Publié le 6 Aug 2020 - 06:32
MAGUETTE NDIAYE (PRESIDENT DE L’AAIFS)

‘’Malang Diédhiou a le talent, la capacité et l’expérience pour diriger la CCA’’

 

Le président de l’Amicale des arbitres internationaux de football du Sénégal (AAIFS), Maguette Ndiaye, bénit la candidature de Malang Diédhiou pour la succession d’Amadou François Guèye au poste de président de la Commission centrale des arbitres du Sénégal. Le professeur d’éducation physique et sportive donne, dans cette interview, les raisons du choix de l’AAIFS sur le colonel des douanes. L’arbitre international de football s’est aussi prononcé sur sa présélection au Mondial-2022, l’état actuel de l’arbitrage sénégalais, le niveau des arbitres internationaux du Sénégal…

 

Vous faites partie des 6 juges centraux africains présélectionnés avant-hier par la Commission des arbitres de la Fédération internationale de football association (Fifa) en perspective de la Coupe du monde Qatar-2022. Qu’est-ce que cela vous inspire ?  

La présélection, nous l’avons apprise avec beaucoup de fierté et de bonheur. On le savait depuis très longtemps, mais on ne pouvait pas en parler, car l’information n’était pas encore officielle. On rend grâce à Dieu d’être sur la liste de présélection.

Ce qu’il faut savoir maintenant, c’est que cette sélection est en vérité le début du commencement. Tout le monde sait qu’il nous reste beaucoup de choses à faire, parce que ce qui est devant est le plus difficile. On continue le travail tout en priant le bon Dieu de nous accorder une bonne santé. Cela nous permettra d’œuvrer davantage afin d’honorer cette mission. Je précise que ce n’est pas ma première présélection. J’ai été convoqué dans les mêmes circonstances pour les besoins des Coupes du monde de Brésil-2014 et de Russie-2018, mais j’ai été victime d’un accident. Cela m’avait fait sortir du projet de la Fifa. Donc, cette nouvelle présélection traduit une certaine constance. Je ne peux que rendre grâce à Dieu. Je souhaite aussi que tout se passe bien pour que je puisse représenter dignement l’Afrique et le Sénégal en particulier. Je pense que je peux y arriver, en comptant sur la bénédiction et les prières de tout le peuple sénégalais.  

L’arbitrage sénégalais a perdu de grands dirigeants : Badara Mamaya Sène et François Guèye, cette année. Comment l’AAIFS a vécu cet épisode ?

C’est une grande perte pour nous. Vous le savez, Badara Mamaya Sène et Amadou François Guèye étaient des personnes très importantes qui ont amené l’arbitrage sénégalais là où il est aujourd’hui. Donc, c’est deux personnes ressources que nous avons perdues. Badara Mamaya Sène et Amadou François Guèye ont beaucoup œuvré pour le développement de l’arbitrage sénégalais.

Si, aujourd’hui, on parle des arbitres sénégalais en Afrique et dans le monde, c’est grâce à eux. C’est un sentiment de regrets qui nous anime. Donc, on ne peut que s’en remettre à Dieu et prier pour le repos de leur âme.

Est-ce qu’il y a parmi vous des personnes ressources pour assurer la relève ?

Evidemment ! Tous les arbitres sénégalais sont sortis de la même école. Nous sommes tous des produits de Badara Mamaya Sène et Amadou François Guèye. Donc, chacun d’entre nous peut prétendre à diriger la Commission centrale des arbitres. Mais moi, je dis que Malang Diédhiou est le meilleur profil. Il est une personne très expérimentée. Il a beaucoup travaillé aux côtés des doyens Badara Mamaya Sène et Amadou François Guèye. Malang a, pendant quelques années, fait les beaux jours de l’arbitrage sénégalais. Il a représenté notre pays dignement en Afrique et dans le monde. Cela constitue un avantage pour lui. Il s’y ajoute que l’arbitrage a connu une avancée figurante avec de nouveaux concepts qu’il faut maitriser pour être dans le bain et espérer diriger des instances de décisions. Malang remplit tous ces critères. C’est pourquoi je considère qu’il est actuellement le meilleur profil pour le Sénégal d’autant plus qu’il occupe d’autres responsabilités plus importantes que celles dans son pays. Il est actuellement instructeur d’arbitres à la Caf (Confédération africaine de football, NDLR) et à la Fifa.

Donc, le poste de président de la CCA viendrait s’ajouter à ce qui était déjà établi.

Comme vous, l’AAIFS a donné carte blanche à Malang Diédhiou pour la succession d’Amadou François Guèye. Pourquoi ce choix ?  

Il faut comprendre que notre amicale œuvre pour le développement de l’arbitrage sénégalais. Si nous voyons que telle personne est le meilleur profil pour un poste, on la désigne. Malang a le talent, la capacité et l’expérience pour diriger la CCA. C’est pourquoi on n’a pas hésité à le soutenir. Le choix porté sur la personne de Malang Diédhiou a été fait à l’unanimité, lors de notre dernière réunion. Nous avons tous soutenu sa candidature. Donc, à ce niveau-là, je crois qu’il n’y a pas de débat. Cela est d’autant plus vrai qu’il est le seul candidat déclaré pour le moment.

Est-ce qu’il n’était pas plus prudent d’attendre d’autres candidats pour faire un choix… ?    

(Il coupe) On n’en est pas encore là, parce qu’il n’y a pas encore un deuxième ou troisième candidat. Je l’ai déjà dit, l’arbitrage sénégalais a besoin d’un homme expérimenté ayant une bonne maitrise des nouveaux concepts des lois du jeu. Et ce profil-là n’est autre que Malang Diédhiou. Aucun candidat ne pourra faire mieux que lui. Donc, on n’a pas besoin d’attendre pour voir s’il y aura d’autres candidatures ou pas. Nous lui apportons notre soutien à 100 %.

Vous avez été désigné pour remplacer Malang Diédhiou dans le trio sénégalais, après sa retraite en 2018. Croyez-vous être en mesure de suivre ses traces ?

Effectivement ! Après la retraite de Malang Diédhiou, j’ai été désigné pour sa succession. Ce choix s’inscrivait dans une logique de continuité, parce que j’étais deuxième juge central sénégalais derrière lui. C’est nous deux qui étions dans l’élite de l’arbitrage de la Caf et de la Fifa. Donc, c’est tout à fait normal qu’on me désigne après sa retraite du moment que j’avais rempli les critères. Maintenant, je suis en train de faire de mon mieux pour maintenir le flambeau. Ça sera très difficile, parce que Malang a devancé ses pairs arbitres africains. J’ai l’obligation de viser loin. Je suis ses pas tout en continuant le travail pour atteindre l’objectif qui m’a été assigné.

Comment s’est passé la Can-2019 chez les arbitres sénégalais ?  

La Can s’est très bien passée chez les arbitres sénégalais. Nous étions trois, Issa Sy, El Hadj Malick Samba et moi. Nous avons arbitré des matches et il n’y a pas d’erreurs substantielles. C’était une grande satisfaction. Le plus important, c’est qu’on a été applaudis après la Can. Nous travaillons pour éviter de ternir l’image de notre pays. Moi, j’ai fait deux matches. El Hadj Malick Samba, lui, a officié comme assistant sur le terrain et à la Var (Vidéo Assistance Refere, NDLR). Nous rendons grâce à Dieu. Cela nous donne beaucoup plus de motivation pour l’avenir.

Quel regard portez-vous sur l’arbitrage sénégalais au plan national ?

Nous entendons à travers les médias des critiques venant des dirigeants, joueurs et supporters. Nous acceptons ces critiques tant qu’elles sont objectives. Mais il faut reconnaitre que l’arbitrage sénégalais dépasse de loin le niveau de nos compétitions. C’est ce qui explique souvent des incompréhensions entre les arbitres et les autres acteurs du football : dirigeants, joueurs et supporters. Ces derniers ne comprennent pas souvent certaines décisions arbitrales. Je les invite à s’intéresser désormais aux lois du jeu. Cela leur permettra de pouvoir interpeller des arbitres et des membres de la Commission centrale des arbitres s’il y a des choses qui ne sont pas claires à leur niveau. C’est mieux que de rester à l’ombre et de critiquer ou accuser à tort.  

Quelle analyse faites-vous de l’introduction de la Var avec les polémiques qu’elle a créées ?

Les acteurs du football doivent comprendre que la Var est là pour aider. L’arbitrage vidéo a été introduit pour rétablir toute erreur de nature à changer le cours du match. Il y a eu dans le passé des buts valables qui ont été refusés.  Il y a eu également des penalties inexistants accordés. Vous comprendrez donc qu’il y a eu des injustices dans les grandes compétitions. Je crois que la Var est là pour régler des problèmes et non pour en créer. Mais il faut que les acteurs comprennent le concept. C’est normal qu’il y ait des polémiques au début, parce que c’est une nouvelle réforme. Ça prendra du temps pour que les gens puissent y adhérer, mais je suis sûr qu’au fil des années, ils vont comprendre que la Var a bien son importance dans le jeu.

Etant professeur d’éducation physique et sportive, comment faites-vous pour concilier l’enseignement et l’arbitrage ?    

J’ai toujours allié le sport et les études. Cela veut dire que j’ai été sportif avant d’être professeur. Il s’y ajoute que je suis sorti de l’Inseps (Institut national de l’éducation populaire et sportive de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, NDLR) où l’on forme des professionnels de l’éducation physique et sportive et des professionnels des études. Cela ne pose aucun problème pour moi, parce qu’il y a une compréhension entre les autorités sportives, les responsables académiques et mes collègues. Je voyage beaucoup certes, mais avant de quitter le pays, je bénéficie d’une autorisation. Mes collègues se partagent mes classes pour assurer l’enseignement-apprentissage jusqu’à mon retour.    

OUMAR BAYO BA  

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