Publié le 5 Jan 2014 - 04:23
OUTRAGE A UN MINISTRE DU CULTE

Malick Diao, ‘’Habbatou Sawda’’, sermonné à la barre

 

Poursuivi pour injures publiques, violences et voies de faits et outrage à un ministre du culte dans l’exercice de ses fonctions, le célèbre fournisseur des produits ‘’Habbatou sawda’’, Malick Diao, a comparu hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Même s’il encourt le sursis, le prévenu a été bien sermonné.

 

On se serait cru hier dans une mosquée, compte tenu des versets du Coran et des hadiths (enseignements du prophète (PSL) qui ont marqué le procès de Malick Diao, célèbre fournisseur des produits de la graine de nigelle appelés ‘’Habbatou sawda’’.

Avocats et magistrats ont fustigé l’attitude du commerçant qui, non seulement a contesté la légitimité de l’imam Mamadou Diop, sous le prétexte qu'il n’habite pas leur quartier, mais n’a eu de cesse d’accuser l’imam de franc-maçonnerie. Le commerçant n'a pas épargné le second de l'imam qu'il traite de féticheur.

D’après le prévenu, les responsables de la mosquée l’accusent d’appartenir au mouvement ‘’djihadiste’’. Après que le conflit a atterri dans les médias, les relations entre les deux parties se sont rapidement dégradées. ‘’À chaque fois que je présidais la prière, Malick Diao se retirait pour prier parallèlement et à haute voix’’, a témoigné l’adjoint de l’imam Diop, Cheikh Oumar Tall.

''Le procès de la honte’’

Pour les conseils des deux parties et pour le parquet, le prévenu a eu tort d’injurier les plaignants et de perturber les prières. Tous ont fait comprendre à Malick Diao qu’il se devait de changer de mosquée, à partir du moment où il n’était pas convaincu par l’imam. Ce que le prévenu s’est engagé à faire, en accusant l’imam d’avoir un contentieux avec les ‘’ibadous’’.

Quoi qu’il en soit, Me Massokhna Kane a trouvé ‘’inconcevable et inadmissible’’ l’attitude du prévenu. ‘’Le Sénégal ne peut pas se permettre d’avoir un conflit religieux’’, a pesté Me Kane. Son confrère Me Gningue a déploré le fait que cette affaire ait atterri à la barre. Le représentant du parquet a abondé dans le même sens.

‘’Dans une mosquée, il n’y a pas de place pour des querelles‘’, a-t-il lancé au prévenu. Et de poursuivre son sermon, en citant des versets du Coran. ‘’Il n’y a aucun verset du Coran qui dit que l’imam doit habiter le quartier. L’islam transcende les questions de quartiers’’, a asséné l'avocat.

‘’Quand on vient dans une mosquée, on doit se plier aux règles de discipline’’, a-t-il conclu avant de requérir six mois assortis du sursis. ‘’C’est le procès de la honte’’, a renchéri Me Daouda Seck, un des conseils du prévenu. Lui a également déploré que cette affaire atterrisse à la barre, après la médiation avortée du préfet. 

Pour autant, Mes Seck et Boubacar Dramé ont considéré que leur client doit être tout simplement relaxé. Surtout qu’aucune des parties civiles n’a confirmé avoir vu Malick Diao dans la mosquée, le 20 décembre, jour des faits.

La défense n'a également pas compris que la plainte pour coups et blessures volontaires, avec une incapacité temporaire de travail de 21 jours, déposée par leur client contre l’imam, n’ait pas abouti jusqu’à présent.

Aussi ont-ils jugé ‘’démesurés et injustifiés’’ les 15 millions  de francs Cfa que Me Kane a réclamés, au titre de dommages et intérêts, même si le conseil a argué que l’argent sera versé dans des œuvres de charité. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré, pour le 8 janvier prochain.

En attendant, Malick Diao est retourné en prison où il est depuis le 31 décembre. Car le tribunal a refusé de lui accorder la liberté provisoire.

FATOU SY

 

Section: