Publié le 20 Mar 2017 - 12:19
MANQUE DE SPECIALISTES, INSUFFISANCE DES MEDECINS FORMES, MANQUE DE MOTIVATION, BOURSES…

La longue liste de doléances du Sames 

Dr Boly Diop, secrétaire général du Syndicat

 

Une rencontre de réflexion sur la gestion des ressources humaines dans les secteurs de la santé et la problématique de la formation des médecins a regroupé, à Saly, le Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal (Sames), le Doyen de la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) et le conseiller technique du ministère de la Santé.

 

Le Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal (Sames) était, ce week-end, en conclave à Saly. Dr Boly Diop, secrétaire général du Syndicat, ses collègues, le doyen de la faculté de Médecine de l’Ucad et le conseiller technique du ministère de la Santé et de l’Action Sociale (Msas) ont entamé une réflexion sur la gestion des ressources humaines dans les secteurs de la santé et en particulier la problématique de la formation des médecins dans les différentes spécialités. Leur constat est doublement inquiétant. Le premier est, qu’en ‘’dehors de Dakar, aucune des autres régions du Sénégal ne remplit ni les normes du programme national de développement sanitaire, ni celles de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms)’’. ‘’Des situations ubuesques sont notées au Sénégal, notamment, dans les régions de Kédougou, de Tambacounda, de Sédhiou, qui comptent seulement trois médecins spécialistes pour 500 000 habitants’’, s’est désolé Dr Boly Diop.

‘’En dehors de la région de Dakar, c’est le désert médical’’

Pis encore, selon le Sg, ‘’la plupart des spécialistes disponibles sont recrutés localement par les directeurs d’hôpitaux, ce qui alourdit particulièrement les charges salariales de ces structures. Pour certaines spécialités comme la neurochirurgie, la psychiatrie, la chirurgie-pédiatrique, la chirurgie-cardiaque, en dehors de la région de Dakar, c’est le désert médical’’. Il ajoute ‘’qu’une spécialité comme l’ORL, sur un effectif de 37 médecins-spécialistes exerçant au Sénégal, 78% sont basés à Dakar, alors qu’au même moment, un seul médecin était en formation en 2016. Pour l’ensemble du Sénégal, sur un effectif total de 800 médecins spécialistes en exercice, 68% d’entre eux sont à Dakar’’. L’autre constat est ‘’qu’un faible nombre de médecins sénégalais sont en formation dans les universités sénégalaises’’. Et que de la 1ère à la 4ème année,  sur les 1 785 médecins inscrits en spécialisation, seuls 648 sont des Sénégalais, les 1137, soit 60%, sont des étrangers.

Des goulots d’étranglement à l’équité dans la répartition des spécialistes ont été identifiés par le Sames. Il s’agit de problèmes réglementaires sur le statut des médecins en spécialisation, l’insuffisance des sites de formation, l’insuffisance des médecins formés, l’insuffisance des bourses de formation pour les médecins, le manque de motivation de la pratique des spécialités difficiles et physiques, le manque de motivation pour l’exercice en zone difficile, l’absence de politique de maintien du personnel dans les zones prioritaires difficiles et enclavées. Ainsi, prône-t-on l’élaboration de dispositifs réglementaires clairs organisant la formation des médecins dans les différentes spécialités, en précisant les rôles et responsabilités du ministère chargé de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé ; l’équipement et le renforcement des capacités des UFR Santé pour permettre le développement d’autres sites de la formation en spécialisation.

Il est aussi préconisé la signature de contrats de performance corrélés à la formation des médecins sénégalais dans leur domaine, en exigeant la réservation de 50% des postes disponibles aux médecins sénégalais ; l’augmentation du nombre et le montant des bourses octroyées pour la formation des médecins par le ministère de la Santé et de l’Action sociale et l’octroi de bourses par le ministère chargé de l’Enseignement supérieur. Le Sames demande aussi la mise en place de mesures incitatives pour le maintien des spécialistes dans les zones difficiles et dans les spécialités pénibles ; de réformer l’internat de médecine. Et enfin, mettre en place un système de rémunération assez attractif pour motiver les médecins généralistes et spécialistes.

En outre, le Sames préconise l’augmentation des ressources allouées au secteur de la santé afin d’atteindre la véritable couverture sanitaire universelle.   

KHADY NDOYE (MBOUR)

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