Publié le 17 Jul 2014 - 15:19
LUTTE - LES GRANDS PROMOTEURS BAISSENT LES BRAS

La lutte avec frappe vers la décadence ?

 

La lutte avec frappe, qui fait la fierté de certains Sénégalais et qui drainent beaucoup d’argent et de monde, semble tirer vers sa fin. La quasi totalité des grands promoteurs sont en train de quitter le milieu.

 

Quel avenir pour la lutte avec frappe au Sénégal ? Au vu de sa marche actuelle, on est tenté de dire que le ciel s’assombrit, surtout au-dessus des ténors de l’arène. Après les grands sponsors, ce sont les plus grands promoteurs de l’arène qui lâchent la lutte.

Le promoteur Aziz Ndiaye a annoncé dans un journal de la place que le combat Gris Bordeaux de l’écurie Fass contre Tyson de l’écurie Bul Faale est le dernier combat de sa carrière de promoteur. Il a tenu à jurer sur son marabout qu’il en avait fini, même si les raisons qu’il a avancées ne sont pas claires. ‘’J’ai atteint mes limites et je crois que je n’ai plus rien à prouver dans la lutte’’, a-t-il simplement dit.

Mais qu’en-est-il réellement ? A part Aziz Ndiaye qui est le promoteur phare de ces deux dernières saisons, il faut noter aussi le silence assourdissant du promoteur Luc Nicolaï. A la suite d’une condamnation dans une affaire de trafic de drogue, le promoteur de la Petite Côte qui avait ficelé toutes les grandes affiches de 2012 n’a plus refait signe de vie dans l’arène. Plus d’affiches montées, plus de sortie dans la presse. Rien ! Luc Nicolai s’est enfermé dans un silence incompréhensible. Sa structure ne s’active plus dans la lutte. Depuis sa condamnation, il n’a pas ficelé de combat.

Et que dire de Gaston Mbengue ? Le ‘’Don King’’ de l’arène, le doyen de tous ces jeunes, a été le premier à  faire grimper les cachets à 100 millions. Aujourd’hui, il peine à s’en sortir. Le promoteur doit à Ama Baldé un reliquat de 15 millions F Cfa, depuis le 1er juin 2014. Il avait annoncé son retrait de l’arène il y a de cela quelques années. Depuis lors, il continue à monter des chocs, mais plutôt avec des lutteurs espoirs. Il ne titille plus les ténors, arguant que ceux-ci sont trop exigeants côté cachets. Et depuis quelques années, Gaston Mbengue est de plus en plus foot. Président du Ndiambour de Louga (Ligue 2), il a intégré la Commission marketing de la Fédération sénégalaise de football (FSF).

Et parmi les jeunes promoteurs, Assane Ndiaye de Baol Productions a été reconnu coupable dans une affaire de visas. Il a utilisé des contrats du Comité national de gestion de la lutte (CNg) pour trouver des visas à des lutteurs qui ne le sont pas en réalité. La sanction de l’instance n’est pas encore tombée mais il risque la suspension.

A cette période de l’année, les grandes affiches étaient déjà ficelées. Mais toujours rien. Les amateurs attendent toujours de voir leurs lutteurs engagés dans des combats. Les lutteurs qui ont plus à perdre dans ce retrait des promoteurs sont sur le qui-vive.

Avis de… Malick Thiandoum, chroniqueur de lutte à la Sen tv

‘’On va vers des saisons extrêmement difficiles, surtout pour les Vip de l’arène’’

‘’La lutte ne va pas vers la fin, mais vers un avenir incertain. C’est clair qu’il y a des difficultés qui font que les promoteurs sont en train de battre en retraite. Déjà, il y a eu Luc Nicolaï qui a été condamné et qui à coup sûr va perdre sa licence de promoteur. Avant Luc Nicolaï, il y a eu Alioune Petit Mbaye, mais aussi Palla Mbengue qui s’est retiré de la lutte depuis presque deux ans et qui avait à l’époque annoncé des lendemains sombres pour la lutte. 

Assane Ndiaye, avec le problème qu’il a eu dernièrement, va certainement vers des difficultés. Sans compter que Aziz Ndiaye a également annoncé son départ après le combat Gris Bordeaux / Tyson. Donc on va vers des saisons extrêmement difficiles et surtout pour les Vip de l’arène. Déjà, il n’y avait pas assez de promoteurs pour ficeler des combats chocs, on les compte sur les bouts des doigts. Il y a Gaston Mbengue et Aziz Ndiaye qui le faisaient. Prince a essayé cette année d’élever la barre, mais il se trouve actuellement dans des difficultés financières. C’est vous dire que l’année prochaine, il ne va pas monter de grosses affiches. Et que les lendemains de la lutte sont sombres et pas enchanteurs.

‘’Il faudrait que les lutteurs revoient leurs prétentions financières à la baisse’’

Pour que les choses reviennent à la normale, la première chose que les acteurs de la lutte doivent faire, c’est de s’asseoir autour d’une table et faire un diagnostic sans complaisance de la situation. Pourquoi ne pas faire les états généraux de la lutte ? En deuxième position, il faudrait que les sociétés nationales, les sponsors, reviennent également pour appuyer les promoteurs dans les montages de certaines affiches. Et pour finir, il  faudrait que les lutteurs revoient leurs prétentions financières à la baisse puisque les promoteurs ne peuvent plus payer certains cachets. Il faut que toutes ces conditions soient réunies pour que l’arène retrouve son lustre d’antan, sinon on va vers une crise sans précédent de la lutte.’’

KHADY FAYE

 

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