Publié le 28 Feb 2020 - 17:28
LOI SUR LE PLASTIQUE

30 000 emplois menacés

 

L’application de la loi immédiate sur les sachets plastiques n’agrée pas les travailleurs des unités de production des eaux en sachets. Regroupés au sein d’un collectif, ils demandent une concertation pour différer l’application de la loi jusqu’en 2025, carl selon eux, 30 000 emplois directs et indirects risquent de disparaitre.

 

Le ministre de l’Environnement et du développement durable, Abdou Karim Sall, a annoncé, récemment à Kaolack, l’application de la loi interdisant les sachets plastiques. Cette loi n° 2015-09 du 04 mai 2015 relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution, de l’utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques, a été promulguée, le 8 janvier 2020, par son Excellence Monsieur Macky Sall Président de le République et publiée le 20 janvier 2020 au Journal officiel. L’entrée en vigueur de la loi est prévue pour le 20 avril prochain. Les travailleurs des unités de production des eaux en sachets, regroupés au sein d’un collectif né après cette décision, trouvent le délai court.

 Cette nouvelle loi, selon le collectif, va faire disparaitre 30 000 emplois directs et indirects. En effet, plus de 700 unités de production d’eau en sachet sont recensées à travers le pays, avec en moyenne 11 travailleurs par unité de production. C’est pour cette raison que le collectif demande de différer l’application de la loi jusqu’en 2025 ou au plutôt en 2021, qui entre dans le cadre des dispositions prises par la CEDEAO. Le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS/FC) précise qu’à la suite de la réunion de janvier de ses ministres de l’Environnement, la CEDEAO avait pris la décision d’interdire toute nouvelle implantation d’unité de fabrication d’eau en sachet qui ne soit pas conforme aux prescriptions de la loi, mais également, avait pris, comme mesure pour les unités qui existent déjà, qu’elles puissent se mettre à niveau, d’ici 2025.

‘’La date limite de l’application de la loi au niveau communautaire, c’est en 2025’’, précise Cheikh Diop. Le porte-parole du collectif Mamadou Dia indique que le véritable problème pour les producteurs d’eau en sachets plastiques réside sur l’impact économique, social et sanitaire. ‘’Aujourd’hui, plus de 10 000 personnes risquent de perdre leur principale source de revenus et de subsistance et de voir disparaitre une industrie qui génère 6 milliards FCFA par an. Près de 20 000 autres emplois indirects constitués de personnes exerçant dans la commercialisation d’eau en sachets, au bénéfice d’une grande frange des populations à faible revenu, se retrouveront en situation de précarité’’, dit-il.

Mamadou Dia assure que des pertes massives d’emploi découleront de l’application immédiate de cette loi et affecteront le vécu quotidien de centaines de ménages par la baisse drastique de leur pouvoir d’achat. Il suggère des solutions qui mènent à s’inspirer du leadership de la Norvège qui recycle 98% de sa production plastique.

‘’ Nous demandons une rencontre avec le ministre’’

De ce fait, ils veulent une rencontre avec le ministre de l’Environnement, pour voir dans quelle mesure ils peuvent obtenir le différé l’application de la loi. Déjà une rencontre est prévue avec la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) pour aboutir à un même objectif. Le SG de la CNTS/ FC, Cheikh Diop, propose, ainsi, un programme de recyclage qui peut, à coup sûr, en plus de préserver les emplois, être porteur de créations d’emplois. Il souligne qu’ils ne sont pas contre la loi sur l’élimination des sachets en plastique, ni ne veulent apporter la contradiction, encore moins entretenir la polémique avec les autorités sur la question. Ils sont en phase avec tout acte posé pour préserver l’environnement, la planète. Par conséquent, dit-il, ‘’tout acte qui préserve l’environnement, la planète est en phase avec leur mission’’.

Pour autant, il trouve ‘’que si cette application est immédiate, comme prévu, le 20 avril, il y aura problème. Non seulement, les travailleurs s’étaient engagés dans beaucoup d’activités, des entreprises qui se concertent pour voir dans quelle mesure elles peuvent mutualiser leurs efforts pour être aux normes, mais aussi d’autres qui prévoyaient la loi, également, se sont engagées dans la mise à niveau pour une application correcte de cette dernière. Parmi celles-ci, il y en qui ont presque fini. Si l’application venait d’être pratique le 20 avril, des entreprises n’auraient pas fini de se mettre à niveau’’, prévient M. Diop.

AIDA DIENE

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