Publié le 4 Apr 2020 - 02:21
MESURES D’ANTICIPATION ET/OU DE LUTTE CONTRE LES CONSÉQUENCES DE LA COVID-19

Un chapelet de propositions de Frapp

 

La lutte contre la pandémie de la Covid-19 nécessite un combat sur tous les fronts, pour une possibilité de victoire, selon le Frapp. Arguant que personne ne pourra le gagner seul, le mouvement a, dans cette perspective, adressé une lettre au chef de l’Etat. Le front, dans l’effort de participation nationale qui l’anime, recommande l’adoption d’une kyrielle de mesures pour lutter contre les effets induits de la Covid-19.

 

Le Secrétariat exécutif national (Sen) du Front pour une révolution anti-impérialiste, populaire et panafricaine (Frapp) a produit une lettre à l’attention du président de la République du Sénégal. Cette adresse à l’autorité suprême est à inscrire dans le cadre de la lutte contre la maladie pandémique à Covid-19, urgence de santé publique de portée internationale, précise la note.

À cet égard, le Frapp dit apprécier les mesures posées par l’Etat à un moment aussi important. Jugeant la santé comme une condition sine qua non du développement, le Frapp appelle à une synergie des efforts pour un triomphe final contre le coronavirus. Dans un élan solidaire et participatif, le front recommande à l’Etat des mesures autour principalement des aspects sanitaire, socio-économique et juridique pour aider dans la lutte contre la Covid-19.

Concernant la santé, le front préconise l’instauration d’un dispositif d’urgence rapide et adapté. Une suggestion émanant de Noo Lank et Aar Li Nu Bokk, dont ils font partie des plateformes, qui demande, en lieu et place du confinement, un dépistage de tous les Sénégalais. Le motif de cette invite, qui pourrait paraître illusoire pour certains, s’appuie sur les capacités avérées de l’Etat de pouvoir nourrir l’ensemble de la population en situation de confinement.

Il en déduit donc la possibilité de dépister tout le monde. L’Etat dispose des moyens nécessaires, vu sous cet angle, estime le Frapp.

Face à la crise sanitaire, des solutions d’accompagnement au dévouement des personnels de la santé sont proposées, en sus des mots de remerciement certes motivants, mais insuffisants. À cet égard, tous ceux qui gravitent ou exercent dans le secteur, en plus d’un soutien et d’une protection, doivent bénéficier de toutes les commodités matérielles adéquates à l’exercice de leur mission.

Pour cela, rien de tel qu’une dotation suffisante en Epi, en lits, en masques, blouses, lunettes, gants… afin de leur permettre une prise en charge satisfaisante de leurs patients, notamment ceux qui seraient atteints du virus Covid-19. Ces demandes s’inscrivent, toujours selon le Frapp, dans une perspective durable, parce que ne sachant pas quand va sonner la fin de la pandémie de la Covid-19.

Eu égard à cette donnée incontrôlée, il prône des orientations stratégiques en face de l’urgence actuelle. Pour s’inscrire dans cette voie : le règlement des questions de l’assurance maladie durable, la refondation des services publics de santé et la nécessaire mutation du système de santé, notamment en donnant sa place à la prévention, sont énumérés comme idées.

Mesures économiques proposées par le Frapp

Devant une crise économique déjà présente et aux effets sur la croissance mondiale reconnus, la situation commande des mesures incitatives pour atteindre les objectifs sur le front de l’inflation et de l’emploi, fait remarquer le mouvement panafricaniste. Au rang des propositions énoncées : un fonds d’investissement de résolution de la crise à long terme ; la facilitation de l’investissement local diversifié ; l’évolution du cadre légal et réglementaire de la microfinance, etc.

Pour les 1 000 milliards annoncés par l’Etat, le Frapp conseille une stratégie de gestion et d’utilisation de ce fonds. Une manne qui doit bénéficier prioritairement aux hôpitaux, aux patients, aux professionnels de la santé et aux populations.

Dans la suite des propositions, relativement aux règles sénégalaises de gouvernance des finances publiques, le Secrétariat exécutif national du Frapp plaide pour un schéma fixant de nouveaux contours chiffrés à nos déficits, en complémentarité aux mesures nationales et aux dispositions supranationales. La réponse évidente, selon le Frapp, indexe la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) compétentes pour intervenir dans la résolution de la crise. Le mouvement anti-impérialiste s’interroge sur leur rôle, dans la pratique. Se demandant s’il n’est pas réduit à la portion congrue. L’argumentaire est que la réalité enseigne que les mécanismes de résolution de crises, par exemple de la CEDEAO, ont souvent péché par leur manque d’effectivité. Le Frapp se demande si les organisations africaines seront, cette fois-ci, des ‘’acteurs vigilants ou spectateurs impuissants ?’’.

En tout cas, ajoute le mouvement, le peuple compte sur un leadership sénégalais international fort et engagé dans la défense des intérêts du Sénégal et de l’Afrique.

Abordant la question des industries, la mise en place d’un plan de sauvetage de ces dernières, des PME et des citoyens affectés à travers des subventions ciblées par un comité de personnes indépendantes et d’une probité morale, est appelée de leurs vœux. Toujours pour le secteur économique, le Frapp souhaite l’adaptation du droit social (droit du travail et du droit de la sécurité sociale) au contexte actuel, en vue de permettre aux travailleurs de faire face aux difficultés d’organisation. Mais aussi compte tenu du risque d’un fort taux d’abus des entreprises.

Mesures sociales préconisées par le Frapp

Dans le cadre du transport, au vu de leur lecture de la situation actuelle qu’impose la Covid-19, rendre gratuits certains transports publics à partir d’heures fixes, réquisitionner tous les bus de Dakar Dem Dikk, desservir les endroits reculés, mettre à contribution certains transports privés en contrepartie de mesures fiscales incitatives pour les entreprises exploitatrices, sont des pistes à envisager, pour le Sen du Frapp.

S’agissant des mesures d’hygiène, le ministère chargé de l’hygiène publique doit prohiber et sanctionner les contrevenants aux règles interdisant le dépôt des ordures à l’extérieur des habitations, à l’interdiction de jeter les eaux usées, celle de déposer des urines et des excréments sur la voie publique.

Sur le plan social, le Frapp juge impératif de savoir que c’est l’Etat social qui est en jeu et non l’Etat policier. À cet effet, une sensibilisation et un dialogue accru sont indispensables. Le régime d’exception doit nécessairement allier la restriction des libertés : couvre-feu, restriction de la circulation, fermeture d’établissements, interdiction de rassemblements… et le social à des mesures compensatrices. Elles doivent consister à équiper les communes rurales, mettre à la disposition des citoyens des médicaments, réduire ou suspendre des factures d’eau et d’électricité, contrôler les prix de certains produits, allocation de vivres, enfin suspendre certaines charges et aider les retraités et les femmes…

Cette lettre adressée au chef de l’Etat, note le Frapp, a d’abord été adressée au service du courrier de la présidence de la République. Mais le mouvement s’est vu notifier que, dorénavant, le service ne recevait que les courriers en provenance des ministères. L’organisation panafricaine, avant la signature de l’adresse au nom de son Secrétariat exécutif national, a tenu aussi à justifier le caractère public de la lettre qui, affirme-t-il, n’a comme fin que d’impliquer les citoyens dans la réflexion.

MAMADOU DIALLO (stagiaire)

 

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