Publié le 11 Aug 2015 - 16:45
MEDIACHRONIK

Quand, dans les médias, ça vous en bouche un coin…

 

Pourquoi pas ? Chaque semaine, durant la publication de ce cahier ‘’Vacances’’ de EnQuête, servir une rubrique ‘’médias’’ qui s’amuserait à rire des quelques étrangetés et dérives, vues à la télé, entendues à la radio, lues dans les journaux en papier et en-ligne ? Il y en a et nous n’excluons pas les nôtres. Ah oui ! Il faut tenir la balance égale. En voici quelques-unes relevées dans la presse, ces temps-c

 

Un avocat et l’imparfait du subjonctif : Maître Untel, ténor du barreau sénégalais, fort médiatique, couru des médias, semble beaucoup aimer l’imparfait du subjonctif, et pourtant ne semble pas du tout en maîtriser les subtilités. La preuve par sa prestation lors d’un passage à un média audiovisuel dakarois. Il utilisait l’imparfait du subjonctif en l’accompagnant d’un temps présent au lieu d’un imparfait. C’est cela une discordance des temps (alors que l’usage veut qu’il y ait concordance des temps dans une même phrase). Et, dans la bouche de l’avocat qui voulait donner de la solennité, du prestige et de la pompe à sa prestation, cela donnait quelque chose du genre : ‘’Il faut que le prévenu fût présent devant le magistrat’’. Il aurait dû dire, nous semble-t-il,  ‘’il fallait que le prévenu fût présent… ‘’

L’imparfait du subjonctif est le luxe, le must du parler français ; c’est un temps complexe dans son usage, et c’est pourquoi il peut être considéré comme un temps luxueux, recherché. ‘’L'imparfait du subjonctif ne s'emploie plus qu'à l'écrit’’, enseigne le site leconjugueur.lefigaro.fr/frimparfaitsubjonctif.php. On ne le trouve jamais à l'oral. Pourtant, si on se réfère aux règles de concordance des temps, il retrouve un grand rôle dans la grammaire française’’.

‘’Quand on emploie le subjonctif imparfait dans une proposition subordonnée, alors le verbe de la proposition principale est à l'imparfait de l'indicatif’’, fait remarquer le même site. L'imparfait du subjonctif n'est presque plus utilisé de nos jours. Il appartient au langage très soutenu. On le remplace de plus en plus par le subjonctif présent’’. 

Il paraît qu’en France, il y a  eu (je ne sais si c’est toujours le cas) une association des usagers de l’imparfait du subjonctif. Des intégristes du bon français ; et cela ne serait pas de nature à déplaire aux ayatollahs siégeant à l’Académie française, défenseurs du bon français contre les usages désinvoltes.

Deux images qui n’en font qu’une : A Zik Fm, il y a  un journaliste autoproclamé  ‘’Ambassadeur’’ (sic) d’une marque de téléphonie mobile et se fait, en quelque sorte le croupier des jeux-concours de cet annonceur. Sur Rfm, un fort célèbre Dj est si exubérant dans sa pub d’une chaîne de supérette d’essencerie qu’on l’entend crier : ‘’Dès sortie du studio de Rfm, je fais un détour par la supérette sise à La Médina’’. Voilà une grosse confusion des rôles qui persistent dans les radios et télés… Et rien ne semble pouvoir l’arrêter… Même quand, par la force de ses propres intérêts, l’animateur publiciste entraîne l’image de la radio ou de la télé dans ses propres opérations commerciales…

Des vœux hors-saison : En plein mois d’août, le 6 août précisément, une animatrice de l’émission Kenkeliba matinale de la RTS 1 souhaite ‘’Bon Carême aux chrétiens’’ plus de quatre mois après ce Carême en question. L’élément, bien sûr, était une rediffusion d’un numéro de Kenkeliba. Ce sont là les aléas d’une rediffusion qui ne prend pas la précaution de la réactualisation.

La pluie peut-elle être un risque dans un pays sahélien ? (des « risques de pluie »), avertit monsieur Météo sur la RTS 1! Une incongruité à vous en boucher un coin. Comment la pluie, en dépit des inondations quelquefois meurtrières, toujours ravageuses, surtout après le week-end pluvieux des 8-9 août, comment la pluie, nous demandons-nous, peut-elle être un risque dans un pays qui en a tant besoin ; qui a vécu comme des affres la longue sécheresse des années 70 aux années 90 ?

Vigilance au Wax sa xalaat sur Sud Fm : Ou Sud Fm a un dispositif retardateur de voix ou le présentateur-modérateur de son Wax sa xalaat (tribune libre des auditeurs) est d’une vigilance à saluer chapeau bas. Le 6 août dernier, la vigilance du journaliste a permis de couper net un quidam qui se mit à dire que ‘’l’emprisonnement de Karim est un tort fait aux mourides.) C’est cela l’intérêt d’avoir un retardateur de voix pour circonscrire les dérives et autres inconvenances. Et hier, 10 août, fut coupé tout aussi net un ‘’wax sa xalaateur’’ qui se crut fortiche, assimilant les trois couleurs du drapeau du Sénégal à trois présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat : Senghor, Diouf et Wade...

Entendu, hier, sur Rfi : aux Etats-Unis, à Washington la capitale précisément, personne, aucune institution n’est autorisée à construire une structure dépassant en hauteur la coupole du Capitole. C’est cela l’ordre. C’est le contraire de cela qui a fait qu’au Sénégal, on construit n’importe où, n’importe comment, sur la corniche, le domaine public maritime, en se tamponnant les intérêts du peuple…

Mame  Talla Diaw

 

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