Publié le 12 Oct 2020 - 20:20
MALI

Dans les coulisses de la libération des otages, d'âpres négociations

 

La libération jeudi soir des quatre otages au Mali, Soumaïla Cissé, Sophie Pétronin et les deux Italiens, Nicola Chiacchio et le père Pier Luigi Maccalli, est intervenue à l'issue de longues et difficiles négociations à l'issue longtemps incertaine. Une rançon aurait été payée et de nombreux jihadistes ont été libéré par les autorité maliennes. Retour sur ce que l'on sait des tractations et des contreparties exigées.

 

Le 5 avril dernier, quelques jours après l’enlèvement de Soumaïla Cissé, le Premier ministre de l’époque Boubou Cissé sur papier avec en tête de la primature, délivre un mandat à un homme d’affaires malien pour conduire les démarches en vue de la libération de l'opposant.

Très rapidement le contact est établi. Les ravisseurs du groupe jihadiste de Iyad Ag Ghaly acceptent des médicaments destinés à l’homme politique malien, donnent des preuves de vie et posent par écrit deux conditions pour le libérer. Première condition, l’élargissement de prisonniers jihadistes détenus au Mali et, deuxième condition, le paiement d’une rançon de 2 millions d’euros.

Les discussions se poursuivent mais entre temps la fillière de négociations est dessaisie et l’affaire est confiée aux services spéciaux du Mali qui désignent un autre médiateur… Et là le président malien d'alors, Ibrahim Boubacar Keïta, demande aussi la libération de l’otage française Sophie Pétronin par le même canal. De longues tractations s'ensuivent d'autant la demande de libération de deux otages italiens s'ajoute à la liste.

Finalement le week-end dernier au moins 200 prisonniers jihadistes ou présumés tels sont libérés. Parmi eux une vingtaine de « gros calibre ». Une source pénitentiaire malienne se souvient d’ailleurs que dans le cadre d’une enquête, il y a quelques moins, la division « droit de l’homme » de la mission de l’ONU au Mali leur avait rendu visite en prison. Mais au dernier moment un grain de sable a surgi, bloquant le processus. Les ravisseurs exigent d’autres libérations. Demande acceptée… Une rançon aurait été payée et les otages ont finalement été libérés.

Des contreparties qui questionnent en France

La libération de 200 jihahistes le week-end dernier, peut poser problème selon Christian Cambon, le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat. Notamment pour les militaires de Barkhane. Christian Cambon, joint au téléphone par Pierre Firtion du service Afrique de RFI.

« Si la junte actuellement au pouvoir a organisé cet échange dans le sens d’une réconciliation nationale, cela peut se concevoir au sens où, à chaque fois que se termine un conflit intérieur qui a entraîné beaucoup de drames, beaucoup de sang, il y a toujours des échanges de prisonniers, des libérations de part et d’autre, cela peut se comprendre.

Si malheureusement tel n’était pas le cas, et c’est là effectivement où se situe mon souci, cela voudrait dire que, parmi les 100 ou 200 – on ne sait pas encore exactement combien de prisonniers ont été libérés – et au sein desquels se trouvent de manière absolument formelle quatre ou cinq terroristes qui ont signé des crimes de sang épouvantables –, s’il n’y a pas de contrepartie de paix et d’apaisement et s’il s’agit de simplement de la contrepartie de ces quatre libérations, bien évidemment, là, cela pose problème. Et si c’était ça le marchandage, cela aurait été un marchandage particulièrement périlleux et dangereux pour nous ».

RFI

 

Section: 
DONALD TRUMP CONVOQUE UN MINI-SOMMET AFRIQUE-USA À WASHINGTON : Enjeux minéraux, sécurité et diplomatie ciblée
ATTAQUES DU 1ER JUILLET : Bamako pointe des “sponsors étatiques” sans preuve  
MALI : Attaques jihadistes massives aux portes du Sénégal, une alerte ignorée ?
RÉPRESSION VIOLENTE AU TOGO : Trois jours de sang et de silence
L'AFRIQUE QUI BRULE ET CELLE QU'ON APAISE : Togo, Kenya, RDC-Rwanda, trois secousses, un même mépris
SONKO EN CHINE : Diplomatie active, accords concrets et nouvelle ère stratégique
CONFLIT IRAN-ISRAËL : Trêve fragile
CRISE NUCLÉAIRE : L’Ambassadeur d’Iran à Dakar interpelle la communauté internationale
RIPOSTE IRANIENNE CONTRE AL-UDEID : L'offensive de Téhéran bouleverse l’équilibre régional
ISRAËL-IRAN : Guerre préventive ou civilisationnelle ? 
EMPLOIS DANS LE MONDE EN 2025 : 53 millions seront créés, soit sept millions de moins que prévu
DIOMAYE PRESSENTI, BIO DÉSIGNÉ : Les coulisses d’un choix inattendu à la tête de la CEDEAO
YUVAL WAKS (AMBASSADEUR D’ISRAËL AU SÉNÉGAL) : ‘’S’il y a une réaction de l’État du Sénégal…’’
CRISE AU MOYEN-ORIENT ET ENVOLÉE DU BRUT : Le paradoxe pétrolier sénégalais
CONFLIT ENTRE ISRAEL ET L’IRAN : Péril sur l'ordre international
CYBERCRIMINALITE – DEMANTELEMENT RESEAU DE VOLEURS : Interpol neutralise plus de 20 000 adresses IP
MOUHAMADOU BASSIROU POUYE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AFRICAIN DU CONSEIL D’AFFAIRES CHINE-AFRIQUE DE YIWU : ‘’La visite du Premier ministre va incontestablement redynamiser les échanges bilatéraux’’
En Afrique, le « travel ban » à géométrie variable de Donald Trump
SHARREN HASKEL (VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES D'ISRAËL) : "Si le Hamas nous rend les otages, il y aura la paix, sinon..."
CAUSE PALESTINIENNE : Les “amis de la Palestine” fustigent l'interdiction de leur sit-in