Publié le 12 Mar 2015 - 17:22
MAYORO FAYE (MEMBRE DU COMITE DIRECTEUR DU PDS)

‘’La candidature de Karim Wade sera portée par l’écrasante majorité des militants du Pds’’

 

Au Parti démocratique sénégalais (Pds), le fils de l’ancien président de la République semble faire l’unanimité pour porter l’étendard des libéraux à la prochaine présidentielle. Après le coordonnateur dudit parti, Oumar Sarr, c’est au tour de Mayoro Faye de monter au front pour annoncer un soutien sans faille de la majeure partie des libéraux, à la candidature de Karim Wade. Dans cet entretien avec EnQuête, le chargé de la communication du Pds revient également sur la situation économique du pays qu’il qualifie de catastrophique.

 

Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a engagé des primaires pour déterminer son candidat à l’élection présidentielle de 2017. A cet effet, une commission chargée de recueillir toutes les candidatures a été mise sur pied. A ce jour, combien de prétendants se sont signalés ?

Vous savez, je ne suis pas membre de cette commission et pour des raisons d’éthique, je m’interdis toute curiosité destinée aux travaux de la commission. Je vous assure que depuis qu’elle a été mise en place et qu’elle siège à la permanence nationale, je ne m’y suis pas rendu. Les membres peuvent l’attester. C’est parce qu’ils ont une mission très sérieuse et que j’ai beaucoup de confiance et de respect  pour les frères et sœurs qui la composent que je ne les interroge pas.

Toutefois, je comprends parfaitement vos préoccupations et vos soucis d’informer l’opinion à temps réel. Mais il n’y a pas lieu de se précipiter car si on les laisse travailler dans le calme et la sérénité, ils révèleront les résultats de leurs travaux au public à partir du 15 mars 2015, dans la plus grande transparence.

Est-ce que le fils du président Wade a déclaré sa candidature. Sinon est-ce que sa candidature a été portée par un militant ou un groupe de militants ?

Peut-être qu’il a déposé en même temps que d’autres responsables. De toute façon, les candidats à la candidature seront bientôt connus et bénéficieront tous du même traitement durant tout le processus qui est parti pour être totalement démocratique. Je reste convaincu qu’au moment où nous sommes, le choix le plus judicieux, le plus raisonnable, dépourvu de toute émotion, c’est Karim Wade. Et comme vous le dites, sa candidature sera portée par l’écrasante majorité des responsables et militants de notre parti. Heureusement que cette option largement partagée au cours de ces dernières années a fini de rassembler l’essentiel de notre parti autour d’un même idéal, dans une perspective de reconquête commune et collective du pouvoir.

Nous n’avons pas le droit, en ce moment crucial de l’histoire du pays et de notre appareil politique aujourd’hui redynamisé, de ne pas être ensemble. La candidature de Karim Wade sera portée non seulement par les militants mais aussi par les sympathisants et autres Sénégalais désireux d’un mieux être social. Naturellement, dans cet exercice, notre parti se donnera les moyens de relever au moins trois défis. Le défi de la mobilisation, celui de la transparence et enfin celui de la consolidation des choix démocratiques issus de ce processus.

De l’avis de nombreux observateurs de la scène politique, ce schéma ne vise rien d’autre qu’à faire de Karim Wade le candidat du Pds en 2017. Qu’en est-il exactement ?

Je pense que cette analyse est  erronée. En plus, elle est dirigée. C’est dire que cette perception subjective n’est que le fruit des différents projets de destruction contre le Pds articulés par nos adversaires politiques. Cela ne nous vexe point, et ne saurait nous dévier de nos objectifs. Si le Pds, au 21 mars 2015, choisit le candidat que je considère le mieux placé pour nous permettre de reconquérir le pouvoir et de redresser rapidement le pays, nous ne ferons que nous réjouir. C’est le contraire, je crois, qui nous aurait mis mal à l’aise face aux Sénégalais qui nous auraient pris pour des inconséquents.

Dans les colonnes du journal l’Observateur, le coordonnateur du Pds, Oumar Sarr, a soutenu que Karim Wade ferait le meilleur candidat du parti dans le contexte actuel. Partagez-vous cet avis ?

Je partage parfaitement ces réflexions de notre coordonnateur national qui a pris le temps et le recul nécessaires pour arriver à des conclusions pertinentes. Je fais miennes ses déclarations et partage son appel à constituer ensemble une équipe soudée autour de notre idéal commun.

Au demeurant, tous ceux qui lèvent la main pour se proposer comme candidat à la candidature sont d’égale dignité et bénéficient tous d’une légitimité politique. Chaque dossier de candidature va revêtir aussi une légalité parfaite, conformément aux règles de fonctionnement de notre parti. Dès lors, nous avons choisi la voie démocratique pour les départager et garder en même temps toutes les énergies déployées par les uns et les autres.

Est-ce que cette histoire de primaires ne risque pas de diviser les libéraux ?

Je ne le pense pas. Je crois sincèrement que les libéraux que nous sommes, abreuvés à la source commune qu’est Me Abdoulaye Wade, seront en mesure de faire la part des choses. Je considère également que certaines divergences de points de vue et autres contradictions mineures tant agitées et relayées à outrance par une certaine presse, ne reflètent pas du tout la réalité au sein du parti. Nous avons appris, pour l’essentiel, à nous entendre sur les questions majeures qui agissent directement sur notre idéal commun. Le Parti démocratique sénégalais est un très grand parti qui capitalise une véritable expérience politique et qui compte en son sein des personnalités politiques qui ont fini de prouver qu’elles sont des hommes d’Etat et qu’elles savent dépasser l’accessoire pour se consacrer à l’essentiel.

Pensez-vous que Karim Wade est plus légitime que Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Diagne Fada, Habib Sy, Madické Niang etc., pour porter la candidature du Pds à la présidentielle de 2017 ?

Je ne le pense pas une seule seconde. D’ailleurs, ils sont tous mes amis et mes grands frères pour qui j’ai beaucoup de respect, beaucoup d’affection et de considération pour ce que chacun parmi eux, individuellement, représente pour moi. J’en profite d’ailleurs pour dénoncer la dernière manipulation qui a consisté à faire dire au président Modou Diagne Fada des propos qu’il n’a jamais tenus devant le président Abdoulaye Wade. C’est regrettable et c’est inélégant de la part de leurs auteurs. Pour celui parmi eux qui considère que sa candidature est utile au parti, je lui souhaite bonne chance et lui demande de la proposer avec toute la dignité et la fierté requises. Ce ne sera que l’expression d’une liberté qu’il aurait fièrement exprimée. Ils sont tous de fidèles compagnons du Président Abdoulaye Wade et de grands responsables de notre parti.

Au-delà de ces primaires, se joue la succession de Me Wade à la tête du Pds. Comment voyez-vous l’avenir de votre formation politique ?

Qui trop embrasse mal étreint, dirais-je. Notre formation politique a appris, dans la douleur, à s’ouvrir aux autres, à se serrer les coudes, à donner un corps et une âme à sa devise : ‘’dignité, justice et fraternité’’. Nous allons inéluctablement vers cette succession à la tête du parti. Toutefois, cette étape, ô combien importante de notre marche commune, sera enclenchée au moment opportun.

Est-ce que le Pds peut survivre à Me Abdoulaye Wade ?

Effectivement. Me Abdoulaye Wade est en train de nous apprendre les dernières choses que nous ne pouvons pas manquer pour diriger convenablement ce pays. Toutefois, nous avons toujours besoin de ses conseils et de ses orientations pour reprendre rapidement le pouvoir et encastrer notre pays de façon irréversible dans une dynamique de développement et d’émergence bien répartie.

Vous vous êtes attaqué à vos camarades Ousmane Ngom et Serigne Mbacké Ndiaye. Qu’est-ce que vous leur reprochez ?

Je ne fais jamais d’attaque personnelle. Surtout quand il s’agit de frères de parti et pas n’importe lesquels. C’est sans animosité et sans aucune haine. Je souhaite d’ailleurs que tous, on puisse se retrouver demain pour l’intérêt du parti qui nous a tout donné. C’est bien possible. J’ai simplement apprécié les positions qu’ils ont prises contre notre Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade. Des positions que je ne saurais partager et, naturellement, je me suis mis du côté de Me Wade. Celui-ci, avec tout ce qu’il a rendu comme service au Sénégal et à nous tous, ne mérite pas ce traitement de leur part. Aujourd’hui, il doit bien compter ses ‘’amis’’.

Comment analysez-vous la situation politique  du pays et la gestion du pouvoir par Macky Sall ?

Permettez-moi de le résumer aux simples termes suivants : échec, recul, intimidation, confrontation et traque. Si nous regardons du côté de l’enseignement, aux niveaux élémentaire, secondaire et universitaire, ces mots, pour ne pas dire ces maux, reviennent avec force. C’est aussi valable pour les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’emploi, de l’artisanat, de la sécurité, de l’emploi des jeunes, de l’économie, de l’état de droit, de la démocratie, du front social en général et de la justice qui, malgré les efforts permanents de ses acteurs, ne parvient pas encore à échapper à la manipulation pour régler des comptes politiques.

Notre pays va mal. Et le régime de Macky Sall, au lieu de s’occuper de ce pourquoi il a été élu, se lance déjà dans une folle campagne électorale, sans aucun bilan. Le matin, il menace son opposition et le soir, il menace ses alliés. Je crois sincèrement qu’il n’a pas pris le bon chemin. Car, un pays ne peut pas être géré dans ces conditions de confrontations et d’ébullitions permanentes entre le régime et les différents segments du peuple. C’est pourquoi il va forcément à sa perte ; c’est ma conviction profonde.

PAR ASSANE MBAYE

 

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