Publié le 3 May 2016 - 19:33

Pacifier ? Oui, mais… 

 

‘’Pacifier’’ ne signifie pas, obligatoirement, se renier ou ‘’pactiser’’ sinon capituler. Bien au contraire, il s’agit que les hostilités, pour l’essentiel, achevées l’on passât de l’état de guerre formel à une vie plus normale, apaisée ; plus policée pour être tout à fait correct et dans la lettre de la langue. C’est-à-dire, encore qu’au contraire de la loi martiale le pouvoir est revenu à l’autorité civile le magistrat, le préfet, ou le gouverneur prenant le pas sur le centurion, le brigadier, ou le colonel.

Pourquoi en parler aujourd’hui ? Parce que selon certains quotidiens, dont l’un toujours très bien informé par ailleurs, le Président aurait ‘’fait l’accolade’’ au PDS au travers d’Aida Ndiongue et, peut-être bientôt, d’Oumar Sarr. Car, il tiendrait, plus que jamais, à des ‘’concertations avec l’opposition !’’  Nous, on veut bien ! Le PDS n’est pas peuplé que de ‘’sorciers’’ quand bien même y en aurait-il là plus qu’ailleurs peut-être ! Et, s’agissant du cas précis d’Aida Ndiongue, notre sympathie, particulière, à son endroit ne lui a jamais fait défaut et ne le lui fera pas à l’avenir non plus. Si j’ai eu à rencontrer Macky Sall, par exemple, et à l’apprécier ce n’avait été que grâce à Aida Ndiongue ainsi que j’ai eu à l’écrire ailleurs au moment de ses premières mises en cause. Qu’elle et Macky Sall puissent entretenir, à nouveau, de bonnes et chaleureuses relations personnelles ne peut  que me paraître naturel et allant de soi.

Cependant, et il est juste de devoir le signaler, il y a, là, comme un problème qu’il serait faux de croire anodin sinon inexistant. Car, en effet, s’ils furent amis et confidents, naguère, il y a qu’aujourd’hui leurs statuts respectifs ont radicalement changé : ce ne sont plus de simples personnes privées, enfin, pour le Président Sall en tout cas. Encore que …Car, si, oui, lui est aujourd’hui le chef de l’Etat, elle est quoi elle, aux yeux de la loi, je veux dire ? Un repris de justice, puis qu’il n’y a pas de féminin pour ce vocable ? Il n’y a plus de simples quidams là, de ‘’personnes privées’’. D’où le Président de la République du Sénégal n’est plus libre du tout, comme vous et moi, par exemple, de faire la bise ou ami-ami avec qui bon lui semble et de le lui témoigner publiquement. Il faut apprendre à se méfier. Car, comme dans tout pouvoir là où il y a des contraintes qui lui sont liées et les unes sont absolument symétriques aux autres ! Plus grandes sont les unes et d’autant sont les autres et l’oublier serait d’une tragique erreur.

Les tribunaux devant lesquels Mme Ndiongue avait été attraite l’ont blanchie dans un premier temps de la procédure. C’est très bien pour elle mais quid de la Justice dans son entièreté, son sens majuscule ? Là c’est une autre affaire, une affaire de ‘’ressenti’’ de sentiment, peut-être d’impression, quelque chose en tout cas de l’ordre de l’imparfait mais pas au sens grammatical. Un goût en tout cas d’un peu troublant ou trouble et c’est là, justement, que la politique surgit et s’impose décidément. D’où la nécessité, pour un chef d’Etat de se montrer précautionneux.

De même Louis Philippe Ier ex d’Orléans a-t-il pu dire, très tranquillement et sans avoir à en rougir que les dettes contractées naguère par le Duc d’Orléans,  n’avaient pas à être acquittées par le roi des Français, de même Macky Sall pourrait-il regarder celles du Président du CIS (ou de ‘’la’’, car je ne sais plus s’il s’agit du comité ou de la cellule Initiatives et Stratégies du PDS) avec les lunettes du président du CSM (Conseil Supérieur de la Magistrature) qu’il est devenu depuis 2012 ! N’est-ce pas ? Et ce, d’autant plus que cette affaire d’Aida Ndiongue est toujours pendante puis qu’Appel en a été relevé… par le parquet !

Il est très important, essentiel même, que l’espace public puisse être pacifié tout comme le débat démocratique et la saine émulation entre tous les partis politiques qui concourent à l’expression du suffrage des citoyens : Cela est sûr, cela est certain mais, il n’est pas nécessaire de faire comme si tout était égal, par ailleurs. Les citoyens ne doivent pas avoir le sentiment que tout serait pareil et que tout se vaudrait. D’abord ce serait archi-faux et ensuite éminemment dangereux !  Ce serait du ‘’Lambi golo’’ en effet et, dans la jungle du ‘’Ku mën sa morom duma ! ’’bien peu survivraient enfin de compte.

C’est pourquoi est-ce avec le plus de circonscription possible que le pouvoir doit avancer sur ce chemin difficile sans capituler devant qui que ce soit ni renier quoi que ce soit de ce qui l’avait, si brillamment, fait élire en 2012. Senghor disait et c’était le bon sens même et le juste milieu : ‘’rester ferme mais sans cruauté inutile ni faiblesse coupable ‘’. Le chef de l’Etat, dans notre pays, a bien des pouvoirs, trop même au gré de certains alors que c’est une opportunité qui lui est donnée ainsi de pouvoir être juste tout en restant humain et décent ! Car, autant peut-il être nécessaire châtier les manquements autant est-il important de ne jamais trop en faire et de savoir pardonner. Mais tous comptes faits dans la clarté et le respect strict des lois et des procédures !

En Afrique, les despotes on ne les connait que trop plus quelques rares soliveaux qui avaient peur des vagues que le simple fait de nager induit, pour parler avec les grenouilles qui voulaient un roi. Le dirigeant qu’il nous faut c’est celui du juste milieu qui sache nous protéger (et d’abord de nous-mêmes, de nos coups de gueule, coups de menton et coups de sang) tout en nous faisant avancer résolument, dans la voie du progrès ! Voie qu’on peut aussi appeler celle de l’émergence, celle-là même à laquelle le Président Macky Sall a décidé de nous convier. Il faudrait l’y suivre et même avec confiance à condition que ses messages n’arrivent pas, quelques fois, passablement brouillés et comme une invite claire à devoir en revenir aux errements de jadis. 

 

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