Publié le 22 Aug 2020 - 21:15
MAURITANIE

La descente aux enfers de l’ex-homme fort de Nouakchott

 

L’ancien président de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, est dans de beaux draps. A la veille de sa conférence de presse prévue le mardi 18 août dernier, il a été cueilli à 18 h par la police qui lutte contre les crimes économiques et mis en garde à vue à la Direction générale de la sûreté nationale. Il est reproché à l’ex-homme fort de Mauritanie plusieurs délits, tous liés à sa ‘’gestion nébuleuse’’ durant la décennie de son magistère.

 

Les choses se corsent pour l’ancien président Aziz, accusé aujourd’hui de tous les péchés d’Israël. Tout est parti d’une commission d’enquête parlementaire diligentée par le régime en place pour fouiller la gestion de certains dossiers importants qui défraient la chronique depuis l’arrivée de l’actuel président et désormais ex-ami de celui qui était à l’origine de quasiment tous les putschs en Mauritanie. Il a d’ailleurs occasionné le départ en exil forcé de Maaouya Sid’Ahmed Taya au Qatar.

Depuis le lundi 17 août 2020, Mohamed Ould Abdel Aziz séjourne à la Brigade de la sûreté nationale où il est soumis à un interrogatoire sur sa ‘’gestion nébuleuse’’ durant ses deux mandats à la tête de la Mauritanie. Sept dossiers ont été déterrés. Il s’agit de ceux du terminal à containeurs et hydrocarbures du port de Nouakchott, de la Somelec (volet éclairage public par le solaire), de la Sonimex (produits alimentaires), de la fondation de la SNIM (Société nationale et industrielle de Mauritanie, poumon de l’économie nationale qui fournit plus de 50 % du PIB), la société Poly Honedone, le Fonds national des revenus des hydrocarbures (FNRH) et le dossier sur le foncier de Nouakchott. Il s’y ajoute d’autres dossiers sur les marchés d’électrification de la Somelec (Société mauritanienne d’électricité), le marché des infrastructures (routes, aéroports, ports, aménagements, le marché de la SNIM et sa politique commerciale).

Voilà autant de chantiers sur lesquels les autorités mauritaniennes exigent aujourd’hui des explications de Mohamed Abdel Aziz sur leur gestion.

Et il n’y a pas que cela. La patate chaude constitue sans nul doute l’offre d’une île mauritanienne à un émir du Golfe. Ce cadeau pourrait être considéré comme une haute trahison. En outre, il y a beaucoup d’autres faits liés à la corruption qui sont reprochés à l’ancien président Aziz.
Il est également accusé d’avoir créé des sociétés écrans, d’avoir initié des exonérations fiscales qui ont fait perdre au Trésor public des milliards d’ouguiyas, avec l’attribution des marchés de gré à gré. Tout cela a motivé l’arrestation et la garde à vue de l’ex-homme fort de Mauritanie.

Selon certains observateurs, on va vers un marathon judiciaire.
Selon des informations, depuis son arrestation, l’accusé refuse de répondre aux questions des enquêteurs, considérant que son arrestation est illégale et que la loi a été violée. Un pool d’avocats du Canada, de la France et de la Mauritanie prépare sa défense. Il parle déjà de ‘’violation flagrante de la présomption d’innocence’’. Mieux, le collectif de la défense d’Aziz estime que son client ‘’est protégé par la Constitution qui n’autorise de poursuites contre le président de la République qu’en cas de crime de haute trahison, suivant les dispositions de l’article 96 de la Constitution de la République islamique de Mauritanie’’.

Un argument qui risque de ne pas être pris en compte, car les accusations portées sur le général putschiste, tombeur du premier président civil démocratiquement élu en 2007, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, sont lourdes. Certains de ses ministres impliqués dans cette gabegie se dédouanent et rejettent tout sur l’ex-président Aziz. Lui qui voulait prendre l’opinion nationale et internationale à témoin à travers les médias, n’aura plus le temps de le faire. Face à la machine judiciaire qui déroule son plan pour mettre aux bancs des accusés celui qu’on considère aujourd’hui, à tort ou à raison, comme ‘’le pilleur’’ de la République.

La défense, elle, exige le respect de ses droits et une contre-expertise sur le travail de la commission d’enquête parlementaire.
 

Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie

 

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