Publié le 26 Jun 2019 - 17:36
LUTTE CONTRE LE TERRORISME

Le Sénégal opte pour la prévention 

 

 En vue de se prémunir d’éventuelles attaques terroristes, le Sénégal par ses acteurs de la justice bénéficie depuis hier d’une formation sur l’exploitation des preuves du terrorisme. Organisée par l’Institut international pour la justice, elle connait la participation des pays membres de l’Afrique de l’Ouest en plus de la Suisse et du Canada.

 

Conscients du fait que la menace terroriste n’épargne aucun pays, l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest ont choisi de renforcer les capacités des acteurs chargés de l’application de la loi. Cette initiative entre dans le cadre de l’atelier régional sur les preuves liées au terrorisme. Trois jours d’échanges (25 au 27 juin) qui devraient permettre à ces acteurs de coopérer en partageant leurs expériences et leurs renseignements en matière de lutte contre le terrorisme. Ainsi, les preuves numériques de terrorisme collectées dans chacun de ces pays seront mises sur la table. L’objectif est de préparer et former chacun d’eux à anticiper sur une éventuelle attaque terroriste.

 Quant au respect de la confidentialité des données numériques à caractère personnel, le magistrat Cheikh Dia rassure : « il y a tout un protocole qui guide la collecte des preuves numériques. Les droits des citoyens ne sont nullement violés. Nous voulons vaincre ce fléau, lorsqu’il se présentera à nous, on ne le souhaite pas du tout, mais nous devons avoir la science nécessaire. Savoir comment collecter des preuves, comment les utiliser et procéder à l’échange d’informations ».

En effet, ces preuves classées secrètes seraient d’un volume imposant, complexes d’un point de vue technique, souvent rédigées dans une langue étrangère et se trouveraient très souvent dans des zones de conflits. D’où l’utilité d’une coopération étroite entre ces pays africains (17 délégations de l’Afrique de l’ouest), surtout si l’on prend en compte les épineux cas du Mali, du Burkina Faso et du Nigeria. Des données sur lesquelles s’accordent les différents participants.

Pour sa part le ministre de Justice, Malick Sall, estime que « nos pays doivent être des havres de paix. Nous devons y contribuer de toutes nos forces », dit-il. A l’en croire, la rencontre du jour découle des recommandations d’Abuja (sur la collecte, l’utilisation d’éléments de preuve aux fins de poursuites pénales de terroristes présumés) et constitue des lignes directrices pour les enquêteurs et le procureur. Ces derniers pourront, au sortir de la session, construire des dossiers solides pour engager des poursuites contre les présumés terroristes. Et le Garde des Sceaux d’ajouter que le terrorisme n’est autre que « l’apocalypse recouvert d’une idéologie et de la religion qui s’en prend à la vie de personnes innocentes et portent atteinte à la tranquillité et à la sécurité des populations ».

Au Sénégal, certains présumés terroristes jusque-là arrêtés et emprisonnés ont finalement été relâchés. Ce qui pose la question de la fiabilité et de la solidité de ces preuves numériques, ainsi que celle du fonctionnement de la justice pénale propre au terrorisme. Autant d’interrogations qui sont restées sans réponses hier, lors du point de presse en marge de l’atelier.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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