Publié le 26 Feb 2020 - 04:18
LUTTE - VIOLENCES DANS L’ARENE

Alioune Sarr cogne sur les écuries

 

Alioune Sarr a profité du bilan d’étape du Comité national de gestion (CNG) de la lutte pour se prononcer sur les difficultés de l’arène sénégalaise. Il a indexé les lutteurs et leurs écuries sur leurs responsabilités par rapport aux scènes de violence notées récemment dans les combats de lutte.  

 

Les scènes de violence survenues à l’Arène nationale, à l’occasion du combat Alioune Sèye n°2-Ñiakh Diarignou, le 9 février dernier, ont fait réagir le président du Comité national de gestion (CNG) de la lutte sénégalaise. Docteur Alioune Sarr, surpris par de tels comportements, a promis de sévir contre les fauteurs. Il a également mis en garde les lutteurs, dirigeants et responsables des écuries et écoles de lutte.

‘’Le comité national ne va jamais reculer pour assainir le milieu de la lutte, tant qu’il sera là. C’est une attitude qui repose sur le problème de la gestion de base des écuries et écoles de lutte’’, a-t-il déploré. D’après lui, ces violences ne sauraient exister au sein du sport national sénégalais. ‘’C’est uniquement dans la jungle que les gens règlent leurs différends par la violence. La réaction du lutteur Alioune Sèye est naturelle, mais non acceptée’’, ajoute-t-il.

La Commission de discipline du CNG a certes infligé des sanctions une semaine après la survenance de ces violences (suspension d’un an pour le lutteur Ñiakh Diarignou et son écurie, suspension de 6 mois pour Alioune Sèye 2 et une exclusion à vie pour l’un des accompagnateurs de Ñiakh Diarignou). Mais, d’après M. Sarr, la structure qu’il dirige ira plus loin. Il a promis de travailler en collégialité avec les forces de l’ordre pour traquer les casseurs des chaises dans les tribunes de l’Arène nationale.

‘’Les auteurs de ces pertes dommageables seront démasqués, poursuivis et punis. Nous allons visionner et contrôler les images des caméras de surveillance de l’Arène nationale’’.

‘’Le CNG que je dirige ne reconnait pas le Roi des arènes’’

La rencontre avec la presse a été l’occasion aussi, pour le président du CNG, de revenir sur d’autres difficultés de la lutte sénégalaise, comme le problème du titre de Roi des arènes, la reconversion des lutteurs après leur carrière sportive, la catégorisation des athlètes…

S’agissant du titre de Roi des arènes sénégalaises, Alioune Sarr a indiqué que la structure dont il est à la tête ne reconnait pas cette distinction. ‘’Le Comité national de lutte que je dirige n’a jamais reconnu le Roi des arènes. Parce que pour nous, pour être le meilleur, il faut battre tout le monde’’, a-t-il recadré. Le médecin a aussi préconisé la mise en place d’un tournoi national permettant de désigner un champion à la fin de chaque saison. ‘’Nous devons retourner à l’orthodoxie et organiser un championnat à l’image du football, du basketball ou des autres sports. Je ne crois pas que celui qui a battu le lutteur qui a terrassé tout le monde est le meilleur. Il faut que les VIP aient le courage de s’affronter entre eux dans un tournoi annuel. Le CNG a initié, depuis quelques années, des réflexions comme les championnats de lutte avec frappe organisés par Gaston Mbengue et Luc Nicolaï. Ce que je peux dire, c’est que le CNG organisera un tournoi, si tous les grands champions sont d’accord’’, a-t-il annoncé.

Le cardiologue a d’ailleurs recommandé aux écoles et aux écuries de lutte de miser sur le concept sport-études pour assurer la reconversion de leurs athlètes. Les écuries doivent faire en sorte que tout garçon qui intègre leur entité puisse au moins présenter un certificat de scolarité ou un certificat d’apprentissage à un métier. Pour lui, la reconversion des lutteurs doit se faire très tôt, en raison de la courte durée de la carrière d’un sportif. ‘’On est vieux à 30 ou 35 ans, quel que soit le talent. La lutte, dans sa forme actuelle, ne peut pas absorber l’espoir de tous ces jeunes qui pensent réussir comme Bombardier ou Balla Gaye 2. Nous constatons tous qu’il y a beaucoup de talents qui n’arrivent pas au sommet. Il en existe d’ailleurs dans le football, le basket et les autres disciplines sportives’’.

‘’Dieu seul sait la date à laquelle je vais partir’’

Alioune Sarr a été également interpellé sur sa longévité à la présidence du CNG qu’il occupe depuis 1994. Mais le dirigeant n’a pas manifesté sa volonté de partir à l’issue de son mandat de prolongation dont la fin est prévue en octobre 2020. ‘’Seul Dieu sait la date à laquelle je vais quitter le CNG. J’ai lu la presse ce matin (hier) et j’ai constaté qu’un lutteur demande mon départ. Mais ce qui pose problème, c’est que c’est un acteur, un sportif, un lutteur qui le dit. C’est comme aujourd’hui un Neymar qui se lève en réclamant le départ du président de la Confédération brésilienne de football (CBF). Donc, cela démontre la faiblesse de nos structures de base que nous appelons écuries et écoles de lutte. On ne peut pas être à la fois le sportif, le manager et le décideur. Ce n’est pas possible’’. 

Le prétexte de la conférence de presse des membres du CNG de lutte était le bilan d’étape de leur nouveau mandat de 2 ans, après leur reconduction en 2018 par le ministre des Sports. La personne morale de cette structure d’exception en a profité pour faire le point sur la situation des licences de la saison 2019-2020. Il a rappelé qu’ils sont très loin des 8 000 licenciés annoncés depuis quelque temps par les non-initiés.

‘’Nous avons enregistré 2 707 licences de lutteurs dont 665 pour la lutte avec frappe, pour 47 promoteurs’’, informe-t-il.

Docteur Aliou Sarr a aussi dévoilé l’agenda du CNG. La tenue de la première réunion de son Comité directeur est prévue le 29 février prochain à l’Arène nationale.  Les autres grands évènements comme le Drapeau du chef de l’Etat, le tournoi de la CEDEAO prévus respectivement du 5 au 7 juin prochain à Kaolack et du 26 au 28 juin 2020 à Dakar. La deuxième réunion du Comité directeur est prévue le 25 avril 2020 au même endroit.

Sur le plan international, les lutteurs olympiques sénégalais rentrés bredouilles des Championnats d’Afriques d’Alger 2019 disputeront, courant mars, le tournoi qualitatif aux Jeux olympiques.    

OUMAR BAYO BA   

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