Publié le 1 Apr 2020 - 21:51
PANDÉMIE COVID-19

Famara et Cie envoyés au chômage technique

 

Installés le 25 décembre 2019 pour une durée de trois mois, Famara Ibrahima Sagna et ses hommes sont envoyés au ‘’chômage technique’’ par la pandémie de Covid-19.

 

Dieu est grand, mais le nouveau coronavirus n’est pas petit. Balayant tout sur son passage, il s’impose comme le seul sujet qui vaille, en ces temps qui courent. Petits commerçants, industriels, magnats du secteur touristique, tous sont passés à la trappe. Même le monument Famara Ibrahima Sagna, appelé de sa longue retraite pour présider le Comité de pilotage du dialogue national (CPDN), n’a pu échapper au diktat de la Covid-19. Obligés de se soumettre au calendrier de la pandémie, lui et son staff ont tout bonnement annoncé la suspension des travaux dans le cadre du dialogue national.

Dans un communiqué signé le 20 mars, ils se résignent : ‘’Face à la situation actuelle due à l’épidémie causée par le coronavirus, et suite aux différentes mesures arrêtées en vue d’y remédier, je vous informe que les travaux des commissions thématiques du CPDN seront momentanément suspendus à compter de lundi 23 mars 2020 et jusqu’à nouvel ordre.’’

Ainsi, le dialogue est envoyé aux calendes grecques. Ses dirigeants, renvoyés au chômage technique par le nouveau coronavirus. Et pendant que certaines parties prenantes poursuivent le dialogue direct, au palais, avec le patron des patrons, Macky Sall, Famara et son staff se tournent les pouces au 10e étage du Building administratif El Hadj Mamadou Dia. Refusant ainsi de mourir à cause de la pandémie.

Dans le communiqué de suspension, le président déclame : ‘’Au cours de cette suspension, tous mes collaborateurs et moi-même, nous tenons à toutes fins utiles à votre disposition au siège du CPDN.’’ Mais juridiquement, Famara et Cie peuvent-ils toujours se targuer de la légalité pour poursuivre leurs travaux ?

En tout cas, si l’on se fie au décret n°2019-1110 portant et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de pilotage du dialogue national, le CPDN ne peut exister au-delà de ce mois de mars 2020.

En effet, il ressort de l’article 7 du décret susmentionné que le Comité de pilotage du dialogue national a été institué pour mourir au bout de trois mois. Ledit article précise : ‘’A la fin de sa mission, qui ne peut excéder trois mois, à compter de son installation, le CPDN soumet au président de la République un rapport contenant les conclusions du dialogue national.’’

Installé le 26 décembre 2019, ce comité doit donc, en principe, disparaitre en cette fin du mois de mars. Mais Famara et Cie ne semblent pas le comprendre de cette manière. Joint par téléphone, le porte-parole du dialogue national explique : ‘’Nécessairement, les nouvelles décisions qui ont été prises par les autorités vont impacter sur les travaux du Comité de pilotage. C’est dans ce cadre que les sept commissions ont suspendu leurs travaux. Nous allons les reprendre dès que tout sera rentré dans l’ordre.’’

Selon le chargé de communication, il est, dans les conditions actuelles, impossible de respecter le délai de trois mois. ‘’Il faut que l’état d’urgence termine pour que le délai commence à courir. C’est tout ce que nous pouvons dire en ce moment’’.

Au président Macky Sall de trouver les moyens légaux de poursuivre le dialogue

Pour sa part, Déthié Faye, Coordonnateur du pôle des non-alignés, estime qu’il est hors de question de penser que les travaux du dialogue national seront rendus caducs par le vilain virus. Pour lui, le président de la République, qui avait institué ce dialogue, va forcément leur donner les moyens légaux de mener à terme leurs travaux. ‘’C’est lui qui a convié les forces vives à la concertation, afin de lui soumettre des consensus sur un certain nombre de points. Il s’est aussi engagé à mettre en œuvre les conclusions issues de ces concertations. Donc, chacune des parties sait qu’il devra faire un bilan aux Sénégalais. Il ne peut donc y avoir de risques de voir tous ces travaux être jetés à la poubelle’’.

Du côté de l’opposition également, on nourrit l’espoir de voir le président de la République proroger le mandat du Comité de pilotage, quand tout sera rentré dans l’ordre. Ce, d’autant plus que tout le monde semble convenir de la nécessité des concertations pour renforcer la stabilité nationale.

Ce qui est sûr, de l’avis de Saliou Sarr, membre du pôle de l’opposition au dialogue national, la pandémie va forcément bouleverser leur calendrier. ‘’Nous avons retenu, en commission restreinte, de continuer en télétravail, pour finaliser le dossier d’appel d’offres sur le recrutement du cabinet chargé de l’évaluation du processus électoral et de l’audit du fichier. C’est pour tenter de minimiser les dégâts’’.  Pourquoi ne pas reprendre le même schéma au niveau des autres commissions ? Le proche de Khalifa Ababacar Sall rétorque : ‘’En fait, c’est difficile, par exemple pour une commission qui compte des dizaines de membres, de travailler en mode télétravail. Même pour le dialogue politique, c’est juste la commission restreinte chargée de réfléchir sur les modalités du processus et de l’audit du fichier qui n’arrête pas.’’

Selon lui, il restait à la commission 30 ou 40 jours de travaux, avant que la Covid-19 ne mette tout en suspens.

Toutefois, tient à faire remarquer Saliou Sarr, il n’y a pas d’obstacles insurmontables. Fût-il la Covid-19. Le président n’aura donc qu’à prendre un autre décret pour donner une base légale au comité dirigé par l’ancien président du Conseil économique et social.

Dans tous les cas, si les autres commissions en étaient juste à leur balbutiement, celle politique est bien avancée dans ses travaux. ‘’Il ne lui reste que presque trois thèmes majeurs : le statut de l’opposition et de son chef, la rationalisation du calendrier républicain et la mise en place d’un cadre permanent pour le suivi du processus électoral et la médiation politique. C’est des points qui, peut-être, ne prendront pas beaucoup de temps. Nous pourrons donc très rapidement les épuiser et déposer nos conclusions’’, informe le membre de la Commission politique du dialogue national.

MOR AMAR

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