Publié le 19 Aug 2019 - 18:38
MAKHA DIOP RACONTE PAR SES PAIRS

‘’El Capo’’, ‘‘super agent’’ clivant

 

Mis aux bancs des accusés dans le meurtre du ‘’jakartaman’’ Mafatim M. Mbaye, le chef de la brigade de recherches du poste de police des Parcelles-Assainies de Thiès, est peint comme un agent spécial. Ses collègues policiers racontent un personnage… clivant.

 

Dans tous les services qu’il a fréquentés, depuis 2005, date de sa sortie de l’Ecole nationale de police et de la formation permanente avec la 36e promotion, l’auxiliaire de police Makha Diop a laissé des traces. Ce flic atypique et hors norme, selon plusieurs témoignages, qui aime les feux des projecteurs, se retrouve dans l’œil du cyclone. Il est accusé d’avoir mis fin à la vie du jakartaman Mafatim M. Mbaye, dans la nuit du vendredi au samedi à Thiès. Ce protégé de l’actuel directeur général de la Police national (Dgpn), l’inspecteur général de police Ousmane Sy, a eu à servir dans plusieurs services de la police : Grand Dakar, Point E, la Division de la surveillance territoriale (Dst) - le fameux service des renseignements généraux.

L'agent de police Maha Diop, qui se fait appeler ‘’El Capo’’ a, pendant des années, servi aux renseignements généraux, à Thiès. Dans la capitale du Rail, l’homme s’est fait un nom. C’est à la faveur de la nomination de l'inspecteur général de police Ousmane Sy, à la tête de la Dgpn, que sa carrière a pris l’ascenseur. Il a été affecté au poste de police des Parcelles-Assainies de Thiès comme chef de la brigade de recherches. Mais cette nomination, rapportent nos interlocuteurs, s’est heurtée au veto de l’ancien commissaire central de Thiès Mamadou Tendeng. Puisque le policier en ‘’dreadlocks’’ est connu pour ses frasques, ses histoires de mœurs et son comportement ‘’suspect’’ envers certains trafiquants.

Ainsi, d'après plusieurs sources, le commissaire était farouchement opposé à l'admission de Maha Diop au poste de police des Parcelles-Assainies. Lorsqu’il s’est résolu à accepter cette décision, il aurait instruit le chef du poste de police, le capitaine Babacar Mbengue, de demander à Maha de raser ses rastas et de se présenter en tenue correcte pour sa prise de service.

Se vantant de sa proximité avec le nouveau patron de la police, Maha a refusé d'obéir aux instructions, dit-on. En conséquence, le capitaine Babacar Mbengue, sur instructions du commissaire central de Thiès, aurait refusé de recevoir Maha Diop. ‘’La suite a fait trop de bruit, dans les rangs de la police, avec les affectations incompressibles et précipitées du commissaire Tendeng et du capitaine Babacar Mbengue’’, dit-on.

Juste après leurs départs, Maha Diop a été installé avec ses dreadlocks et sans tenue, d'abord au commissariat central, puis au poste de police des Parcelles-Assainies comme patron de la brigade de recherches. Maha se serait même vanté, dans les rues de Thiès, d'avoir bouté hors de Thiès ceux qui s'étaient opposés à son intégration au commissariat de Thiès. D'après nos interlocuteurs, le remplaçant du commissaire Tendeng a été briefé par rapport à cette situation, mais sans effet.

Noceur adepte du ‘’battré’’

El Capo, poursuivent nos sources, fréquente beaucoup les bars de la capitale du Rail. Ils seraient son ‘’deuxième bureau’’. Pour montrer la puissance du gars, un limier raconte : ‘’Il a fait revenir, avec l'accord de son chef de service, un Asp que le commissaire Tendeng avait renvoyé de sa direction pour comportement incompatible avec les missions de sécurité publique. Il est agent de police comme tous les agents. Il n’a jamais été un indicateur, comme cela se dit. Il est juste quelqu’un qui aime les frasques. Il faisait des interpellations abusives. Maha était au commissariat central, mais ne s'entendait pas avec ses collègues de la brigade de recherches qui ne cautionnaient pas ses mauvaises habitudes.’’

D’ailleurs, son départ du commissariat de Grand Dakar avait été précipité par le fait que les jeunes du quartier, ne pouvant tolérer son comportement vis-à-vis de leurs sœurs, mais aussi du fait qu’il avait poignardé un trafiquant, étaient allés le trouver chez lui, une nuit, pour lui faire sa fête. La direction de la police, à l’époque, avait jugé plus sage de le faire changer de poste.

Selon d’autres témoignages, le policier rastaman est connu comme une personne qui aime la belle vie. Très proche de l’artiste Waly 2 de Thiès, il adore faire des ‘’battré’’, lors de ses soirées. Il se prend en photo, fumant la chicha. ‘’Il fait beaucoup de tort à des gens. Il a fait l’objet de multiples plaintes de la part de sa hiérarchie, sans suite. Il fait tout ce qu’il veut, sans sanction. Mais là, il a atteint le summum’’, raconte un policier à la retraite qui a travaillé avec lui.

‘’Les gens sont jaloux de sa proximité avec le Dgpn’’

Mais El Capo a des partisans au sein de la police. Des personnes qui le connaissent soutiennent que c’est un agent qui aime son travail. Qui se tue pour avoir des résultats. ‘’Tout cet acharnement sur sa personne est lié au fait que les gens sont jaloux de sa proximité avec le Dgpn. Professionnellement parlant, on n’a aucun reproche à lui faire. Beaucoup de policiers sont jaloux de lui. Ils ne le digèrent pas. Ses adversaires, qui veulent sa mort, applaudissent, alors qu’il n’y a rien’’, confie une connaissance.

MAME TALLA GAYE

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