Publié le 15 Nov 2019 - 04:41
LUTTE CONTRE L’INSECURITE EN AFRIQUE DE L’OUEST

Un chantier sans fin

 

Dans un contexte de recrudescence de la violence dans la sous-région, les experts de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) se réunissent, depuis hier à Dakar. L’objectif de leur rencontre est notamment d’examiner le rapport sur la situation sécuritaire dans l’espace et de préparer le comité de haut niveau ‘’Paix et sécurité’’ dans l’union qui se tiendra à Diamniadio dans la semaine.

 

Vieux de 7 ans, le chantier ‘’Paix et sécurité’’ au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) reste encore une préoccupation majeure des chefs d’Etat de la sous-région. Ceci à cause des récentes attaques terroristes notées au Mali et au Burkina Faso. ‘’Notre union est toujours confrontée à la récurrence des actes terroristes, les trafics en tous genres, la prolifération des armes légères et de petits calibres, le blanchiment de capitaux, la cybercriminalité, la criminalité transfrontalière, le crime organisé. Ces défis interpellent tout l’espace communautaire’’, indique la ministre conseillère chargée des questions économiques à la présidence de la République du Sénégal. Gnounca Diouf, qui est par ailleurs le point focal du chantier ‘’Paix et sécurité’’ de l’Uemoa, s’exprimait hier, lors de la cérémonie d’ouverture de la réunion des experts de l’Uemoa à Dakar.

Ladite réunion prépare la rencontre ministérielle du comité de haut niveau prévue demain. Madame Diouf informe que les experts vont examiner le rapport sur la situation sécuritaire dans l’espace Uemoa, l’état de mise en œuvre des diligences issues de la 3e réunion du Comité de haut niveau sur le chantier ‘’Paix et sécurité’’. Par ailleurs, ‘’un point non moins important concerne le financement de la sécurité dans l’espace Uemoa qui a fait l’objet d’une rencontre le 30 octobre dernier. Il faut prendre en compte nos propres moyens pour faire face à ces menaces. Cinq cent millions de dollars, soit plus de 298 milliards de francs Cfa, doivent être mobilisés pour le financement de la lutte contre le terrorisme. La question nécessite des moyens importants’’, renchérit la ministre conseillère.

‘’La Bceao est interpellée dans la mobilisation des ressources, de même que la Commission de l’Uemoa. Cet argent est important pour pouvoir mettre à la disposition des forces de l’ordre et de sécurité les moyens opérationnels qui leur permettront de faire face à ce phénomène’’, dit-elle.

Nécessité d’une coordination

Toutefois, au-delà des besoins financiers, Mme Diouf signale qu’une coordination des forces de défense et de sécurité des pays de l’espace est nécessaire. Pour cela, elle fait savoir qu’un comité a été mis en place, qui travaille sur les modalités de rendre opérationnelle cette mesure, en commençant par le renseignement. ‘’La fluidité au niveau des frontières fait que l’échange des informations est extrêmement important dans ce combat. A la réunion du 15 novembre (demain) beaucoup d’efforts vont être notés’’, ajoute Mme Diouf.

Quant au président de la Commission de l’Uemoa, il a souligné le développement d’activités connexes au terrorisme. Il s’agit particulièrement des conflits inter et intra-communautaires, des crimes transnationales organisés et la piraterie maritime. ‘’Tout cela constitue une source de graves préoccupations pour notre union et ses Etats membres. Le phénomène du terrorisme apparait sous plusieurs formes. Il faut toujours s’adapter par rapport à ces menaces. Et nos Etats s’organisent pour y parvenir. Ce n’est pas seulement sur le plan militaire qu’il faut le faire. Mais c’est à travers une approche intégrée et globale qu’on pourra venir à bout’’, soutient Moctar Ouane. 

Des projets en faveur des populations

Sur ce, le délégué à la Paix et à la sécurité de l’union explique qu’avec la Cedeao, l’Uemoa a développé une coopération forte, notamment à travers la conclusion d’un mémorandum d’entente et de coopération, en vue de l’opérationnalisation du mécanisme de veille et d’alerte précoce. ‘’L’action que nous allons développer, l’année prochaine, portera sur deux volets : la poursuite de l’action de l’Uemoa en faveur de la promotion du développement économique de ses Etats membres et des projets en faveur des populations ; une action plus forte sur le plan sécuritaire’’, rapporte M. Ouane.

Le président de la Commission Paix et sécurité de l’Uemoa rappelle également que des initiatives propres ont été prises par les chefs d’Etat de l’Uemoa. On peut citer la mise en place d’un mécanisme de veille et d’alerte précoce permettant de doter notre union d’un outil d’anticipation en vue de la prévention des crises et conflits. Ce mécanisme sera opérationnel ‘’très bientôt’’. Il y a aussi l’accord-cadre de coopération dans le domaine du renseignement et de la sécurité, paraphé le 26 avril 2018 entre les Etats membres.

MARIAMA DIEME

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