Publié le 14 Jan 2021 - 18:14
LUTTE CONTRE LE TABAC AU SENEGAL

La Listab plaide pour un financement durable

 

La Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) ne lâche pas du lest. Après le vote et la promulgation de la loi, elle compte appuyer le gouvernement pour l’obtention d’un système de financement durable, afin de réduire les risques de décès prématurés dus aux maladies non-transmissibles et au tabac.

 

Le Sénégal a voté, en mars 2014, la loi antitabac. Deux semaines après son adoption, cette loi a été promulguée par le président de la République et insérée au ‘’Journal officiel’’ de la République du Sénégal. Depuis, des actions sont menées par la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) pour la vulgarisation et l’adoption de cette loi.

Mais le Sénégal, renseigne le secrétaire exécutif de la Listab, Djibril Wélé, dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, comme beaucoup de pays africains, est confronté à la problématique du financement de la lutte contre le tabac. Sur ce, explique M. Wélé, la Listab compte accompagner le gouvernement du Sénégal dans la mise en place d’un système de financement durable pour réduire les risques de décès prématurés dus aux maladies non-transmissibles (MNT) et à la lutte contre le tabagisme.

L’Alliance pour la Convention-cadre (FCA), en collaboration avec la Listab, mène un travail de plaidoyer pour un financement durable de la lutte contre le tabac au Sénégal.  ‘’L’objectif est de promouvoir la santé par le biais de la taxation du tabac et de la mise en œuvre de mesures liées à la lutte antitabac au titre des objectifs de développement durable (ODD)’’, fait-il savoir.

Car, ayant porté le processus de vote de la loi antitabac du pays par des actions de plaidoyer, de lobbying et de renforcement de capacités à l’endroit des leaders religieux, des parlementaires et des organisations de la société civile, il est plus que nécessaire de se mobiliser pour assurer la vulgarisation de cet instrument sur toute l’étendue du territoire national.

D’autant que, souligne Djibril Wélé, lors de la troisième réunion de haut niveau des Nations Unies sur les MNT, le 27 septembre 2018, ce débat a été soulevé. Il s’agissait, dit-il, de permettre aux chefs d’État et de gouvernement de faire l’état des lieux des progrès accomplis pour réduire le risque de décès prématurés dus aux MNT. ‘’Parce que ces chefs d’Etat se sont engagés, lors de la première réunion de haut niveau en 2011, de développer les solutions multipartites et multisectorielles de prévention et de maîtrise des maladies non-transmissibles dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ils ont réaffirmé, au cours de la deuxième réunion en 2014, leur engagement’’.

S’agissant des prix et des taxes des produits du tabac visant une réduction de la consommation et une hausse des revenus, le Sénégal a opéré des réformes progressives de structure et de niveau de taxation. Cela, en se conformant aux directives de l’UEMOA en matière de droits d’accise. C’est-à-dire unification des catégories fiscales dites ‘’de luxe’’, ‘’standard’’ et ‘’économique’’ entre 2013 et 2015 pour atteindre le plafond de 45 % de l’UEMOA à jusqu’en 2017. ‘’Il y a eu hausse de ce taux à 65 % dans le cadre de la nouvelle directive de l’UEMOA sur les droits d’accise des cigarettes de décembre 2017 instituant le minimum taxable à 50 % et le maximum à 150 %’’, soutient M. Wélé.

D’ailleurs, l'enquête mondiale sur le tabagisme chez l'adulte (GATS) menée en 2015 a révélé que la prévalence de la consommation de tabac principalement chez les hommes adultes est de 6 % (11 % chez les hommes et 1,2 % chez les femmes). En revanche, l’enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes (GYTS) réalisée respectivement en 2003, 2007 et 2013, indique une aggravation du tabagisme chez les filles de 13 à 15 ans (de 10,2 % en 2007 à 11,5 % en 2013). Tandis qu’une légère diminution a été observée chez les jeunes garçons de la même tranche d’âge en 2013 (de 20,1 % en 2007 à 18,5 % en 2013).

Le 25 septembre 2015, les pays ont adopté 17 objectifs de développement durable. Depuis cette date, la lutte antitabac figure parmi les objectifs de développement mondial. Il s’agit d’éradiquer la pauvreté, de protéger la planète et de garantir la prospérité pour tous, dans le cadre d’un nouvel agenda de développement durable. Chaque objectif a des cibles spécifiques à atteindre dans les 15 prochaines années. La lutte contre le tabagisme fait partie des objectifs de développement durable adoptés par les dirigeants du monde, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. Les efforts déployés par le Sénégal en matière de lutte contre le tabagisme remontent aux années 1980, avec l'adoption de la première loi sur la lutte antitabac en 1981. En 2003 et 2005, respectivement, le Sénégal est devenu l’un des premiers pays à signer et à ratifier la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte antitabac (CCLAT).

VIVIANE DIATTA

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