Publié le 25 Mar 2014 - 11:09
LUTTE- KHALIFA BABACAR MBAYE, PRESIDENT DE L’ECURIE THIAROYE GËM SA BOPP

''Ce qui s'est réellement passé avec Baye Mandione...''

 

La polémique qui secoue l’écurie Thiaroye Gëm Sà Bopp du lutteur Baye Mandione continue de faire couler beaucoup d’encre. Pour avoir la version des personnes accusées de vol par le lutteur, EnQuête leur a donné la parole...

 

‘’Quand Baye Mandione a voulu arrêter sa carrière après sa défaite contre Gris Bordeaux…’’

''Je ne suis pas là pour répondre à Baye Mandione mais plutôt pour apporter des éclairages à l’opinion sur ce qui s’est vraiment passé. Une écurie ne peut pas appartenir à une personne, il faut tout un groupe pour sa bonne marche. Tout juste après sa défaite contre Gris Bordeaux, il est directement venu nous voir pour nous dire qu'il avait décidé d’arrêter sa carrière, tellement la défaite lui faisait mal.

Et c’est Vieux Badiane, qu’il accuse injustement, qui lui a dit que c’était impensable qu’il arrête sa carrière à cause d’une défaite. Il lui a fait  savoir que c’est cette défaite qui ferait de lui un lutteur, parce qu’il avait très mal ; il ne s’y attendait pas. Il lui a enlevé ses gris-gris et lui a demandé d’aller dans les toilettes prendre un bain. Je me rappelle qu’il est ressorti et a dit que l’eau était trop froide. Ensuite, il nous a demandé de lui venir en aide, pour que  sa carrière et son écurie puissent redécoller.

Vieux Badiane lui a dit que nous allions l‘aider. Il nous a ensuite dit que ''depuis ce matin, (il) n’avait rien avalé. Nous lui avons acheté du dibi. Par la suite, nous avons discuté et il nous a dit qu’il nous confiait son avenir. Puisque nous sommes des personnes responsables, nous avions jugé bon de ne pas nous fier à de simples paroles. Nous avions constitué une délégation et étions allés voir son père.

Nous avons tenu une réunion avec toute sa famille. Son père nous a dit qu’il nous le confiait. Nous avons voulu régulariser l’écurie qui était jusque-là dans la clandestinité totale. Nous lui avons demandé de nous fournir les papiers des gens qui voulaient adhérer à l’écurie parce qu’i nous fallait au moins une quinzaine de personnes pour que le récépissé soit signé.

Il nous a dit qu’il ne lui restait dans tout Thiaroye que deux personnes de confiance. J’ai cherché d’autres membres et chacun est venu avec une photocopie de sa carte d’identité. La régularisation a été un long processus, avec beaucoup d’argent investi. A cette époque, le Cng (Comité national de gestion de la lutte) ne demandait pas de récépissé, c’est bien après cela que le règlement est sorti.

Après cela, il y a eu l’élection du bureau e ils m’ont nommé président de l’écurie. Baye Mandione a ensuite écrit une lettre au Cng pour faire de Mouhamed Kazoum son manager, j’ai une copie de la lettre. Si nous n’étions pas là, il aurait eu des problèmes parce qu’il ne comprend rien au fonctionnement d’une écurie. Il n’a jamais respecté les règles de l’écurie.

‘’Pourquoi le Comité directeur l’a mis à la porte’’

J’étais toujours celui qui le défendait devant les autres. Et je voulais que tout le monde sache que ce n’est pas moi qui l’ai renvoyé, mais le Comité directeur qui s’est réuni et qui a décidé de le mettre à la porte. Le Comité l’a mis à la porte parce qu’il a constaté qu’il ne pouvait plus cheminer avec un lutteur qui n’a rien dans la cervelle et qui pense être plus futé que tout le monde, qui cherche toujours à rouler son monde.

‘’Concernant le 1 million 600 mille’’

Pour en venir à l’histoire du 1,6 million F Cfa qu’il nous accuse d’avoir volé, le promoteur Prince lui a remis un chèque de 5 millions 200 mille. C’était ce qui restait de son reliquat. Il fallait prendre les 10% du manager et c’était le 1 million 600 mille. Pour vous dire qu’il nous a accusés à tort, je ne m’occupe même pas des questions d’argent, et quand il recevait le reliquat, j’étais en voyage.

A mon retour, j’ai constaté que c’est le manager Mouhamed Kazoum qui avait écrit un papier parce qu’il devait aller à Paris au lendemain du combat de Baye Mandione. C’était devant Babou, le président des managers. Il avait donné des directives concernant ses 10%. Fort heureusement, l’argent n’avait pas encore été viré.

Au moment de son virement, Kazoum était revenu et c’est lui-même qui a récupéré son argent. Je lui ai toujours conseillé la sérénité, de ne jamais se précipiter ou tirer des conclusions hâtives. Moustapha Guèye, l’ancien ''Tigre'' de Fass, lui a même dit un jour devant moi que tous les amateurs le méprisaient parce qu’il ne recherchait que l’argent, qu’il ne s’entraînait pas comme il fallait.

Il avait répondu à Tapha Guèye que cela était dû à des problèmes. Ce dernier lui avait dit que tout le monde avait des problèmes, mais que son état physique n’était pas propice pour une bonne carrière de lutteur. Nous l'avons soutenu financièrement, physiquement, moralement.

‘’Il signait ses combats dans la clandestinité''

La prochaine fois qu’il devra descendre dans l’arène, il cherchera une autre écurie à laquelle il sera affilié, mais ce ne sera plus Gëm Sà Bopp. Nous ne le voyons que quand il a un problème d’argent ou de tout autre ordre. Parfois, il emprunte l’argent d’honnêtes gens et ne leur rembourse pas. Quand une menace plane sur sa tête, il vient nous voir pour que nous puissions lui venir en aide. Son combat contre Papa Sow par exemple, nous n’étions au courant de rien du tout. Nous ne savions même pas qui a signé ce combat.

Cela a été fait dans la clandestinité totale. Un jour, je suis allé au Cng pour payer les frais de visite médicale de tous les lutteurs de l’écurie, ainsi que leurs licences pour qu’ils soient en règle. C’est sur place que j’ai entendu parler du montage de son combat contre Papa Sow. J’étais choqué et je l’ai appelé sur le champ pour lui demander de venir me rejoindre au Cng.

Et devant un membre du Cng, je lui ai fait savoir que ce qu’il avait fait était un manque de respect parce qu'on ne peut pas signer un contrat sans qu’aucun membre de l’écurie ne soit au courant, surtout son manager. Il a demandé qu’on annule le contrat, mais c’était trop tard. J’ai appelé les membres de l’écurie et je leur ai parlé pour qu’ils lui pardonnent.

Après cela, nous ne l’avions plus revu, sauf quand il a eu un besoin urgent d’argent. Il a encore récidivé, en signant avec Boy Niang 2 clandestinement, sans aviser personne. J’ai compris qu’il ne savait pas grand-chose et n’acceptait pas qu’on lui apprenne quoi que ce soit. Il me fait pitié.''

Mouhamed Kazoum, manager de l’écurie

''J'ai reversé l'argent à l’association’’

''Cela fait 2 ans que je suis le manager du lutteur Baye Mandione. Il n’a jamais suivi les règles. J’interviens juste par rapport à l’accusation qu’il a faite, disant que Khalifa Babacar Mbaye et Vieux Niang lui ont volé 1 million 600 mille. Ce n’est pas vrai.

C’est après avoir signé son combat contre Boy Niang 2 que nous avions été mis au courant. Malgré tout, je lui ai pardonné et j’ai tout accepté pour l’aider. Le pourcentage que je devais toucher dans ce combat, je l’ai récupéré et je l’ai reversé à l’association.

Parce que plus qu’une écurie, Gëm Sà Bopp est une association. Je l’ai fait pour que l’association puisse fonctionner et payer quelques frais. Donc ni Khalifa, ni Vieux n’ont bouffé cet argent. Les papiers de l’association sont en règle et ont été signés au Ministère de l’Intérieur.''


Vieux Badiane, secrétaire général de l’écurie 

‘’Je lui ai sauvé la vie’’

''Tout ce que je veux dire, c’est que si Baye Mandione ose m’accuser de vol, qu’il sache d’abord que je lui ai sauvé la vie. Vous pouvez demander au promoteur Prince. Le Cng ne voulait pas légaliser le combat parce que son manager n’avait pas signé alors qu’il avait déjà encaissé l’argent du promoteur.

Prince était venu me voir, ainsi que le père de Baye Mandione pour que je puisse sauver le combat. J’ai dit à Prince qu’on viendrait le lendemain au Cng pour le régulariser.

J’ai contacté les gars pour que le combat soit sauvé, sinon le lutteur allait atterrir à la Division des Investigations criminelle (Dic), pour avoir pris l’argent du promoteur. Je suis le secrétaire général, et l’écurie à un trésorier, donc je ne gère pas les finances. Cela ne me concerne pas et ne m’intéresse pas. C’est un faux type.''

KHADY FAYE

 

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