Publié le 1 Mar 2012 - 09:49
MADINA WANDIFA DIT CARREFOUR DIAROUMÉ

C’est plus de 100 véhicules par jour et plus de 2 millions de recettes par mois.

 

En cette fin de matinée, des enfants jouent au foot avec un ballon en morceau de tissu rapiécé. La grosse boule slalome entre les ornières creusées au détour de ces ruelles au calme plat. Juste au beau milieu de ce village, une girouette remplie de véhicules. Ça bouillonne. De partout, les véhicules viennent, dans tous les sens, ils repartent. Nous sommes en basse Casamance, dans la commune de Madina Wandifa dont le nom tente désespérément de résister face à l’appellation populaire de la localité : Carrefour Diaroumé. Pour ceux qui choisissent la route pour se rendre à Ziguinchor, poumon de la région naturelle de Casamance, ce passage est inéluctable. Seuls trois principaux axes se dégagent à partir d’ici, mais suffisants pour desservir tout le Sénégal et bien au-delà de ses frontières. Il s’agit des routes reliant Dakar via Sénoba -frontière avec la Gambie- en passant par la Gambie communément appelée la Transgambienne), de la route Kolda et Sédhiou et celle qui dessert Bignona et Ziguinchor.

 

 

La station d’essence, point de convergence et de séparation

 

Le carrefour Diaroumé joue un rôle économique prépondérant et fait rentrer d’importantes sommes d’argent au trésor public en termes de taxe. Plus de 100 véhicules quittent les lieux tous les jours pour desservir les villes de Sédhiou, Ziguinchor, Kolda, Dakar etc. A ces moyens de transport, qui prennent les voyageurs au carrefour, il faut ajouter les autres qui arrivent de partout au Sénégal en direction des différentes villes précitées. Les véhicules ‘’7 places’’ paient 200 francs Cfa de taxe, pour les cars, c’est 500 francs, les minicars 300 francs, tandis que les camions gros porteurs paient 1000 francs. Au total, c’est plus de 2 millions de francs Cfa de revenus que ce carrefour génère par mois, confie le contrôleur des taxes au carrefour, Abdoul Wahab Gassama. Ces recettes peuvent être revues à la hausse si une gare routière était octroyée au village de Madina Wandifa, renseigne le contrôleur des taxes.

 

En effet, c’est un véritable paradoxe qui se relève ici. A Madina Wandifa communément connu sous le nom de Carrefour Diaroumé, il n’existe pas de gare routière. L’espace occupé par les véhicules est du domaine de la station d’essence et constitue un petit périmètre. D’où le soupir collectif lancé par ces habitants qui souhaitent la construction d’une gare routière digne de la réputation de leur localité. Car la centaine de véhicules qui y transitent journellement, permet à bon nombre des 4126 âmes qui y vivent de gagner leur vie. En effet, ces vendeurs, dès qu’une voiture s’approche, se ruent dessus pour proposer aux passagers leurs marchandises : des bananes, des ignames, des patates, des mangues, de l’eau fraîche dans des sachets ou des bouteilles, des arachides, du lait frais, du sucre, de la tomate… Le sucre et le tomate, pour l’essentiel, sont souvent importés de façon frauduleuse de la Gambie.

 

 

Au début, était Wandifa Bayo…

 

L’histoire de ce carrefour fait partie de celle que l’on raconte avec le cœur gros, tant cet endroit a évolué au fil des âges. Crée par Wandifa Bayo, un étranger venu de la localité de Kandiadiou, le village qui abrite le carrefour Diaroumé a été auparavant un objet de convoitise et source de plusieurs tensions. En effet, les populations environnantes de Sounkadou et Kabada trouvaient en ce lieu le nœud gordien de la région naturelle de Casamance. Ce n’est qu’en 1968 que le nom de carrefour Diaroumé est collé à la localité. Bondia Diagoula, fils du fondateur du village, venait juste d’avoir 18 ans lorsqu’il s’est retrouvé premier chef du garage. Comme si c’était hier, il se rappelle les débuts difficiles : ‘’A la création du carrefour, il n’y avait pas beaucoup de véhicules. Les clients venaient de partout (Dakar, Kaolack, Bignona, Sédhiou Kolda…) et se retrouvaient ici à Madina Wandifa. Faute de véhicules, les voyageurs y passaient la nuit sur des nattes étalées à même le sol. L’endroit était entouré de plantations de courges’’. Toujours plongé dans ses souvenirs, Bondia Diagoula se rappelle que l’eau constituait une denrée rare, rendant du coup l’endroit assez hostile. ‘’Mon père allait dans les autres villages en charrette pour chercher de l’eau qu’il venait distribuer aux voyageurs obligés de passer la nuit dans le village’’, dit-il, le regard lointain. Il en sera ainsi jusqu’à ce qu’un Français du nom de Léon, attiré par cette affluence de clients et de véhicules, vienne installer une station d’essence dans le périmètre du carrefour. C’est cette station qui a quasiment enclenché le développement du carrefour.

 

 

Véritable carrefour linguistique

 

Désormais, les véhicules de marque Peugeot 404 venaient de plus en plus nombreux et un petit commerce s’est parallèlement développé au fil du temps. Au même moment, le chef du village encourageait les gens à venir vivre à Madina Wandifa en leur octroyant des parcelles gratuites. Les populations sont devenues de plus en plus nombreuses lorsqu’un forage a été construit dans le village. La petite bourgade de Madina Wandifa située à 7 km de l’arrondissement de Diaroumé, département de Bounkiling, région de Sédhiou, prend les tournures d’une grosse localité qui se modernise. Avec ses 4126 âmes, Madina Wandifa érigé en commune en 2008, compte aujourd’hui, 4 écoles primaires, un lycée et un Collège moderne. Madina Wandifa, c’est aussi un véritable carrefour linguistique. Même si la langue dominante reste le manding, au Carrefour Diaroumé, on entend parler le Peul, le Wolof, le Mancagne…

 

Amadou NDIAYE (De retour de Sédhiou)

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