Publié le 18 Oct 2018 - 19:49
LUTTE CONTRE LA DENGUE

Le moustique se trouve dans tout le pays 

 

A 10 jours du Magal de Touba, la dengue fait son apparition dans la capitale du mouridisme. Huit cas y sont détectés. Mais pour le directeur de la Prévention, docteur Mamadou Ndiaye joint par ‘’EnQuête’’, des équipes sont sur les lieux pour assurer la surveillance et la propreté des lieux. Toutefois, il a précisé que le risque est là, parce que le moustique est dans le pays, d’où la nécessité de prendre des mesures individuelles et collectives.

 

Après les cas confirmés à Fatick le mois dernier, la dengue fait son bonhomme de chemin. C’est au tour de la capitale du mouridisme d’être frappée. Huit cas y ont été détectés par les équipes de surveillance du ministère de la Santé. Ce, à dix jours du Magal de Touba. Selon le directeur de la Prévention, docteur Mamadou Ndiaye joint par ‘’EnQuête’’, actuellement, il y a 200 éléments équipés d’appareils qui sont en train de nettoyer toute la ville. Ils sont associés à des populations qui font des investissements pour assécher tout ce qui est mare temporaire, bassin, pour le désherbage des zones péri-domiciliaires.

‘’Les populations sont sensibilisées avec les associations pour rendre le milieu défavorable à la pullulation et à l’éclosion des moustiques. C’est comme ça qu’on pourra stopper la maladie. On a envoyé nos équipes d’investigations, le laboratoire mobile de l’Institut Pasteur et nous suivons la situation de près’’, rassure-t-il. Avant d’expliquer que cette détection est partie d’une recherche active. Car ils ont constaté une épidémie de dengue dans la région de Fatick. Il leur a semblé important de réactiver la surveillance pour voir s’ils peuvent détecter, surtout dans cette ville où il y aura le Magal dans les prochains jours.

 ‘’On a demandé aux équipes de redoubler de vigilance pour voir tout ce qui semble ressembler à la dengue. C’est pour aller vite dans la détection. C’est ainsi que nous avons pu voir effectivement quelques cas. Des gens qui ressemblaient à la définition de cas, c’est-à-dire des suspects. On a fait l’analyse avec ces suspects et on a pu trouver parmi eux 8 cas positifs. C’est ainsi que nous avons alerté  le reste de l’équipe ; on a mené des investigations. Mais ce sont des cas qui ne se sont pas du tout déplacés ou venus d’ailleurs. Ce sont des cas dans Touba’’, at-il précisé.

Chaque individu invité à se débarrasser de tout ce qui stagne chez lui

Sur ce, le préventionniste conseille aux populations de se débarrasser de tous les points d'eau susceptibles de favoriser l'éclosion des gîtes larvaires, de dormir sous une moustiquaire. Parce que le virus est transmis à l'homme par la femelle de ce moustique appelé Aedes. En plus, explique-t-il, c’est un vecteur qui est partout au Sénégal. Donc, les mesures de prévention doivent être individuelles et collectives. Il faut, ajoute-t-il, que chaque individu se débarrasse de tout ce qui stagne chez lui. Le reste, le ministère va le gérer. ‘’Parce que, à chaque fois que les conditions climatiques et écologiques le permettent, la maladie peut éclore. Le risque est toujours là, parce que le moustique est toujours dans le pays. Donc, il faut que les conditions restent favorables’’, prévient-il.

‘‘Il ne se développe que dans de l'eau propre, dans les gîtes artificiels créés par l'homme (eau des canaris, dans les soucoupes mises sous les pots de fleurs, dans les récipients mis pour recueillir l'eau des climatiseurs, vieux pneus) et dans des gîtes larvaires naturels (creux des troncs d'arbres, creux de certaines feuilles de végétaux...). Ce moustique vit en général en zone urbaine ou périurbaine’’, poursuit-il.

Toutefois, le Dr Ndiaye précise que ce n’est pas une maladie contagieuse ; elle est infectieuse, virale, fébrile, transmise par des moustiques Aedes femelles.

‘’Nous avons renforcé la surveillance depuis les cas détectés à Louga’’

Depuis les premières détections de dengue, la maladie passe d’une région à une autre. Une propagation qui semble être difficile à stopper par le ministère de la Santé. Mais, de l’avis de Dr Ndiaye, la surveillance épidémiologique a été renforcée depuis les cas à Louga. ‘’Nous avons décidé de resserrer l’étau autour de tout ce qu’on peut détecter. Parce que dès que vous détecter le cas, cela permet aux équipes d’intervention de venir pulvériser la zone. C’est ce que nous avons fait à Fatick et la courbe est en train de descendre. Pratiquement, on n’a pas beaucoup de cas dans cette région, aujourd’hui’’, renseigne-t-il.  Ce travail est fait, parce que le moustique, qui est déjà infecté, le reste toute sa vie et les œufs sont déjà contaminés. Il y aura des larves infectantes qui vont sortir de ces œufs et transmettre la maladie.

‘’Donc, il faudra tuer les moustiques adultes, mais également détruire les gîtes larvaires. C’est ce qui est fait. Il faut sensibiliser les populations sur cela, afin d’éliminer tous les gîtes, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des maisons. A chaque fois qu’il y a un cas, on entre dans la maison, on pulvérise et aussi les maisons environnantes’’.

Outre la surveillance, le ministère travaille à limiter la propagation. ‘‘La lutte contre les vecteurs est essentielle. Il n'y a pas de virus, ni de vaccin disponible pour le moment et l’Organisation mondiale de la santé (Oms) encourage sa disponibilité. Les médicaments actuels agissent seulement sur les signes pour diminuer la fièvre et les douleurs. Il ne faut pas laisser stagner l'eau. Le moustique pond dans l'eau propre, les larves se développent et, au bout d'une semaine à 15 jours, on a une autre famille de moustiques adultes. Ce n'est pas un moustique qui aime le soleil. Il aime l'ombre et la fraîcheur’’, explique le Dr Ndiaye. Selon qui le moustique pique le jour et la nuit.

La femelle a besoin de piquer les hommes pour prendre du sang pour la maturité de ses œufs. ‘’Ce qui est dramatique, la femelle est infectée toute sa vie (15-21 jours) et va transmettre le virus à sa descendance avant de mourir. Les larves qui sont dans l'eau sont déjà infectées’’, insiste-t-il.

Absence de moyens pour pulvériser tout le pays  

C’est une maladie, dit-il, qui ressemble au paludisme. Elle se manifeste par une fièvre, des maux de tête, parfois des vomissements. ‘’Ce que nous appelons des douleurs articulaires, des douleurs musculaires. Parfois, quelques signes hémorragiques. C’est une maladie bénigne, c’est-à-dire qu’elle n’est pas très méchante. Elle évolue le plus souvent vers la guérison avec une convalescence d’une dizaine de jours. Mais il arrive qu’elle se complique, dans 2 % des cas, parfois aboutit à la mort dans de rares cas. C’est souvent dans des formes où il y a des hémorragies que la personne décède. Il y a plusieurs types de dengue : 4 types. Mais chacun des types se manifeste de la même façon et a les mêmes complications’’.

Mais ce moustique a une particularité : il pique du petit matin au crépuscule. Il a une activité diurne essentiellement journalière, contrairement à l’anophèle. Son activité maximale, c’est la journée.  ‘’C’est ce qui rend sa lutte difficile. Le tiers de la population mondiale est exposée à cette maladie’’. Même si le risque est présent et énorme, il n’y a pas de moyens pour pulvériser tout le pays. Du moins, selon le Dr Ndiaye, pulvériser toutes les régions n’est pas une solution préconisée en matière de santé publique.  ‘’C’est onéreux, parce que ce sont des produits extrêmement coûteux et le fait de pulvériser toutes les régions ne permet pas d’éliminer la maladie à l’échelle. C’est des mesures de surveillance qu’il faut. Aucun pays, même ceux développés, n’a les moyens de pulvériser tout son territoire. Parce que c’est dans l’espace et il faut combiner les luttes. C’est assez compliqué. Ce qui est préconisé, c’est des opérations ciblées. Le vecteur est dans toutes les villes et villages du Sénégal. On n’a pas ces moyens’’, at-il soutenu.

VIVIANE DIATTA

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