Publié le 12 May 2012 - 09:08
MÉDIATTITUDE

Défunte presse

 

Rien de macabre mais juste une exigence de vocabulaire. Des journaux ont disparu des kiosques : Le Messager et Le Point du Jour. Qualifiés de ''presse du Palais'' sous l’ancien régime, ces organes, créés pour répondre aux attaques de la presse dite ''privée'' voire de l'''opposition'', ont défendu à coups d’éditoriaux, de commentaires et d’articles, pendant plus d’une décennie pour l’un et quelques deux années pour l’autre, le boulanger pour garder leur pain. Ce n’est pas pour leur jeter la pierre, seulement la presse sénégalaise a ses exigences et il faut savoir s’y plier. Dans une tentative de catégorisation, les ''revueurs'' de presse, dont certains boycottent souvent ces titres, sont encore passés par là. Pour eux, il y a la presse gouvernementale et la presse privée. Ceux qui ne font pas partie de la seconde appartiennent forcément à la première catégorie. Alors que chez nos confères de l’Hexagone, la presse est de gauche ou de droite avec des sous composantes dans ces deux principales idéologies politiques. Sous nos cieux, la presse n’est pas assujettie à une quelconque idéologie mais plutôt à la bourse qui la nourrit. Même si la liberté est revendiquée partout, le lecteur s’est fait une opinion sur chaque catégorie.

 

Alors, pour ces désormais défunts titres, les confrères qui y travaillent vont devoir pointer au chômage et leurs patrons déposer le bilan. N’est-ce pas trop facile ? C’est toujours la même histoire qui se répète avec les mêmes conséquences. La précarité dans la presse révèle les tares d’un métier toujours en éternelle construction. Dans le partage des richesses, les journalistes sont toujours lésés par des patrons de presse abusifs, rentiers à souhait. La richesse est toujours de leur côté et pour leurs employés, c’est à prendre ou à laisser. Combien de titres ont mis la clé sous la porte en laissant à la rue leurs journalistes ? Le Messager et Le Point du Jour ont subi le même sort que La Presse des Almadies, le quotidien Le Journal, L'événement du soir, et tutti quanti.

 

Le Synpics semble impuissant face à la fragilisation du corps de métier et laisse une forme de ''sélection naturelle'' s'opérer. De toute façon, c’est connu, les cordonniers sont les plus mal chaussés. Alors, au cimetière des titres disparus, à qui le tour ?

 

Karo DIAGNE-NDAW

 

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