Publié le 29 Jun 2020 - 09:16

Mary Teuw Niane 

 

Les Sénégalais se relâchent, face au respect des mesures barrières. La preuve : la vie à Dakar est revenue à la normale, pour ne pas dire à l’avant pandémie. C’est le constat de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, comme d’ailleurs de la plupart des Sénégalais. Pour dénoncer cette situation, Mary Teuw Niane a publié, hier, une déclaration sur sa page Facebook, pour alerter sur l’urgence de revoir les comportements des Dakarois face à la propagation du virus.

‘’Dakar est redevenue Dakar. Les plages sont remplies à ras bord. Le parcours sportif ne désemplit pas. Les masques de protection sont de moins en moins portés ou, comme le foulard de certaines femmes, n’assurent que la symbolique, ils sont ramenés au niveau du menton. Chez beaucoup de Dakarois, le masque ne protège plus la bouche et le nez.

Les grands regroupements, à pas d’antilopes, réapparaissent dans les maisons et dans l’espace public : mariages, baptêmes, enterrements, condoléances, etc. Bientôt, les ‘’xew et les xawaare’’, si nous n’y prenons pas garde, vont s’inviter dans ce tohu-bohu dramatique, dans cette exubérance tragique d’inconscience collective et individuelle, sous le regard bienveillant des autorités’’, regrette-t-il.  L’ancien ministre de s’interroger : ‘’Sommes-nous façonnés pour être insensibles à tous les malheurs, pour regarder, impassibles, la grande faucheuse parée des habits de la Covid-19, s’emparer des corps jusqu’à asservir les esprits ? Et nous continuons, infatigables, à reproduire notre train-train quotidien habituel aux conséquences désastreuses dans la situation actuelle. Un seul décès, qu’il est possible d’éviter, devrait être un drame et mobiliser toutes les autorités et la population pour empêcher sa répétition.’’

...Après avoir dénoncé les comportements des citoyens qui ne respectent plus les mesures barrières, le ministre a tenu  à alerter sur la hausse des cas de décès et  des nouveaux cas de contamination au coronavirus.  L’ancien recteur de l’université Gaston Berger de Saint-Louis rappelle ainsi qu’‘’au mois de mai, nous avions une moyenne d’un décès relié à la Covid-19 par jour.

A la première quinzaine de juin, cette moyenne était d’un peu plus d’un décès par jour, et la dernière quinzaine du mois de juin, un premier saut est franchi : une moyenne de plus de trois décès par jour’’. Cependant, indique toujours le mathématicien, le taux de mortalité est de 1,59 % ; il est en dessous du taux de mortalité en Afrique et dans le monde. Le nombre de malades suivis, le nombre de cas graves, le nombre, impossible à estimer, de malades qui restent à la maison sans se faire consulter, pourraient conduire à un nouveau saut quantitatif du nombre de décès par jour. Jetons un coup d’œil sur ce qui se passe de l’autre côté de l’océan Atlantique.

La situation ne cesse de s’embraser aux États-Unis d’Amérique, au Mexique, au Brésil, etc. Des centaines de milliers de personnes sont décédées suite à la Covid-19. D’autres, malheureusement, vont perdre encore la vie. Nous n’avons pas à nous affoler, mais nous devons être, raisonnablement, inquiets. Nous sommes à la limite d’une bifurcation qui est commandée, d’une part, par le rapport entre le nombre de malades actifs de la Covid-19 et le nombre de lits disponibles et, d’autre part, du nombre de cas graves et du nombre de lits disponibles en réanimation. Tout déficit dans l’un ou l’autre cas sera un facteur d’accélération du passage de l’état de malade actif à l’état de cas grave ou bien de l’état de cas grave au décès’’, souligne encore le natif de Saint-Louis.

 

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