Publié le 4 Apr 2020 - 01:56
MALADES ATTEINTS DU CORONAVIRUS

Les personnes de plus de 60 ans représentent 14 %

 

Les personnes âgées, les enfants et les patients atteints de maladies chroniques sont les plus à risque à la pandémie de la Covid-19. Au Sénégal, la tranche d’âge des cas est de 25 à plus de 60 ans. Les femmes sont les plus touchées.

 

Depuis quelque temps, les rumeurs sur l’âge des patients infectés par la pandémie au Sénégal inquiètent la société. Des spéculations que, sûrement, le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), Docteur Abdoulaye Bousso, ne supporte pas. Hier, lors de la conférence mensuelle tenue par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, il a pris la peine d’éclairer les choses.

‘’On épilogue beaucoup sur l’âge de nos patients. Ce qu’on a vu, c’est que les personnes âgées de 25 à 60 ans représentent 64 %. Les personnes de plus de 60 ans représentent 14 %. On disait, plus les personnes sont âgées, plus les risques sont élevés. Nous l’avons vu avec les cas graves. Il est extrêmement important de protéger ces groupes vulnérables. Pour nous qui sommes dans la communauté, nous devons pouvoir respecter l’ensemble des mesures édictées’’, conseille le Dr Bousso.

Par rapport aux contacts, il précise que le chiffre est très dynamique. D’autant que, dit-il, les contacts des 5 enregistrés hier sont en train d’être recherchés et d’être compilés. Donc, ‘’nous avons 2 888 contacts, depuis le début, et parmi eux, 1 037 sont sortis du suivi. Parmi les 1 851 qui sont en train d’être suivis, certains sont confinés dans des hôtels. C’est extrêmement important, cette proportion des cas à suivre’’.  Parce que, dit-il, quand on arrive à maîtriser tous les contacts et faire en sorte que toutes ces personnes, même si elles tombent malades, elles sont déjà dans un environnement protégé, confiné. Cela permet de maîtriser cette épidémie. Pour la répartition par sexe, il souligne que les femmes sont plus touchées. Elles représentent 53 % des malades, contre 46 % chez les hommes.

500 lits disponibles pour la prise en charge des malades

Pour le docteur Abdoulaye Bousso, il y a actuellement 500 lits disponibles pour prendre en charge les malades. ‘’Donc, nous avons une marge de lits pour les patients. Le service de réanimation de l’hôpital Fann est déjà fonctionnel, avec une capacité de 10 lits. Pour chaque site de traitement, des équipes de réanimation sont en train d’être disposées. Au niveau de ces sites, l’ensemble du personnel dispose du matériel de protection et d’équipements. Nous avons même des stocks disponibles. L’Etat du Sénégal en a achetés et nous avons reçu des dons de la Chine, notamment. Ils sont au niveau du Cous et de la PNA’’. Avant d’ajouter que des commandes sont en train d’être faites pour renforcer ce stock.

S’agissant des personnes qui demandent s’il est possible d’aller faire des tests, il recommande de ne pas aller dans les structures, les laboratoires principalement. ‘’Les tests sont essentiellement réservés aux personnes contacts qui deviennent suspectes. C’est-à-dire qui présentent des signes. L’Iressef prend la région de Thiès. L’Institut Pasteur a mis, à la disposition de la région de Touba, un laboratoire mobile et, d’ici quelques jours, un autre sera affecté à Ziguinchor’’, informe l’urgentiste.

Dans la même veine, le directeur général de l’Institut Pasteur de Dakar, Docteur Alpha Sall, soutient qu’un dépistage massif ne se justifie pas, aujourd’hui. D’autant que cela présente des limites importantes, compte tenu des capacités qui existent et des aspects logistiques. ‘’La situation du Sénégal ne le justifie pas. C’est pour cela, jusqu’à présent, il a été mis une stratégie pour laquelle chaque personne qui est considérée comme un cas suspect va être prélevée et son échantillon transmis pour test’’, persiste le laborantin.

Par ailleurs, le chef du Service des maladies infectieuses, Professeur Moussa Seydi, annonce que les patients sous traitement spécifique avec l’hydroxychloroquine guérissent plus vite. ‘’Mais après avoir traité un certain nombre de patients, nous n’avons pas noté d’effets secondaires. Nous sommes en droit de passer maintenant à la deuxième étape, dans les jours à venir, y ajouter l’azithromycine, ce qui devrait nous permettre d’avoir de meilleurs résultats’’, annonce l’infectiologue.

Il a, en outre, précisé que la prise en charge ne se limite pas seulement au traitement spécifique. Même si le traitement antiviral leur permet de raccourcir la durée d’hospitalisation, de guérir plus vite le malade. Mais, dit-il, ce traitement ne serait pas suffisant, si on ne l’associait pas à d’autres traitements thérapeutiques tels que le traitement symptomatique. Même le traitement de réanimation tel que l’utilisation du respirateur fait partie du traitement symptomatique.

‘’Le combat de la prise en charge ne nous fera pas gagner la guerre’’

Selon lui, le traitement symptomatique est essentiel. ‘’Nous devons traiter en même temps les comorbidités, parce que nous avons des patients qui nous viennent avec d’autres pathologies associées telles que le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypertonie, l’insuffisance rénale. Nous devons prévenir les complications. La prise en charge est un ensemble, c’est un package’’, prévient le Pr. Seydi. Pour lui, le combat n’est pas celui de la prise en charge, c’est le combat de la prévention. ‘’La prévention passe par le respect des mesures qui ont été proposées par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. C’est le combat de la prévention qui nous fera gagner la guerre, non le combat de la prise en charge’’, tranche le Pr. Seydi.

Pour sa part, le directeur général de l’Institut Pasteur, Docteur Alpha Sall, soutient que les capacités sont de 500 tests par jour au sein dudit institut. Mais très prochainement, ils comptent une montée à une capacité de 1 000 tests par jour. Ces tests, renseigne le Dr Sall, ont été déployés non seulement au niveau du site de l’Institut Pasteur à Dakar, mais aussi sur Touba, depuis le 14 mars 2020. ‘’Un laboratoire mobile est positionné au centre de Darou Khoudoss de Touba pour se rapprocher d’un foyer important. Ce laboratoire a testé, non seulement pour la zone de Touba, mais aussi les régions de Diourbel, Louga, Fatick, Kaolack, Kaffrine, Matam et Tambacounda. Ses capacités vont encore être déployées dans la zone de Ziguinchor où un laboratoire de l’Institut Pasteur sera mis en place’’, renseigne le laborantin.

Chaque contact considéré comme un contact à risque va être prélevé et testé. Sinon, ce sont les malades hospitalisés qui seront testés.

VIVIANE DIATTA

Section: