Publié le 11 Mar 2020 - 08:09
MARCHES CENTENAIRE ET PETERSEN

A la recherche de clients !

 

Jamais n’est vide le ‘’China Town’’ dakarois. Mais ça, c’était avant l’apparition de l’épidémie du Covid-19 en Chine et du premier cas testé positif à Dakar. Hier, les marchands trouvés sur place se tournaient les pouces. Les chiffres d’affaires baissent.

 

Ce n’est plus l’ambiance des grands jours de marché aux allées du Centenaire. Il est à peine 18 h, mais l’essentiel des commerçants ont déjà baissé rideaux. Les rares qui y sont encore s’apprêtent à fermer leurs boutiques. Même les tabliers sont en train de plier bagages. Les activités sont au ralenti, ici. L’environnement n’a plus les allures de ‘’China Town’’. Beaucoup évitent les lieux, depuis l’annonce de l’épidémie du coronavirus en Chine. Et si, au début, les clients continuaient à venir, depuis l’apparition du premier cas positif au Sénégal, les commerçants et les tabliers en voient de moins en moins.

Ass est l’un d’entre eux. Trouvé sur place, il affirme que les affaires ne marchent plus si bien que cela, pour lui. ‘’Il est vrai que nous continuons à vendre, mais ce n’est pas comme avant’’, informe-t-il. A ce projet s’ajoute celui de l’approvisionnement. ‘’Nous avons un déficit dans nos stocks. Certaines marchandises se raréfient. Cette situation, d’après moi, est liée à la propagation du virus en Chine’’, analyse-t-il. La loi de l’offre et de la demande s’applique. Certains prix ont haussé. Selon Abdoulaye, un autre tablier qui s’approvisionne auprès de commerçants chinois établis aux allées du Centenaire, les prix en gros des chaussures, qui étaient de 1 200 F CFA, sont passés à 1 600 F CFA et cela ne les arrange guère, surtout qu’il y a des fêtes qui se profilent dont celles de Pâques. Pour le moment, lui vend encore des marchandises achetées il y a quelques mois. Mais il peine à les écouler comme il se doit. Le flux des commandes a nettement baissé. Si la situation perdure, ils risquent de mettre la clé sous le paillasson, prévient Abdoulaye.

Les Chinois trouvés sur place ne veulent pas se prononcer sur la question. Mais Abdoulaye assure qu’eux également subissent les conséquences de la pandémie du Covid-19. ‘’Les clients nous disent qu’à cause de la maladie, ils ne viennent pas acheter.  Ils ne le cachent pas. Ils ont peur, parce qu’il y a beaucoup de Chinois qui sont là et on a dit aux informations qu’il y avait le Nouvel An chinois, donc beaucoup d’entre eux avaient voyagé. Ce qui a fait peur a beaucoup’’, déclare-t-il. Une situation qu’il comprend parfaitement, puisque, informe-t-il, ‘’même nous qui sommes avec eux, nous nous méfions et prenons nos précautions. Les Chinois n’ont pas l’habitude de donner la main. Nous nous saluions verbalement et cela n’a pas changé. Ils sont d’habitude méfiants et préfèrent rester dans leur coin. Rien n’a également changé de ce côté’’, selon notre interlocuteur.

A Petersen, c’est le même constat. Les clients, en ce moment, viennent au compte-gouttes. Bineta, qui s’active tous les jours dans une des boutiques qu’elle partage avec de jeunes Sénégalais, est préoccupée par toute autre chose. ‘’On reçoit difficilement nos commandes faites en Chine. D’habitude, on recevait régulièrement nos marchandises. Ce qui n’est plus le cas’’, signale-t-elle. Elle pense même prendre des congés. Certains de ses collègues rencontrés dans les dédales de Petersen prient, eux, pour que la maladie ne se propage pas davantage, afin que leurs activités reprennent.  Ici, contrairement aux allées du Centenaire, beaucoup de Chinois qui y ont des boutiques ne viennent presque plus. Fuient-ils la stigmatisation ou ont-ils des problèmes pour renouveler leurs stocks ? On ne saurait le dire, puisqu’ils n’y étaient pas hier, à notre passage.

AIDA DIENE

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