Publié le 22 Jan 2020 - 19:50
MOUSTAPHA DIAKHATE, APRES SON EXCLUSION

‘’C’est une farce, une diversion, une provocation…’’

 

Exclu, hier, des rangs de l’Alliance pour la République par la Commission de discipline, Moustapha Diakhaté minimise pour autant. Interpellé hier sur la question, l’ex-ministre conseiller de Macky Sall parle d’une farce et d’une diversion.

 

Moustapha Diakhaté n’est plus membre de l’Alliance pour la République (APR). L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar a été exclu définitivement de l’APR par la Commission de discipline dudit parti qui a pris une résolution à cet effet. Celle-ci lui reproche ses sorties intempestives contre le régime et contre la gouvernance du président Macky Sall.

‘’Constatant les agissements et propos séditieux, fractionnistes et récurrents du camarade Moustapha Diakhaté, attendu que par ces faits, il entache gravement l’image du parti par ces motifs, le Conseil de discipline, après avoir délibéré, et à l’unanimité, prononce : l’exclusion définitive de Moustapha Diakhaté des rangs de l’Alliance pour la République‘’, décident Abdou Mbow, Abdoulaye Badji, Benoit Sambou et Mbaye Ndiaye, tous membres de ladite commission.

Cette décision intervient 24 heures seulement après l’annonce, par l’intéressé lui-même, du lancement, au sein de l’APR, d’un courant contestataire dénommé ‘’Mankoo Taxawu Sunu APR’’. Mais elle laisse de marbre Moustapha Diakhaté. Joint hier par EnQuête, il rétorque : ‘’Cette note est une farce, une diversion, une provocation à laquelle je n’ai pas le temps à consacrer.’’

A ses yeux, la priorité, c’est la préparation de la publication du manifeste et des textes fondateurs de son mouvement. Moustapha Diakhaté donne ainsi rendez-vous ce jeudi pour plus d’explications.

Cependant, pour certains observateurs, l’ancien parlementaire a cherché et obtenu cette exclusion de l’APR à cause de ses nombreuses sorties à l’encontre du régime de Macky Sall. Il a d’ailleurs fini de faire de sa page Facebook une tribune pour se prononcer sur tous les sujets brûlants de l’heure. Des positions peu appréciées par ses camarades de parti. Comme c’est le cas de son soutien récent aux 15 membres du collectif Noo Lank arrêtés le week-end dernier et gardés à vue pendant 48 heures pour rassemblement illicite, dans le cadre de la lutte contre la hausse des prix de l’électricité. Dans le post en question, le désormais ex-responsable de l’APR trouve que l’arrestation d’un citoyen pour distribution de flyers est un attentat contre la Constitution du Sénégal.

‘’Face à ce mouvement pacifiste, la réponse du gouvernement et du chef de l’Etat doit être l’écoute, la pédagogie, l’explication et non le retour de la sinistre époque de la traque des distributeurs de tracts des années 60-70’’, a-t-il écrit dans la publication.

Toutefois, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’annonce du lancement de son courant au sein de l’APR. Ce mouvement, selon lui, a pour but principal de rendre le parti présidentiel plus structuré et plus organisé. Ce parti qu’il a décrit dans l’émission ‘’Jury du dimanche’’ diffusée sur iRadio, comme une ‘’masse informe sans structuration, avec des instances qui ne fonctionnent pas au niveau national’’. Le parti souffrirait, à ses yeux, d’un sérieux problème de management.

Auparavant, Moustapha Diakhaté s’était illustré, en donnant une position peu favorable à Macky Sall sur la question du troisième mandat qui suscite d’ores et déjà beaucoup de débats. ‘’La manière dont Macky Sall veut mettre un terme à cette polémique est contreproductive. S’il veut limoger toute personne qui en parle ou si des gens de l’APR insultent ceux qui expriment leur point de vue, cela pose problème. Le président ne devrait pas cautionner ces insultes et le limogeage de Sory Kaba a créé plus de problèmes qu’il n’en a réglé, en ravivant une polémique qui n’a pas lieu d’être’’, avait-il fustigé en octobre dernier.

Avec cette déclaration, l’ex-militant du PDS s’attendait à des remontrances de la part de sa famille politique. Il a préféré toutefois tout assumer en ‘’homme libre’’. ‘’Il m’est égal d’être limogé ou maintenu à mon poste. J’ai rejoint Macky Sall avant même qu’il ait un pouvoir de nomination. Si, aujourd’hui, il souhaitait me démettre de mes fonctions, je le remercierais’’, avait-il soutenu.

HABIBATOU TRAORE

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