Aly Ngouille Ndiaye engage le gouvernement
La cérémonie officielle du Magal de Touba a eu lieu hier. Le ministre de l’Intérieur, chef de la délégation gouvernementale, est revenu sur plusieurs sujets dont le manque d’eau, l’assainissement, l’électricité et les inondations dans la cité religieuse, le dégel entre le chef de l’Etat et son prédécesseur.
La disponibilité du liquide précieux a été l’une des taches noires de l’édition 2019 du Magal de Touba. Le ministre de l’Intérieur l’a reconnu. Délivrant le message du chef de l’Etat, lors de la cérémonie officielle, Aly Ngouille Ndiaye est revenu sur les dispositions que le chef de l’Etat compte prendre pour que cette question récurrente du manque d’eau dans la cité religieuse soit un vieux souvenir. ‘’Des coupures d’eau ont été notées dans quelques localités, comme Darou Marnane. J’ai personnellement été témoin de ce manque d’eau.
C’est la raison pour laquelle le président de la République a envisagé des solutions. Il s’agira de recourir à plusieurs options dont la première consiste à transférer l’eau de Touba Bogo ou bien de Sadio, afin que la cité religieuse puisse disposer de l’eau douce. Il faudra aussi revisiter le réseau d’adduction d’eau qui est vieux. Et aussi procéder à la mise en service de nouveaux forages, d’autant plus que c’est la première fois que 30 forages ont été installés dans la capitale du mouridisme et l’eau n’a pas été suffisante pour l’approvisionnement des fidèles, alors que la quantité produite par ces forages devait suffire pour ravitailler les populations de Touba et les localités environnantes durant le Magal’’. De ce fait, il a annoncé un audit pour voir là où le bât blesse.
Venu représenter le président de la République, Aly Ngouille Ndiaye, à la tête d’une forte délégation composée, entre autres, du ministre d’Etat Ndèye Marième Badiane, des ministres conseillers Youssou Ndour et Arona Coumba Ndoffène Diouf et du ministre-conseiller en communication du président de la République Seydou Guèye a également abordé la lancinante et préoccupante question des inondations. ‘’Le président de la République, dit-il, envisage une solution durable pour mettre fin définitivement aux hantises que causent les inondations, surtout que, les années à venir, le Magal va se dérouler en plein hivernage’’. En outre, soutient le ministre de l’Intérieur, le président de la République a donné des instructions fermes pour que toutes les dispositions nécessaires soient d’ores et déjà prises en perspective de la 126e édition du grand Magal de Touba.
L’université, le nouveau chantier
Le ministre Aly Ngouille Ndiaye a aussi demandé au khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, de prier pour que la paix continue de régner au Sénégal. Ce, tout en se réjouissant de la réconciliation entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, lors de l’inauguration de la mosquée de Massalikoul Jinaan, le 27 septembre dernier à Dakar. ‘’L'année dernière, nous avions dit que le Magal engendrait des bienfaits complémentaires. C'est parce que c'est un jour de reconnaissance et Dieu a promis aux reconnaissants des rétributions. Il y a un an, nous avions sollicité de vous des prières pour des élections paisibles. Au lendemain de la joute, la paix fut totale et à tous les points. Cette cérémonie, c'est aussi l'occasion pour nous de nous féliciter de la journée d'inauguration de la mosquée Massalikoul Jinaan. Nous ne faisons pas allusion à la rapidité d'exécution des travaux, mais de la ferveur que ce moment a suscitée. Je fais allusion aussi à cette réconciliation que vous avez organisée entre les présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade. Cette présence appréciable des autres foyers religieux a aussi été impressionnante et salutaire. Votre disciple, le président Macky Sall, n'est pas resté les bras croisés, pour avoir dégagé un peu moins de 7 milliards pour gérer l'assainissement qui environne ladite mosquée''.
Aly Ngouille Ndiaye se dit persuadé que les 32 milliards nécessaires pour la construction de l’université de Touba seront mobilisés par les talibés. En ce qui le concerne, soutient-il, l’Etat va accompagner ce projet.
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REACTIONS El Hadj Malick Faye, Journaliste à Sud Fm et chroniqueur religieux : ‘’C’est un discours fédérateur’’ ‘’Le discours du khalife, pratiquement, ne change pas. Pour qui connait la philosophie du mouridisme, ils ne font qu’appeler à la paix, à l’unité et à la cohésion, parce que le Cheikh l’a mentionné dans tous ses écrits, par exemple, dans ‘’Massalikoul Jinaan’’, etc. Alors, c’est un discours fédérateur. Le ministre de l’Intérieur a rappelé de ‘’Massalikoul Jinaan’’, ce qui est la suite, la continuité des travaux entamés par le mouridisme. Naturellement, il y a la main de l’Etat, parce qu’il a dit que Macky Sall a fait une intervention extraordinaire pour régler ce problème. De toutes les façons, le discours ne change pas. C’est un discours fédérateur, de cohésion et le Sénégal a besoin de cette cohésion, parce que le pays a besoin de cette cohésion, puisque les ‘’tarika’’ sont les deux piliers sur lesquels repose la paix dans ce pays. La jeunesse, c’est l’avenir. L’année dernière, c’était la même chose, parce que la jeunesse a besoin d’être orientée.’’ Moustapha Tall, Opérateur économique : ‘’Il faut que l’eau soit payée à Touba’’ Pour éviter les situations récurrentes de manque d’eau, l’opérateur économique Moustapha Tall déclare : ‘’Il faut qu’on accepte de faire payer les gens. C’est la seule solution. Le talibé mouride n’est pas avare, il peut contribuer pour la fourniture de l’eau. L’eau ne peut pas être gratuite, c’est impossible. Touba est la seule ville au monde où les gens ne paient pas.’’ Sur le fait que les personnes restent presque une semaine sans travailler, il répond : ‘’C’est la baraka. C’est ce qui explique la ruée vers Touba. Tout ce que nous avons perdu, nous le récupérons le lendemain. Vous ne verrez pas un mouride pauvre. Le mouride partage tout ce qu’il a.’’ CHERIF MOHAMED ALI HAIDARA, Guide de la communauté chiite du Sénégal : ‘’Il faut une justice pour tout le monde’’ Le chef de la communauté chiite du Sénégal était l’hôte du khalife général des mourides. Il a magnifié la paix au Sénégal et les retrouvailles entre l’ancien président Abdoulaye Wade et le chef de l’Etat Macky Sall : ‘’J’étais présent et juste à côté du khalife général. Je salue cet événement. Quand j’ai vu la réconciliation et d’autres actes qui vont dans le même sens, cela m’a vraiment fait plaisir et en même temps, je prie pour que des actes comme de ce genre continuent au Sénégal, parce que c’est un pays de paix. Nos parents nous ont enseigné à vivre ensemble. Je souhaite que l’on puisse garder cet héritage.’’ S’exprimant sur la justice, le président de l’institut Mozdahir International a laissé entendre : ‘’Je ne veux pas qu’on perde cette éducation qui est le vivre ensemble et en paix, quelles que soient notre croyance, notre divergence d’appartenance religieuse, nous restons des Sénégalais et des frères. Je ne peux que saluer cet acte et je prie beaucoup pour qu’il y ait la paix au Sénégal. Pour qu’il ait plus de justice, une justice pour tout le monde. Que tout le monde soit traité de façon juste et de la même manière, c’est cela qui amène la paix. Mais quand on fait deux poids, deux mesures, c’est cela qui amène des confits et des problèmes, et je souhaite vraiment que nous n’allions pas dans cette direction.’’ |
BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)
