Publié le 30 Oct 2015 - 20:34
OUSMANE SONKO, ECONOMISTE ET PRESIDENT DES PATRIOTES DU SENEGA

‘’Le Sénégal n’a jamais atteint 35% de masse salariale’’

 

La masse salariale du pays ; le rapport du FMI qui classe le Sénégal au 25ème rang des pays les plus pauvres et les moins créateurs de richesse au monde ; la croissance démographique d’à peu près 4,8% qui plombe le PIB et les prévisions de croissance. Ousmane Sonko, inspecteur principal des Impôts et Domaines et président de Pastef, n’a fait hier qu’une bouchée des certitudes du ministre de l’Economie et des Finances.

 

Les démentis et autres contestations sur la situation économique du pays continuent d’alimenter les débats. Hier lors d’une conférence de presse, le président des Patriotes du Sénégal pour la transparence, l’éthique et la fraternité (Pastef), Ousmane Sonko, s’est longuement prononcé sur la situation économique que traverse le pays. L’inspecteur principal des Impôts et Domaines n’y est pas allé par quatre chemins pour contredire le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan sur le budget de la masse salariale du pays.

Selon lui, les informations véhiculées par Amadou Bâ, selon lesquelles la masse salariale du pays absorbe 34% du budget, ne sont pas avérées. ‘’Toutes les informations que les ministres de l’Économie, du Budget et de la Fonction publique donnent sont fausses. Le Sénégal n’a jamais atteint 35 % de masse salariale. Et la majeure partie de ceux qui ont été recrutés dans la fonction publique a été logée dans la catégorie matérielle et non dans la masse salariale. Et même si l’État a commencé à les intégrer dans la masse salariale, depuis 2013, le Sénégal est encore à 33,20 % du budget’’, a précisé l’économiste.

Selon lui, la masse salariale du Sénégal rapportée au produit intérieur brut (BIP) est de 3%. ‘’Concernant le ratio du nombre de fonctionnaires sur la population totale, le Sénégal est à 0,87%. Autrement dit, 0,87% agent de la fonction publique pour 40 Sénégalais. C’est le ratio le plus faible au monde. Le seul pays que nous avons devancé est le Mali’’, a dit M. Sonko.

S’agissant du rapport du FMI qui classe le Sénégal au 25ème rang des pays les plus pauvres et les moins créateurs de richesse au monde, l’inspecteur principal des impôts et domaines est d’avis que ce classement est la traduction de mauvaises politiques cumulées. ‘’La vérité est que ce pays n’avance pas. Il recule dangereusement. Macky Sall ne crée ni richesse, ni emplois et encore moins les conditions de la transformation structurelle de l’économie si chère à son PSE.

L’économie d’un pays ne se fait pas en un jour. Les résultats qu’on obtient aujourd’hui peuvent être la résultante d’un certain nombre de mauvaises politiques qui se sont surmontées et cela peut impliquer tous les régimes qui se sont succédé. Le Président a promis, à terme dans la première phase du PSE, une réduction drastique de la pauvreté au Sénégal. En atteignant un taux de croissance de 7%, à partir de 2018 et de le maintenir à ce niveau. Le rapport l’a démenti, pour la simple raison que quand vous regardez le rapport du PSE, il y a une donnée importante qui n’a pas été incluse, c’est la donnée démographique. C’est pourquoi, quand on rapporte ce PIB au Sénégalais, on se retrouve avec cette surprise’’, a-t-il expliqué.

Pour lui, le Sénégal connaît une croissance démographique de 4,8% à peu près. Ce qui fait qu’en 2019, on approchera les 16 millions 800 mille Sénégalais. Or, dans le classement, ça va de 100 dollars à 40 mille dollars ; si vous comparez avec la France, il est de 37 mille dollars. ‘’Un pays ne peut pas être émergent, avec un revenu par habitant qui n’atteint même pas 2 mille dollars. La deuxième chose est que, quand bien même on aurait atteint ce taux de croissance, on est en train de fabriquer une croissance extravertie, une croissance non endogène, qui ne va pas favoriser les emplois et qui va être transférée par les multinationales qui sont préférées à nos nationaux. Tant qu’on sera dans ce cercle vicieux, on ne sortira jamais de la pauvreté. Pire, c’est que ça laisse un endettement chronique’’, a soutenu Ousmane Sonko.

VIVIANE DIATTA

 

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