Publié le 19 Jan 2012 - 19:17

Ngouda Fall Kane

 

Démissionnaire de la Fonction publique le 16 de ce mois, après une audience avec Abdoulaye Diop,  ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, l’ex-président de la Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) donne dans une lettre, les ‘’véritables raisons’’ de son départ. Dans cette missive dont EnQuête détient copie, Ngouda Fall Kane dit avoir démissionné ‘’de cette administration à cause des hommes comme Abdoulaye Diop qui nous gèrent et qui manquent de repères, d’élégance morale et qui, à la limite, ne s’intéressent qu’à leurs intérêts au détriment des intérêts du pays qui, aujourd’hui, est en lambeau au plan économique et financier’’.

 

Mais au-delà de son différend avec le ministre des Finances, l’ex-boss de la CENTIF a quitté la fonction publique ‘’pour être un homme libre, libre de dénoncer une certaine mafia financière qui sévit dans ce pays’’. ‘’J’ai démissionné de cette administration parce que je suis déçu, déçu par ces hommes incultes, nuls, qui manquent de sérieux, de probité, qui se sont enrichis au détriment du peuple sénégalais, et qui, malheureusement, gèrent les destinées de notre administration’’, ajoute-t-il.

 

 

De l’audience que le chef de l’Etat lui avait accordée avant son départ de la CENTIF, M. Kane soutient que c’était pour lui parler ‘’d’une affaire d’une extrême importance’’ sur laquelle le ministre des Finances l'aurait empêché de travailler. Il jure aussi n’avoir ‘’rien demandé au président de la République’’.

 

 

‘’’Je prends à témoin Me Madické Niang que le Président lui-même a invité à assister, à mon insu, à cet entretien’’, fait-il savoir. Avant d’ajouter : ‘’En quittant le Président, la seule chose qu’il m’a dite, c’est : ‘’J’ai appris que tu as fini ton mandat, que tu veux partir, mais je ne vois pas d’inconvénients pour que tu restes’’. J’ai décliné cette offre devant Madické Niang pour la seule raison que j’ai passé six ans et demi à défendre l’intégrité de la loi anti-blanchiment (modification de la tutelle, modification de l’article 29, etc.). Il ne me revient pas donc de la violer, je dois partir et je vais partir’’, explique l’ex-président de la CENTIF.

 

 

Dans la même veine, il révèle que c’est en novembre 2010, ‘’au seuil de sa maison’’ qu’il a annoncé au ministre des Finances ‘’la fin imminente de (son) mandat’’ à la tête de la Centif. ‘’Je lui ai réitéré les mêmes propos à trois reprises en 2011’’, souligne l’intéressé qui ajoute : ‘’La seule chose que je lui ai demandé dans l’intimité de son bureau, et ce dans le cadre de la continuité de l’institution en terme d’efficacité, c’est de procéder à une promotion interne pour la nomination d’un nouveau président, l’un des membres de la CENTIF remplissant les conditions requises’’.

 

Ce qui lui fait dire qu’il n’a été ‘’au courant de la nomination de Demba Diallo qu’à la veille de (son) départ de la CENTIF’’ lorsque l’Inspecteur général des Finances qui devait procéder à la passation de service l’a appelé pour l’informer. Prenant à témoin cet inspecteur du nom de Sidibé, M. Kane soutient ne lui avoir ‘’jamais demandé le nom de celui qui devait (le) remplacer’’. Toutes choses qui font qu’il jure n’avoir jamais prononcé de propos ‘’négatifs’’ sur son successeur

 

 

Du ministre des Finances dont il avait réclamé une ‘’amitié de 30 ans’’ dans une interview accordée à EnQuête, Ngouda Fall Kane affirme ne s’être pas trompé ‘’en quittant cette administration dirigée par des hommes comme Abdoulaye Diop’’.

 

Se demandant quels ‘’critères ont été mis en avant pour le choisir comme meilleur ministre de l’Economie et des Finances de l’Afrique’’, il rapporte ce que le ministre lui a une fois dit dans son bureau : ‘’Ngouda, quand je te vois, je pense à Me Babacar Sèye’’. Il assène : ‘’Abdoulaye Diop a l’art de trahir, beaucoup le savent, le président Wade en saura quelque chose demain’’. Et d’avertir : ‘’Ablaye, arrête de m’attaquer, d’inventer des justificatifs à des actes d’un autre âge. Si vous tirez sur moi, j’en ferai autant et quel que soit le prix à payer, et cela vous le savez’’. 

 

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