Publié le 8 Oct 2014 - 21:39
MALAL CAMARA, DG AGENCE DE DEVELOPPEMENT LOCAL (ADL)

«On ne demande pas la lune à Karim Wade…» 

 

Comment appréciez-vous la situation nationale ?

Globalement nous vivons une situation nationale assez complexe où le président de la République fait face à plusieurs dossiers qui ont un impact sur la vie politique nationale. Parmi ces dossiers, il y a celui du fils de l’ancien président de la République, Karim Wade, qui, comme vous le savez, fait couler beaucoup d’encre depuis un certain temps. Mais à ce niveau, je pense que le Président Macky Sall est assez responsable et s’est toujours mis au dessus du lot. C’est une question judiciaire, qui est en train d’être gérée de manière responsable par la justice sénégalaise. Tout le monde fait confiance à la justice sénégalaise et au moment venu, elle délibérera. Seulement, faudrait-il accepter les décisions rendues, quelles qu’elles soient.

Que pensez-vous du procès en lui-même ?

Equitable, le procès l’est déjà depuis son démarrage. Cela, malgré toues les récriminations de ses avocats et des militants libéraux. Depuis le début du procès, on n’a pas demandé la lune à Karim Wade, on lui a simplement demandé de justifier l’origine de son patrimoine. S’il y parvient, il sera libre. Au cas contraire, la justice prendra ses responsabilités.

Le Président a promis des réformes institutionnelles dont la réduction de son mandat de 7 à 5 ans. On attend encore.

Le président de la République a pris tout seul l’engagement de réduire son mandat de deux ans. Ce n’est pas une obligation de le faire puisque c’est lui qui en a pris l’initiative. Il n’a pas à se précipiter. Le Sénégal vient de sortir des élections locales et ne peut pas subitement engager un référendum qui va nous coûter encore des milliards de francs Cfa. On peut donc valablement attendre jusqu’à l’approche des élections de 2017 pour tenir le référendum. Je reste convaincu qu’il respectera ses engagements et s’organisera pour que les Sénégalais puissent s’exprimer sur la question. Si les citoyens estiment opportun de réduire le mandat, ils le diront. Mais ils peuvent également penser qu’il a engagé des réformes et qu’il n’est pas pertinent de réduire le mandat de deux ans.

A votre avis, est-ce pertinent cette initiative ?

A mon avis, Macky Sall a été élu pour sept ans. Je ne suis pas d’accord avec lui sur la réduction de son mandat. Il a engagé des réformes et la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent est en train d’être faite. Ce serait intéressant de le laisser faire sept ans pour qu’il y ait au moins le temps de venir à bout du redressement économique engagé pour mettre le pays sur les rampes de l’émergence. Ce qui a été prévu par la constitution doit être respecté.

En restant à sept ans, il se dédirait.

Il a pris un engagement et il faut un référendum. Si le non l’emporte sur le oui, le président de la République fera un mandat de sept ans sans se dédire.

Vous êtes responsable de l’APR à Tambacounda. Comment voyez-vous le déploiement de votre parti au niveau local ?

Le parti est assez fort à Tambacounda, il faut le reconnaitre. Nous avons gagné au premier tour et au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2012, et pendant les élections locales de 2014. C’est-à-dire que le parti est présent sur le terrain. Son seul problème, c’est surtout le management au niveau local. Nous avons beaucoup de responsables et très souvent il y a beaucoup de clans qui ne s’entendent pas sur l’essentiel. C’est cela la limite du parti ici.

Lors des dernières locales, vous aviez été pressenti au poste de maire, puis plus rien. Que s’est-il passé ?

C’est vrai que j’avais l’ambition de me présenter au poste de maire. Mais au dernier moment, la direction politique nationale du parti m’en a dissuadé. Elle m’a demandé de ne pas me présenter et j’ai respecté l’esprit de cette décision. Mieux, j’ai soutenu le candidat du parti. Malheureusement nous avons perdu car le candidat du parti n’est pas passé. C’est un autre qui a gagné.

Vous êtes le Dg de l’ADL, une structure qui jusqu’ici reste dans l’anonymat. Qu’est ce qui explique cette situation ?

L’ADL est une jeune structure qui a été créée en 2010 et a commencé à fonctionner en 2011. Il y a eu à sa tête une instabilité institutionnelle. Moi je suis le quatrième Dg. C'est-à-dire qu’entre 2010 et 2014, il y a eu quatre Dg. Il n’y a pas de stabilité jusqu’à maintenant. Je suis là depuis un an et demi, on est en train de mettre en place tout un dispositif, avec une planification assez importante pour accompagner les collectivités locales. L’agence est en train d’évoluer très positivement malgré l’absence de moyens. Sous peu, vous allez beaucoup entendre l’agence aux cotés des collectivités locales.

En quoi consiste la mission de l’agence ?

L’ADL a une mission de coordination des actions de développement local à la base. On accompagne les collectivités locales dans l’exercice de leurs missions, dans la planification du développement au niveau de la base. On les dote également de matériels, on est en train de mettre en place un observatoire national de la décentralisation et du développement local. Ce sera un outil important où sera logé tout ce qui est information territoriale.

Ce sera un instrument de décision qui va permettre aux autorités locales d’avoir des informations concrètes sur leurs territoires quand il s’agira de prendre des décisions. Nous coordonnons également tout ce qui est suivi des transferts financiers de l’Etat vers les collectivités locales. Jusqu’à maintenant, nous n’avions pas d’outils adéquats nous permettant de faire correctement le suivi, mais nous sommes en train de remédier à cela surtout avec l’entrée en vigueur de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation.

Beaucoup de structures interviennent dans le développement local. N’y a-t-il pas risques de télescopages sur le terrain ?

C’est vrai qu’il y a plusieurs structures qui s’activent sur le terrain. En plus de l’ADL, il y a le PNDL, l’ADM, la DADL. Mais je pense que c’est tellement costaud que chacun à sa place. Le PNDL, à l’origine, est un programme qui devait s’arrêter depuis bien longtemps mais qui a été renouvelé plusieurs fois. C’est que les populations et surtout les communes ont besoin de structures d’accompagnement. La vérité est que l’ADL et le PNDL ne peuvent pas tout faire. Ce n’est donc pas de trop que toutes ces structures interviennent dans le domaine du développement local. L’essentiel, c’est de ne pas se mettre à faire les mêmes choses.    

PAR ASSANE MBAYE

 

 

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