bâtiment doit être détruit, comme on a détruit les espaces des mécaniciens, des fleuristes et les gargotes’’, a expliqué le président du collectif Touche pas aux terres du phare des Mamelles, Mignane Diouf.

A l’en croire, le titre foncier de l’organisation en question (ONG Wami) date de 2014. Celle-ci aurait essayé de s’implanter à l’université Cheikh Anta Diop sans succès. ‘’Qu’est-ce qu’une ONG a comme droit pour venir construire à l’œil de notre phare ? Est-ce qu’il manque de l’espace dans ce pays ? Quelle est la raison géostratégique qui la pousse à s’installer ici ? Nous avons appris toutes les manigances et toutes les tentatives de corruption qu’ils ont tentées de faire. Ils ont essayé de corrompre des associations et des personnalités. Alors, nous disons qu’une ONG qui a autant d’argent est donc capable d’obtenir des documents dans l’immoralité et l’illégalité. Chose qu’on ne peut plus accepter dans la gestion du foncier. Si le président de la République a demandé la destruction de ce bâtiment, c’est parce qu’il est lui-même géologue. On ne comprend pas que ses ordres ne soient pas exécutés. Qui est complice dans cette affaire ? Qu’est-ce qui bloque la décision du président ?’’, poursuit-il.

 Pourtant, les autorités ministérielles affichent une volonté de protection du phare et de ses terres. Il est d’ailleurs prévu, par le ministère des Mines et de la Géologie, un projet d’aménagement du lieu en géo-phare. Celui de l’Urbanisme prévoit son aménagement en espace public. Deux projets qui seront d’ailleurs jumelés.

‘’On ne doit pas laisser cette ville au béton’’

Pour l’heure, le collectif demande la destruction dudit bâtiment, au même titre que ceux qui ont été rasés par la Direction de surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DSCOS). D’autant que le site repose sur une roche volcanique. En termes de corruption, certains membres du collectif tels qu’Omar Ndiaye affirme avoir refusé de fortes sommes proposées par Wami, en échange de leur silence. ‘’Nous sommes là dans le cadre du contrôle citoyen. Ces gens ont construit sous l’œil du phare des Mamelles. L’ONG Wami n’a pas le droit, parce que ce site est protégé par la loi 7112 du 25 janvier 1971. Donc, cette organisation étrangère est en pleine violation de loi et elle agit sur fond de corruption. Nous voulons simplement que ce bâtiment soit détruit, parce que ce site est classé monument historique. Ce combat, nous l’avons engagé pour la vie’’, a-t-il affirmé.

Du côté de la mairie de Dakar, on compte également porter le combat. ‘’On ne doit pas laisser cette ville au béton et aux accapareurs du littoral. Les citoyens doivent se lever comme un seul homme et prendre toutes les dispositions législatives et juridiques pour défendre ce littoral et cela quel que soit l’auteur de cet accaparement. Nous pensons que cela doit cesser. Le président de la République est un géologue. Il connait la nature des roches qui sont là, leur importance et leur fragilité. Nous, en tant qu’association écologique, nous nous lèverons comme un seul homme pour défendre cet endroit et nous saurons nous faire entendre par les autorités et ces gens qui agissent dans l’ombre’’, a déclaré pour sa part l’adjoint au maire de Dakar, l’écologiste Mbacké Seck.

La marche de protestation a aussi vu la participation du ministère des Mines et du Collectif des habitants de Dakar-Plateau. Ces derniers plaident pour l’annulation d’un déclassement en 2017 de l’Anse Bernard où il est prévu la construction d’un hôtel appartenant à des Sud-Africains. Or, il constitue la seule plage sécurisée de Dakar-Plateau, lieu de détente des populations. L’entreprise en question serait partenaire du milliardaire sénégalais Yérim Sow.

EMMANUELLA MARAME FAYE

Section: