La traque des comorbidités

La pandémie à Covid-19 a rappelé l’importance d’accorder une priorité aux maladies non transmissibles. Plusieurs décès enregistrés ont été causés par la comorbidité. Pour maitriser leur incidence, une réunion s’est tenue hier avec tous les départements ministériels, afin d’élaborer une feuille de route qui vise à terme leur réduction.
Les Maladies Non Transmissibles (MNT) tuent beaucoup plus que le l’infection à VIH, le paludisme et la tuberculose réunis. Le Directeur de la lutte contre la Maladie, Docteur Babacar Gueye, note que beaucoup d’efforts ont été faits pour maitriser les maladies infectieuses, notamment la tuberculose, l’infection à VIH, le paludisme. Mais, on fait face à une propension de maladies non transmissibles parmi lesquelles les cancers, le diabète, les infections respiratoires chroniques, les maladies cardiovasculaires, les troubles mentaux, la maladie rénale chronique et certaines maladies génétiques. La dernière enquête Steps au Sénégal, renseigne-t-il, a montré des prévalences assez élevées, notamment, pour l’hypertension artérielle 29, 8% et 3,4% pour le diabète.
Hier, lors de la réunion du comité national multisectoriel de lutte contre les maladies non transmissibles qu’il a présidée, il a expliqué que la particularité de ces maladies est qu’elles ont en commun des facteurs de risque. Ils sont au nombre de 5 : mauvaise alimentation, sédentarité, usage nocif d’alcool, tabagisme et pollution atmosphérique. ‘’Pour lutter contre ces facteurs de risques, le seul secteur de la santé ne peut pas agir. Il est important, dans le cadre de la multisectorialité, de faire intervenir l’ensemble des secteurs concernés par ces facteurs de risques de ces maladies. Parce qu’aujourd’hui, s’agissant des traitements de la Santé, ce qui relève du Ministère de la Santé, c’est juste 30%. Les 70% restant relèvent des autres départements ministériels’’, fait-il savoir.
C’est d’ailleurs pour cette raison que tous départements ministériels sont réunis pour valider la feuille de route. Qui identifiera la contribution de chaque secteur, pour maitriser les facteurs des MNT. ‘’Il faut maitriser leur incidence. A la sortie de la réunion, chaque département ministériel nous dira, en termes d’actions précises, quelle devra être la contribution à apporter pour la réduction de ces maladies’’, explique le médecin.
Mais pour arriver, il faudra relever de nombreux défis. ‘’Il y a beaucoup d’investissements faits dans le domaine des MNT. Mais, il faut arriver à ce qu’il y ait un équilibre dans les interventions. On peut intervenir dans les soins, mais aujourd’hui, ce sont des maladies à soins couteux. Nous sommes dans des pays en voie de développement, le défi majeur est d’investir dans la promotion de la santé et dans la prévention. Ce, surtout à bas-âge, pour inculquer à nos enfants comment grandir avec le bon comportement pour éviter le tabac, la sédentarité et la mauvaise alimentation. Le défi majeur reste la prévention’’, soutient Dr Gueye.
Le chef de la division de la lutte contre les maladies Non transmissibles, Docteur Malick Anne, est du même avis. Il invite à prendre des mesures urgentes, pour empêcher les MNT de constituer un frein à l’émergence de notre Pays. Car, souligne-t-il, ils sont responsables de 70% des décès dans le monde. Les quatre majeures (cancers, diabète, maladies cardiovasculaires, affections respiratoires chroniques) sont à l’origine de la mortalité prématurée, c’est-à-dire des décès qui surviennent entre 30 et 70 ans. ‘’La plupart de ces MNT ne sont pas seulement responsables d’un grand nombre de décès, mais constituent aussi un poids lourd pour les individus et un fardeau difficile à supporter pour les familles et les communautés. Elles sont de grandes pourvoyeuses de handicaps et de troubles psycho-sociaux. Elles entraînent des pertes économiques importantes, du fait de leurs soins coûteux et du fait d’une baisse de la productivité qu’elles peuvent engendrer’’, prévient le médecin.
VIVIANE DIATTA