Publié le 5 Jul 2016 - 02:19
MISE EN ŒUVRE DE LA CMU DANS LA RÉGION DE ZIGUINCHOR

La machine tourne, malgré quelques défaillances

 

La Couverture Maladie Universelle (CMU) est une réalité dans la région de Ziguinchor, en dépit de quelques problèmes qui grippent la machine. Avec  la mise en place de points focaux régionaux, les acteurs estiment que ces défaillances pourraient être bientôt un mauvais souvenir.

 

Entamée au cours du quatrième (4ème) trimestre de 2013, la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans fait partie du dispositif mis en place par l’Etat, dans le cadre de la Couverture Maladie Universelle (CMU). Après un peu plus de deux 2 ans de mise en œuvre, la gratuité des soins pour cette catégorie d’enfants est devenue une réalité dans la région de Ziguinchor. Pour l’année 2015, ils sont au total 107 471 enfants à avoir bénéficié de la gratuité des consultations, de médicaments et d’hospitalisation, pour une enveloppe globale qui atteint les 230 millions de F CFA.

« Vivement que la CMU se pérennise. J’ai deux enfants qui bénéficient de cette mesure. Je ne me plains pas », raconte cette dame franchissant le portail d’une structure sanitaire de la capitale méridionale du pays. Le sentiment qui l’anime est largement partagé par les professionnels du secteur  de la santé. « S’occuper gratuitement des moins de cinq (05) est très noble pour nous, surtout quand il s’agit d’enfants issus de milieu extrêmement pauvre », soutient cet infirmier Chef de Poste (ICP). Pour Mamadou Mansany, porte-parole du Collectif des ICP du district de Ziguinchor, tout comme pour l’adjoint au  Médecin Chef  de région, le Docteur Jean Pierre Diallo, cette gratuité des soins  est très bénéfique pour les populations. 

Toutefois, les lenteurs récurrentes dans le remboursement des prestations grippent souvent le dispositif. Si les créances du  dernier semestre de l’année 2015 viennent d’être soldées par l’Etat, celles de 2016 attendent encore. Cette situation engendre des conséquences fâcheuses. « Bien entendu, ces retards se répercutent sur le renouvellement des stocks et la prise en charge des personnels communautaires », indique Dr Diallo. 

« Elle impacte négativement sur le budget de fonctionnement des structures. Il arrive même que certains postes de santé éprouvent des difficultés à renouveler leurs stocks de médicaments. Tu ne peux renvoyer les patients. Il faut trouver une solution. C’est un décret présidentiel. Les populations ne comprennent souvent pas. Elles pensent que l’Etat a tout mis à la disposition des structures. Il arrive que tu ne disposes que d’un seul produit sur deux, voire trois. Tu es obligé de les renvoyer au niveau des officines privées. Et cela crée souvent des incompréhensions entre les agents et les populations, notamment en milieu rural », déplore cet infirmier Chef de Poste (ICP).

Ces retards dans le remboursement des prestations se posent moins, quand il s’agit  du Plan Sésame dont la facture de 2015 s’élève à 17 143 400 F CFA  ou encore de la gratuité de la Césarienne dont les prestations tourneraient autour de 900 000 000 F CFA. « Le remboursement est fait dans un délai relativement court », se réjouit Docteur Aliou Cissé, Directeur de l’Hôpital régional de Ziguinchor. Docteur Cissé estime que l’Etat est en train de remplir une de ses missions régaliennes ; en permettant aux couches notamment inactives (80% de la population) d’accéder aux soins de santé. Selon lui, la Couverture Maladie Universelle (CMU) constitue un « chantier » qui, d’ici peu, verra ses résultats à travers la satisfaction totale des communautés et des acteurs.

A Ziguinchor, les praticiens de la santé sont unanimes. La mise en place de points focaux régionaux de l’Agence Nationale de la Couverture Maladie Universelle pour rapprocher la tutelle  des structures de santé permettra de répondre effacement aux sollicitations des acteurs et rendre plus opérationnel ce dispositif de l’Etat.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

 

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