Publié le 4 Sep 2020 - 23:58
LUTTE - DEPART D’ALIOU SARR DU CNG

Le mutisme de l’Association des lutteurs en activité 

 

L’Association des lutteurs en activité tarde à décliner sa position, à l’approche de la fin du mandat d’Aliou Sarr dont le départ de la présidence du CNG est imminent, selon certains acteurs de la lutte.

 
 
Alioune Sarr, reconduit en 2018 à la présidence du Comité national de gestion (CNG) de la lutte sénégalaise, termine son mandat de deux ans, le 31 octobre prochain. C’est ce qui explique d’ailleurs la polémique soulevée ces derniers jours par certains acteurs de la lutte sur le départ ou le maintien de leur patron. Mais le paradoxe dans cette affaire, c’est qu’on note un silence de l’Association des lutteurs en activité. Le président Gris Bordeaux et ses camarades ne se sont pas encore prononcés sur la question.
 
Et pourtant ces lutteurs actifs sont à couteaux tirés avec Alioune Sarr depuis deux ans. Ils avaient créé le Collectif pour la défense des intérêts de l’arène sénégalaise, pour exiger le départ du président et ses collaborateurs. Leur président de l’époque, Khadim Gadiaga, exigeait le départ du Dr Sarr pour cause de longévité. ‘’Il doit libérer la place. L’arène sénégalaise a besoin d’innovation. Il est temps de changer ce système mis en place pour soutirer de l’argent aux lutteurs’’, clamait le membre de l’écurie Rock Energie.
 
A l’état actuel, l’Association des lutteurs en activité n’a pas pris une position claire. Leur déclaration est attendue après que leur aîné, Mohamed Ndao ‘’Tyson’’, a été cité parmi les potentiels successeurs d’Alioune Sarr. Gris Bordeaux et sa bande doivent aussi réagir pour faire au moins le bilan des deux premières années de la structure d’exception dont le mandat a été renouvelé en 2018 par le ministre des Sports. Matar Ba avait initié des réformes devant aboutir à l’installation d’une fédération de lutte à l’horizon 2022.
 
Au moment où l’association observe le silence, des réactions en ordre dispersé sont constatées, notamment avec les lutteurs Bombardier et Zoss. Le premier a soutenu Kéba Kanté (fils de Cheikh Kanté), tandis que le second plaide pour la nomination de l’ancien Roi des arènes Mohamed Ndao ‘’Tyson’’. Le journal ‘’Sunu Lamba’’ a, dans son édition d’hier, dévoilé la liste des noms cités pour la succession du gynécologue à la présidence de l’instance dirigeante de la lutte sénégalaise. Le quotidien spécialisé en lutte a coché six profils.
 
Il s’agit de Mohamed Ndao  ‘’Tyson’’ (ancien Roi des arènes), Cheikh Tidiane Ndiaye (ex-premier vice-président chargé de la lutte avec frappe du CNG), de l’universitaire Djibril Seck (ex-directeur de l’Institut national supérieur de l’éducation populaire et sportive de l’Ucad), de Meïssa Ndiaye (président du Comité régional de gestion de la lutte à Thiès), de Babacar Diouf (trésorier du CNG et président de la Commission règlement et discipline au CNG), de Kéba Kanté, homme d'affaires et fils du ministre en charge du Plan Sénégal émergent Cheikh Kanté.
 
Matar Ba maintient le suspense
 
La polémique autour du départ d’Aliou Sarr est soulevée cette fois-ci à deux mois de la fin du terme de son mandat. Le ministère des Sports, Matar Ba, avait reconduit le Dr Sarr en octobre 2018, malgré les critiques. Le patron des sports sénégalais ne semble pas écarter une nouvelle reconduction.  Il a réagi récemment sur la question. ‘’Tout ce que les gens ont pu dire ne vient pas du ministère des Sports. Qui ne parle pas de départ ne peut pas parler de consultation, ni de succession.  Quand un Comité national de gestion est mis en place et arrive à la fin de son mandat, il y a des procédures de reconduction ou de mise en place d’autres personnalités pour gérer cette discipline. La lutte ne peut pas faire exception’’, a-t-il rappelé.
 
Le départ ou le maintien de M. Sarr de la tête du CNG, relève du pouvoir discrétionnaire du ministre des Sports certes, mais la reconduction du médecin suscitera encore la colère de certains acteurs de la lutte. Le docteur en médecine n’est pas le bien-aimé des personnes qu’il dirige. Il est en bisbilles depuis quelques années avec les lutteurs, les promoteurs et les arbitres.
 
Les lutteurs ont, depuis quelques années, exprimé ce besoin de se séparer d’Alioune Sarr. On se rappelle, en 2011, la sortie virulente de Boy Kaïré, Président de l’Association des lutteurs en activité, en son temps. ‘’Nous en avons marre. Nous ne voulons plus d’Alioune Sarr et son équipe’’. Il avait même traité les membres du CNG de ‘’bande de mafieux’’. Le président d’honneur de l’Association des lutteurs en activité avait aussi exigé la revue du mandat du président du CNG. Car, selon lui, seule une fédération a le droit de gérer une discipline pendant quatre ans.
 
Concernant les promoteurs, ils avaient demandé le départ du président Sarr à cause d’une décision de 2012 rendant obligatoire la régularisation de tous les combats de lutte au niveau du CNG.
 
La relation entre Alioune Sarr et les arbitres s’est également détériorée depuis mars 2020. Le patron de la lutte et son équipe avaient infligé de lourdes sanctions aux hommes au sifflet, suite à une grève pour exiger de meilleures conditions de travail. Leur président, Sitor Ndour, a été radié. Malick Ngom et Babacar Diop avaient écopé d'une suspension de 5 ans. Aboubacry Dramé, pour sa part, avait pris 2 ans.
 
OUMAR BAYO BA

 

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