Publié le 28 Aug 2015 - 12:15
LITTÉRATURE

El Hadji Samba Khary Cissé publie “De la fidélité tribale”

 

L'essayiste sénégalais El Hadji Samba Khary Cissé décline sa vision de la religion et livre une chronique des sujets sociétaux allant de la télévision à l’hospitalité en passant par l’estime qu’ont ses compatriotes pour les autres, dans son dernier ouvrage, “De la fidélité tribale”. Cissé, un énergéticien travaillant en France, où il est allé faire ses études supérieures vers la fin des années 80, a récemment publié cet essai de 226 pages dans la collection “Les Impliqués éditeur”, une propriété de L’Harmattan.

Le domaine religieux – ou les croyances - est l’un des sujets qu’il aborde, souvent dans un vocabulaire emprunté à la chimie ou à la génétique : “Le Sénégal, c’est (...) surtout le pays du marabout. Un avatar né de la synthèse additive du gri-gri et du vert croissant.” “Nous sommes un peuple très respecté. Nous n’avons ni pétrole, ni minerai de je-ne-sais-quoi qui excite la voracité impérialiste, mais (...) l’intérêt que nous portent les grands de ce monde, les bailleurs de l’aide huma- nitaire, est réel”, ajoute El Hadji Samba Khary Cissé.

Il poursuit cette description sociolo- gique en ces termes : “Les autres Afri- cains, ceux des savanes et des forêts tro- picales, nous les appelons des ‘Niak’ (clôture) : ils sont derrière la clôture de la civilisation. C’est que nous, les Séné- galais, nous sommes vraiment civilisés.” “C’est donc par cette fissure narcis- sique que je me suis échappé de chez moi et me suis retrouvé, une fraîche nuit de septembre 1987, en Hexagone tant rêvé, tant admiré, tant exagéré”, écrit le Lougatois d’origine, dans cet essai éga- lement à caractère autobiographique.

Cissé évoque ses origines lougatoises, mais aussi son pays d’accueil, la France qui, à ses yeux, “demeure de nos jours encore une accueillante terre d’asile”. En tous cas, “en ce qui me concerne”, s’em- presse-t-il d’ajouter, tout en précisant : “J’ai la nationalité sénégalaise, je n’ai (... ) aucune envie de l’échanger avec une autre.” Il est aussi question de la condition sociale des gens dans “De la fidélité tribale”, un domaine pour lequel l’essayiste semble résumer sa pensée en ces termes : “On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille.”

Le domaine religieux est un sujet- charnière, sur lequel El Hadji Samba Khary Cissé concentre sa réflexion, plus de fois qu’il en donne aux autres sujets. Il y revient très souvent, au fil des 226 pages de l’essai. “C’en est crédulité de penser que la religion transforme les gens, les rend meilleurs du simple fait qu’ils sont dedans”, analyse l’énergéti- cien, qui a consacré d’autres livres à la question des identités – religieuses ou culturelles : “Un islam fidèle et moderne” (L’Harmattan, 2010) et “Confessions d’un ‘sale nègre’ : plaidoyer pour la différence” (Favre, 2012).

“Je sais que l’islam est en crise dans un monde qui l’est tout autant. Je sais que les musulmans souffrent beaucoup dans leur foi et dans leur chair, dans leur dignité aussi. Ils souffrent dans les pays où ils sont majoritaires et dans les pays où ils sont minoritaires”, écrit-il.

Il décline aussi son identité religieuse personnelle : “Né dans un univers de confréries religieuses, je n’appartiens (...) à aucune d’entre elles. Je ne suis ni soufi, ni salafiste (...). Je ne suis pas un fondamentaliste ou un islamiste. (...) Au vrai, je ne suis d’aucune obédience, je cherche juste à devenir un musulman.

Cissé, qui ne martèle pas que des affirmations, est tout interrogatif lorsqu’il évoque les rapports entre ses coreligionnaires et les fidèles des autres religions : “Le Coran dit de nous les musulmans : ‘Vous êtes certes la meilleure communauté suscitée pour les hommes...’ Quel livre ne dirait pas cela de ses élus ?

(APS)  

 

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