Publié le 28 Feb 2018 - 17:56
LUTTE CONTRE LES MUTILATIONS GENITALES

Le Sénégal face à l’absence de ressources

 

13,9% des jeunes filles sont excisées au Sénégal. Le taux est jugé élevé par les acteurs, dans la mesure où le pays a voté la loi contre cette forme de violence. Ils soulignent l’absence de moyens pour mener efficacement la sensibilisation en vue d’un abandon définitif.

 

Génération fille est une initiative de communication axée sur le changement social. Elle organise, depuis hier, un atelier d’information et de partage sur les mutilations génitales. L’objectif visé est d’impulser un changement social accéléré durable au Sénégal, au Burkina Faso, au Soudan..., à travers un collectif mondial qui œuvre contre l’excision. Dans le même temps, il s’agit de porter un plaidoyer fort à l’endroit des autorités. ‘’Nous essayons de mettre la pression sur les gouvernants pour qu’ils mettent les moyens qu’il faut. Le dixième des ressources alloué au budget de la Santé pourrait régler la situation. Un financement local peut changer les donnes’’, explique la coordonnatrice de Génération fille, Soukeyna Ndao Diallo. Elle rappelle que le Sénégal a voté la loi 99-05 pénalisant la pratique de l’excision, mais cela persiste.

De ce fait, le taux d’excision est à 13,9% au Sénégal. Et Dakar enregistre un taux élevé, avec l’effet de forte immigration. En effet, la difficulté réside dans le fait que les gens ne portent pas plainte pour dénoncer. En outre, dans le plan national d’actions d’accélération de l’abandon de l’excision, cette pratique est présentée comme une norme sociale. C’est là, poursuit Soukeyna Ndao Diallo, que réside la contradiction, sachant qu’au niveau international, on parle de mutilations génitales. ‘’Donc, nous ne parlerons pas de mutilations génitales féminines, mais d’excision. Dans mutilation, il y a un terme négatif et cela ne correspond pas à notre culture, parce que ce n’est pas quelque chose qui a été faite de manière délibérée pour heurter, mais pour se conformer à des attentes’’, dit-elle, en espérant que cette norme sociale pourra changer.

‘’ Il y a quatre types d’excision’’

Pour mieux véhiculer leur message, elle renseigne qu’il y a quatre types d’excision, qui varient selon les ethnies. Il y a la clitoridectomie ou circoncision féminine : elle consiste en l'ablation du prépuce du clitoris, avec ou sans l'ablation d'une partie de clitoris ou de tout le clitoris. Le 2e type consiste dans l'ablation du prépuce et du clitoris, avec l'ablation partielle ou totale des organes génitaux (ablation du clitoris, des petites et des grandes lèvres). Il y a troisièmement, l’infibulation (circoncision pharaonique), qui consiste en l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes (ablation du clitoris des petites et des grandes lèvres).

Les grandes lèvres sont ensuite soit cousues ensemble soit maintenues en contact jusqu'à la prise de la suture ou la guérison des aspérités qui forment alors une peau recouvrant l'urètre et la majeure partie du vagin, ne laissant qu'un tout petit orifice pour l'écoulement des urines et du sang des menstruations. Et enfin, les différentes pratiques de manipulations des organes génitales féminines : piercing, pricking, incision du clitoris et/ou des lèvres, allongement du clitoris et/ou des lèvres, cautérisation par brûlure du clitoris et des tissus voisins, curetage de l'orifice vaginal ou amputation du vagin, introduction de substances corrosives dans le vagin pour produire des saignements, ou introduction d'herbe dans le but de restreindre le vagin etc.

Toutefois, Soukeyna Ndao Diallo renseigne qu’au Sénégal, seuls les deux premiers types sont pratiqués dans la société. La coordonnatrice de Génération fille de soutenir que l’excision est une forme de violence contre les filles qui met en péril leurs droits fondamentaux et leurs potentiels. Entre autres, dit-elle, l’excision est une norme sociale qui est sanctionnée positivement quand c’est respecté, et négativement quand ce n’est pas respecté. De ce fait, l’ultime voie pour changer les comportements est de susciter la discussion. ‘’Surtout poser le débat pour que la société comprenne ce qu’elle fait’’, préconise-t-elle. Car elle est d’avis que beaucoup de personnes font cette pratique, mais ne voient pas la procédure mécanique par laquelle l’ablation est faite, dans une partie du corps de la fille.

Convaincue que la communauté est la base d’un début de changement, Génération fille a adopté une communication partant de la cellule familiale, pour aller vers d’autres membres de la communauté.

AIDA DIENE

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