Publié le 21 Jan 2020 - 11:33
LOI ANTITERRORISTE, GUY MARIUS SAGNA…

Seydi Gassama descend en flammes le régime

 

Seydi Gassama ne décolère pas contre la nouvelle loi antiterroriste annoncée par le président de la République, lors de la rentrée solennelle des Cours et Tribunaux. A l’en croire, cette loi est liberticide et inopportune. ‘’Depuis une dizaine d’années, constate-t-il, beaucoup de lois attentatoires à la liberté, notamment d’expression, ont été adoptées dans ce pays. Nous ne voyons pas la nécessité de légiférer à nouveau sur le terrorisme. D’autant plus que nous avons vu le résultat avec certaines lois déjà votées : beaucoup de personnes ont été envoyées malencontreusement en prison’’, dénonce-t-il.

Donnant en exemple le procès de l’imam Alioune Badara Ndao, il estime que le Sénégal a déjà tout l’arsenal juridique qu’il faut pour lutter contre le fléau. Ainsi, le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal craint que le nouveau projet vienne porter atteinte à la liberté religieuse. Il déclare : ‘’Dans sa déclaration, le président a clairement laissé entendre qu’il existe un islam sénégalais qui est l’islam confrérique. Cela veut dire que tous les courants que nous connaissons depuis une vingtaine d’années vont se retrouver dans le collimateur du pouvoir.’’

Pour lui, il serait d’autant plus injustifié que ces courants n’ont jamais commis d’actes de violence dans le pays. ‘’Nous sommes donc inquiets et pensons que ce n’est pas pertinent de prendre d’autres lois qui, en réalité, cibleront les réseaux sociaux et permettront de traquer certains groupes. Nous disons oui à la lutte contre le terrorisme, mais dans le respect des droits humains, comme l’a dit le procureur général près la Cour suprême’’.

Par ailleurs, Seydi Gassama s’est aussi indigné des conditions de détention de l’activiste Guy Marius Sagna. Toutefois, il préfère une solution judiciaire à une solution politique. ‘’Nous pensons que la chambre d’accusation qui va siéger, mardi, va le libérer. Ils l’avaient envoyé en instruction uniquement pour le casser. Et ils l’ont mis dans un quartier de haute sécurité où on détient des personnes condamnées pour terrorisme. Je pense que c’est une grosse erreur de penser qu’on peut tuer les idées de Guy Marius Sagna’’, déclare-t-il.

Au-delà du Sénégal, M. Gassama estime que la situation actuelle pose le problème même du système international des droits humains.  ‘’Le système, souligne-t-il, a montré ses limites, dès lors que les grands Etats font fi des prescriptions du droit international. Ils ne peuvent plus donner des leçons aux petits Etats. Tout le monde fait ce qu’il veut. Notre préoccupation est de faire revenir aux fondamentaux du système international de défense des droits humains’’, déclame-t-il.

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