Publié le 12 May 2020 - 00:40
MOHAMED MASSAMBA SEYE, MEMBRE DU COMITE DE SUIVI FORCE-COVID-19

‘’Je m’attends à voir d’autres personnes quitter le comité’’

 

Le président du Parti pour l’émergence et le développement (PED Nantangué), représentant du pôle des non-alignés dans le Comité de suivi Force-Covid-19, apporte ses éclaircissements sur les activités de l’équipe dirigée par le général François Ndiaye et les quelques polémiques qui ont accompagné ses premiers rassemblements. Entretien… 

 

Comment se passent les premières missions du Comité de surveillance de la Force-Covid-19 ?

Notre mission nous a été assignée par le président de la République Macky Sall, pour venir en appoint au travail effectué au sein de la Force Covid-19. Il consiste à suivre l’ensemble des opérations du programme de résilience autour des 1 000 milliards de F CFA dégagés par le chef de l’Etat pour limiter l’impact de la pandémie sur le fonctionnement du pays. Notre bureau a été installé le jeudi 30 avril. Le mercredi 6 mai, nous avons effectué notre première visite de terrain à Pikine Guinaw Rail. Nous avons rencontré le maire de la commune et les représentants des comités de ciblage locaux. Nous avons surtout été grandement satisfaits de la mobilisation des forces vives.

Les informations que nous avons recueillies sur place montrent une grande transparence dans la mise en place de leurs comités. Même si quelques manquements nous ont été notifiés sur des personnes vulnérables qui ne figuraient pas sur les listes de bénéficiaires ou sur le registre national d’indentification. Le maire nous a aussi montré la participation de sa commune en denrées alimentaires et je pense qu’avec des démarches pareilles, à la fin de ces opérations, nous aurons une grande satisfaction.

Qu’est-ce qui s’est passé avec la démission d’Habib Sy ?

C’est un choix personnel qu’il a effectué. Il est le mieux placé pour en donner les raisons. Jusqu’ici, nous n’avons pas vu de raisons pouvant pousser un membre du comité à partir. Mais il faut savoir que nous avons une mission de six mois. Et tout le monde ne pourra pas s’engager sur toute la durée. Des membres du comité ont d’autres intérêts ailleurs et ne pourrons pas délaisser leurs activités génératrices de revenus, surtout pour les hommes d’affaires. Je m’attends à voir d’autres personnes quitter le comité. Et cela résultera de leur manque de patriotisme envers la nation. 

Pouvez-vous apporter des éclaircissements sur les per diem que les membres du comité auraient reçus ?

Nous avons entendu des rumeurs attestant que les membres du comité ont reçu un per diem de 3,5 millions de F CFA. Ce qui est totalement faux. Lors de notre réunion de prise de contact, ce montant n’a jamais été évoqué. Nous travaillons dans le bénévolat. Nous nous sacrifions pour le bien-être de la population, en cette période de crise. Mais dans toute organisation, un budget de fonctionnement est nécessaire, pour prendre en charge les déplacements et les différends frais. Il s’agit de surveiller l’utilisation d’une enveloppe d’un montant de 1 000 milliards de francs CFA. Pour que les résultats soient sérieux, les autorités doivent nous mettre dans les conditions pour bien effectuer le travail. Nous n’avons pas réclamé de salaire. Mais si le chef de l’Etat juge utile d’accorder des indemnités de motivation, elles seraient les bienvenues. Nous faisons partie de la population et nous sommes tous impactés par les effets de cette pandémie.

A quel point votre mission est prenante ?

D’après le tableau du programme des visites que l’on a récemment reçu, nous allons travailler tous les jours ouvrables. Il y a des missions qui se feront dans les régions les plus reculées du Sénégal. En plus, nous courrons un risque d’attraper le virus. Au moment où l’on demande à chacun de rester chez soi, c’est le contraire pour nous. Rien que pour cela, il devrait y avoir une grande considération pour les personnes engagées dans la noble mission qu’effectue le Comité de suivi de la Force-Covid-19.

Dans beaucoup de secteurs, il y a déjà des polémiques sur l’utilisation de cet argent. L’une concerne l’achat et l’acheminement du riz. Une autre est faite sur le sucre. Sans oublier d’autres secteurs où des acteurs jugent dérisoires des sommes reçues (transport terrestre, transport aérien, hôtellerie, etc.). Est-ce que vous discutez de ces questions ?

C’est un comité de suivi. C’est-à-dire que nous avons la possibilité d’étudier ce qui se passe en temps réel et de rendre compte au général François Ndiaye qui dirige. Ce dernier rend compte au président de la République Macky Sall. La vérification n’a pas encore atteint ces secteurs susnommés. Mais ce que je peux dire, c’est que le comité n’est pas là pour protéger qui que ce soit. S’il y a des preuves de manquement, nous les rapporterons aux autorités concernées.

Mais il y a quelques communes dans lesquelles l’on dénonce déjà une politisation de l’aide alimentaire.

Vu que l’on vient de démarrer nos visites de terrain, il y a des choses sur lesquelles nous ne pouvons pas statuer pour le moment. Nous avons une mission de trois mois de suivi et trois autres de synthèse. Nous aurons largement le temps de voir là où il y a eu des manquements et dresser un bilan pour montrer clairement ce qui s’est passé. On nous demande de travailler et de rendre compte selon les informations que nous aurons recueillies et le tout dans la transparence.

La composition de ce comité ne répond-elle pas à une logique politique ?

Non, dans la mesure où l’ensemble de forces vives de la nation y est représenté. Que ce soit la mouvance présidentielle, l’opposition ou les non-alignés, chacun n’a que deux représentants. Que ce soit les syndicalistes, les ministères, le patronat, les consommateurs et même les handicapés, etc., ils sont tous présents. Et ce sont les membres de chaque entité qui se sont regroupés et ont choisi leurs représentants. Le président de la République n’a fait que valider les choix qui ont été effectués.

Au début de la pandémie, il avait été constaté un grand élan de solidarité nationale autour du président de la République. On a l’impression que cela s’effrite de plus en plus, alors que le virus gagne du terrain…

Je pense que cet élan est toujours là. C’est le lieu de féliciter les leaders politiques qui jouent un rôle important dans la stabilité du moment. Nous ne vivons pas le temps d’une compétition politique ou politicienne. Ces leaders l’ont compris et agissent en conséquence. Maintenant, il peut y avoir des brebis galeuses qui cherchent à se faire voir. Mais il faudrait que chacun prenne conscience qu’il y a une urgence nationale face à laquelle il nous faut dépasser nos divergences politiques.

Lamine Diouf

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