Eumeu Sène a fait face à la presse hier dans son terrain d'entraînement à Pikine Guinaw Rail. Entouré de ses milliers de supporters, le lutteur, visiblement très en forme, a parlé de sa préparation, du combat, entre autres.

 

À deux semaines du combat, dans quel état de forme êtes-vous ?

Actuellement, nous avons fini le travail et fini de peaufiner notre stratégie. Nous n'attendons que le jour-j pour appliquer tout ce qui a été fait.

Après le renvoi, avez-vous changé de stratégie ou de préparation ?

Oui, j'ai juste augmenté le volume des entraînements et tout ce qu'il faut pour remporter ce combat, parce que tout Pikine compte sur moi et je lui dois la victoire. Je prie Dieu pour l'obtenir.

Tout le monde a constaté que vous avez pris du poids alors que d'aucuns disent que pour gagner ce combat, il faut de la rapidité et de la vivacité. Pensez-vous avoir ces qualités le jour du combat ?

Aucun poids ne peut me handicaper, je suis maître de mon corps. La préparation a été trop longue et j'ai beaucoup travaillé. C'est pour cela que j'ai pris du volume, mais ça ne me gêne en rien et ne peut m'empêcher de me mouvoir à ma guise. Je peux tout de suite vous faire une roulade après une course rapide. Je suis vivace. Quand j'ai commencé à lutter, je n'avais même pas 12 ans. Je ne sens même pas ce poids dont les gens parlent pour dire vrai.

Côté bagarre, on vous a vu tout à l'heure blesser votre entraîneur de boxe. Est-ce pour montrer à votre adversaire que vous êtes prêt pour la bagarre ?

Retenez juste qu'on se prépare sur tous les plans. On parle de lutte avec frappe. S'il faut lutter et user de la technique pour battre notre adversaire, on le fera. S'il faut le frapper pour le battre, on le fera.

Peut-on savoir pourquoi vous avez voulu vous battre avec votre adversaire lors du ''Big show'' au Cices ?

Ce n'est rien, ce sont juste des bruits, je n'y fais même pas attention.

Mais vous reconnaissez qu'entre vous deux, il y a toujours de la tension à chacune de vos rencontres ?

Tout le monde sait qu'à mon niveau, il n'y a pas de problème. Tout au long de ma carrière, je n'ai jamais eu de problèmes avec un adversaire. Je ne provoque jamais, mes supporters non plus. Je prône la non violence pour tous ceux qui me supportent.

Votre adversaire est réputé comme étant quelqu'un de très mystique ; vous étiez en Casamance jusqu'à hier (lundi). Êtes-vous prêt sur ce plan ?

Ma mère est originaire de la Casamance, elle n'est même pas à Dakar, elle est établie là-bas. C'est donc tout à fait normal que j'y aille pour solliciter les prières de mes parents et ils ont beaucoup prié pour moi.

''Dire que je suis le favori ne m'intéresse pas. Tout ce que je veux, c'est gagner ce combat''

Votre adversaire essaye tout le temps de vous énerver. Avez-vous pris toutes vos précautions pour qu'il ne puisse pas y parvenir le jour du combat ?

Comme j'ai eu à le dire, je suis un cadavre ambulant. Personne ne peut m'énerver. Je suis né et j'ai grandi à Pikine, j'ai tout vu. Je suis naturellement calme et serein. Personne ne peut me fâcher, ni m'énerver. Au départ, je suis venu avec un esprit fair-play, en riant et plaisantant mais c'est difficile de rire et de plaisanter avec une personne qui cherche tout le temps à vous énerver ou à vous dépasser. Donc j'ai adopté une autre stratégie, c'est-à-dire que je reste calme dans mon coin.

Si je réagis à la provocation, les fans pourraient me suivre dans cette direction, ce qui peut amener la violence le jour du combat. Je préfère me taire maintenant, et répondre aux questions qui me sont posées. Modou Lô est un champion et je n'ai rien contre lui. On est des adversaires pour une minute, voire quelques secondes. Après cela, on peut être des amis ; il peut venir me voir, comme je peux aller le voir. Quand on parle de sport, c'est pour s'amuser avant tout. Ce n'est qu'un combat et à l'heure de vérité, on fera ce qu'il faudra pour la victoire.

Modou Lô n'a pas du tout peur de vous ; il essaye toujours de vous jeter quelque chose ou de vous provoquer. Ça ne vous intrigue pas ?

C'est ce qui m'arrange justement. Parce que quand deux lutteurs s'affrontent et que personne n'a peur de l'autre, cela rend les choses plus simples, meilleures et plus rapides. C'en est le piment.

On vous colle l'étiquette de favori. Êtes-vous à l'aise dans ce rôle ?

Cela ne me fait aucun effet vraiment. Pour moi, ce combat est mon premier dans l'arène. Dire que je suis le favori ne m'intéresse pas. Tout ce que je veux, c'est gagner ce combat.

Vous avez aussi remarqué que votre adversaire est venu avec un état de forme éclatant, et on a toujours l'impression qu'il augmente de volume le jour du combat (sekki). Ce qui fait peur à beaucoup de ses adversaires. Qu'avez-vus prévu pour parer à cela ?

Je ne remarque même pas cela, j'entends les gens parler de ''sekki'' mais je n'y prête pas trop attention . Tout ce qui importe, c'est la préparation et aussi bien lui que moi, nous nous sommes entraînés.

Pour vous, comment le combat va t-il se terminer ? En bagarre ou en technique pure, surtout que votre adversaire est réputé très fort en bagarre ?

Tout ce que cela demande, on le fera, et on ne saura ce que le combat demande que le jour-j.

À quelques jours de votre duel en juin dernier, vous vous êtes blessé à l’œil. Cette fois-ci, à quelques jours, c'est votre entraîneur qui se blesse. Qu'est-ce que cela présage ?

Ce n'est rien d'autre qu'un accident survenu dans un entraînement. Ce qu'on fait d'habitude dans les entraînements est plus dur que ce qu'on a fait aujourd'hui.

Aujourd'hui, c'était le procès de Luc Nicolaï et le verdict vient de tomber : 3 ans avec sursis et 2 ans ferme. Qu'est-ce que cela vous fait ?

On prie pour lui, afin qu'il sorte en bonne santé ; on est une seule et même famille. J'en profite également pour présenter mes condoléances aux 5 personnes qui sont décédées en mer.

Le jour du ''Big show'', on vous a vu embrasser votre ancien mentor Tyson. Peut-on dire que c'est un signal fort vers la réconciliation ?

Il y a toujours eu le respect entre lui et moi. C'est mon grand frère et je lui souhaite tout le bien du monde. On a eu des problèmes, mais c'est fini, c'est le passé. Je ne lui en veux pas, lui non plus. Il est et restera un frère pour moi. Le respect que j'avais pour lui, je l'ai davantage. Et je prie pour qu'il ait la victoire dans son combat à venir, ainsi que tous les lutteurs de Pikine engagés dans des combats.

Les voyants vous donnent victorieux de ce combat. Psychologiquement, qu'est-ce que cela fait ?

Cela ne concerne que les voyants, vraiment. Moi, je me contente juste de faire mon travail, de prier. Mais ces prédications ne me font aucun effet.

Vous semblez dégager une grande confiance...

C'est juste de la sérénité.

Balla Gaye 2 a fait une analyse de votre combat et a dit que vous avez soif de Modou Lô. Est-ce le cas ?

Balla Gaye 2 est un champion et c'est ce qu'il a vu.

Vous avez pris deux avances, de Modou Lô et de Yékini. N'est-ce pas trop lourd pour vous ?

C'est juste une question de travail et d'organisation. Pour le moment, je ne pense qu'à Modou Lô. Quand j'aurai fini avec lui, je pourrai me pencher sur autre chose.

KHADY FAYE