Publié le 21 Feb 2020 - 13:49
PAPE SERIGNE DIENE, DIRECTEUR TECHNIQUE NATIONAL DE LA FEDERATION SENEGALAISE D’ATHLETISME

Revue de l’athlétisme sénégalais avec le DTN

 

Pape Serigne Diène, Directeur technique national de la Fédération sénégalaise d’athlétisme, a fait, avec ‘’EnQuête’’, un round-up complet des difficultés et défis qui s’offrent à l’athlétisme sénégalais. Sans langue de bois, il s’est prononcé sur toutes les questions de la discipline, de la politique de l’équipe actuelle aux problèmes infrastructurels, en passant par le bilan des dernières compétitions et le bénévolat qui prévaut dans ce sport. Il s’est aussi prononcé sur les Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar-2022.

 

Quelle est la politique sportive déclinée par la Fédération sénégalaise d’athlétisme (FSA) ?

Nous avons un plan de développement orienté sur plusieurs axes : d’abord, massifier la pratique de la discipline par un renforcement des ligues pour que tout Sénégalais désireux de pratiquer l’athlétisme puisse en avoir l’opportunité. A travers cette masse, produire une élite qui peut représenter dignement le Sénégal. Ensuite, développer la formation pour avoir des entraineurs en mesure de prendre en charge convenablement les athlètes. Également, pour les équipements et les installations pour les entrainements, l’objectif est d’être accompagné par le ministère.

De notre côté, faire le nécessaire pour que les entraineurs et les athlètes trouvent le matériel indispensable pour bien dérouler les entrainements. Nous sommes en train de poser des jalons pour redorer le blason terni de l’athlétisme sénégalais.

On a d’autres orientations. Par exemple, sur le plan administratif, nous allons revoir nos textes pour que cela soit conforme aux réalités de l’heure. Nous travaillons à renforcer les secrétaires généraux au niveau des ligues, pour que les feedbacks puissent être rapides, efficaces, pour rendre la discipline plus visible et enfin raffermir la relation avec les médias pour une meilleure communication.

Quand est-ce que votre équipe a été mise en place ?

Cela fait deux ans maintenant, avec l’élection de Sara Waly.

Mais, concrètement, quel est l’état d’avancement de votre projet sur le terrain ? 

Pour la massification, la fédération organisait des compétitions très régulières au niveau senior. Depuis notre arrivée, nous avons essayé d’installer, de pérenniser et de renforcer la compétition pour la petite catégorie, parce que, sans elle, envisager d’avoir ultérieurement de bons représentants est impossible. Cela nous a poussée à organiser des championnats benjamins, minimes et U18, alors qu’avant, il ne se tenait que des championnats nationaux des U20 et des seniors.

Sur quelle durée se déroulent les championnats nationaux seniors ?

Les championnats se déroulent sur 3 jours. Ce ne sont pas les seules compétitions organisées. Des joutes se tiennent dans chaque ligue. Présentement, la ligue de Dakar a tenu une journée, tout comme la ligue de Diourbel. En sus de cela, dans le cadre de la massification, avant ces journées sur piste, des journées de cross-country ont eu lieu. C’est des courses à travers la nature, la ville. C’est maintenant celles-ci qui permettent de montrer à la population qu’il y a l’athlétisme et de détecter des coureurs spécialisés dans l’endurance.

Les politiques de détection sont-elles formalisées ou c’est juste de manière tacite entre techniciens qu’on fait la détection des jeunes ?

La détection est organisée. Pendant les fêtes de Noël à Kolda, nous avons organisé un stage. Avant, nous y avons tenu des journées de détection. Les différentes communes de la région ont été sillonnées, pour prendre les meilleurs et les encadrer. Dans les autres régions, souvent, la détection se fait au niveau du sport scolaire, au niveau de l’Union des associations sportives, scolaires et universitaires (Uassu). La ligue de Dakar est fortement impliquée dans l’organisation du sport scolaire et ce, dans le but de tomber sur les pépites du sport scolaire et les encadrer dans le cadre civil.

D’autres créneaux existaient. Mais, malheureusement, nous ne les avons plus, faute de suffisamment de moyens. Le fonds de relance injectait des centaines de millions qui nous permettaient de sillonner les régions et d’installer des écoles d’athlétisme où les meilleurs repérés étaient logés. Présentement, nous sommes obligés de nous rabattre sur les structures qui existent déjà pour faire la détection et le suivi de ces jeunes.

Ceux qui font la détection sont payés ou ils le font à titre de bénévole ?

C’est le bénévolat aussi bien pour ceux qui font la détection que pour les entraineurs. Même moi le directeur technique national (DTN), je ne reçois aucun sou. C’est juste la passion qui nous guide. J’ai vécu la discipline et j’ai comme ambition d’apporter ma petite pierre à l’édifice, au développement de la discipline.

Est-ce que ce fonctionnement peut porter l’athlétisme sénégalais vers le sommet ?

Ce n’est pas l’idéal. Notre souhait à nous, c’est de parvenir au moins à motiver ceux qui vont évoluer en qualité d’entraineur dans la discipline. Une sorte de motivation existait pour certains. Dans chaque région, se trouvait au moins un instructeur en qualité de conseiller technique régional qu’on appelle directeur technique régional. C’était un agent du ministère des Sports. Actuellement, il n’y a aucun conseiller technique régional actif payé par le ministère des Sports, dans les régions, pour développer la discipline. Il n’y a que des bénévoles pour l’essor de la discipline.

Comment faites-vous pour intéresser les jeunes à l’athlétisme, étant donné sa faible exposition médiatique ?

Le créneau, comme énoncé tantôt, c’est le passage des cross-countries. Quand vous les organisez, les enfants se demandent ce qui se passe ici. Ils sauront qu’il y a une course et quelque chose à gagner. Ils seront, dès lors, assez curieux. Ils vont, alors, voir comment faire pour participer prochainement. Il y a l’école aussi avec les bénévoles, enseignants d’éducation physique et sportive, qui font le tour des établissements et des classes, pour sensibiliser les élèves, afin qu’ils pratiquent. Mais aussi, nous nous entretenons très souvent avec nos collègues professeurs, pour leur demander de nous aviser, s’ils voient dans leurs cours des élèves intéressants. Ensuite, nous franchissons le pas.

Cela nous ramène à la question de savoir si c’est dans un cadre écrit, formel ou si c’est seulement de bouche à oreille que ces détections sont organisées ?

C’est les deux. La première méthode appelée ‘’détection sauvage’’ n’est pas organisée. Pourtant, elle donne des fruits. L’autre méthode, qui est, elle, organisée, l’est en fonction des moyens disponibles. Kolda et Kaffrine en ont organisé, cette année. L’année dernière, Diourbel avait fait un focus sur la détection, puisqu’ils n’ont pas assez de talents. Ils sont retournés dans les écoles pour faire de la détection organisée.

Dans les autres régions, pour le moment, c’est la forme sauvage qui a libre cours, avec la collaboration des entraineurs et des enseignants d’EPS.

Y a-t-il des clubs d’athlétisme au Sénégal ?

Il y en a au minimum trois dans toutes les régions. Dakar tient le gros lot. 

Vos athlètes ne peuvent pas être considérés comme des professionnels, puisque la majorité d’entre eux ne vivent pas de leurs activités. Est-ce que cela favorise les performances ?

Affirmatif. Nous, en tout cas, nous avons un projet : c’est de faire de l’athlète sénégalais un modèle. Il s’agira, à bas-âge, d’allier sport et études, pour qu’il ait un savoir-faire. Ceux qui vont se distinguer, montrer qu’ils peuvent concourir au niveau international, vont être placés dans des centres. Déjà, il y a le Centre de développement de l’athlétisme africain (AADC) où le Sénégal compte 8 représentants.  Au-delà, nous avons le projet de mise en place d’un centre national, pour trouver d’autres jeunes talentueux qui vont y être pris en charge. Mais nous en sommes encore à l’état de projet.

Depuis Kassé Hann, on n’entend pas beaucoup d’athlètes sénégalais dans les compétitions internationales. Y a-t-il des espoirs que vous suivez en ce moment, qui peuvent valoir des médailles au Sénégal ?

C’est normal. Nous n’avons plus les moyens pour produire cette élite. Le sport d’élite requiert des moyens, et ces moyens ne suivent pas. Maintenant, avec les solutions du bord, nous essayons de faire quelque chose. Si on prend le cas de Louis François Mendy, il est en première année senior. Je peux dire qu’il fait partie des meilleurs Africains (110 m haies). On a d’autres jeunes qui sont talentueux : Saly Sarr, championne d’Afrique U18 sur heptathlon, qui, avec le travail, à coup sûr, peut donner des satisfactions au Sénégal. On a Fatou Gaye sur 400 m plat qui roule à 54 s. Sur 110 m haies, toujours, on a un junior (19 ans) qui a réalisé les minimas des championnats du monde. Notre élite était vieillissante. Nous sommes en train de reconstruire, avec des jeunes qui sont âgés entre 18 et 22 ans, qui titillent le niveau africain. Il s’agit d’être un peu patient, de travailler avec eux, et dans quelques années, ils peuvent s’approcher du niveau international.

Est-ce qu’il y a des partenariats avec des clubs étrangers où vous pouvez placez vos éléments pour qu’ils puissent continuer leurs études et pratiquez en même temps leur discipline ?

Oui. Parfois, il y en a, mais ce n’est pas l’idéal. L’athlétisme doit se construire au niveau du Sénégal. Si nous avons des relais au niveau de l’étranger, nous pouvons en profiter. Mais confier le développement de la discipline à la France ou à d’autres pays, cela comporte des risques. Les jeunes qui vont en France ont tendance à vouloir changer de nationalité. Dans l’équipe nationale de la France, lors des championnats du monde, concouraient Kassé Hann, Mamadou Fall au 200 m, qui ont débuté leur pratique ici. Il faut dire que la France dispose de plus de moyens que le Sénégal. Mais il y a ceux qui continuent quand même à être attachés au drapeau national, comme Mamadou Fall Sarr qui est à Metz, Abdourahmane Ndour, membre de l’équipe du 4x400 m (5e aux championnats d’Afrique) qui évolue à Lyon, et Nafy Mané, 2e meilleure performeuse du 400 m plat au Sénégal. 

Y a-t-il des pistes et des stades pouvant accueillir les compétitions internationales et où on peut enregistrer l’homologation des résultats ?

Actuellement, il n’y a aucune piste qui réponde aux normes. La meilleure que nous avons est celle du stade Léopold Sédar Senghor. A l’heure actuelle, elle est semblable à la piste du stade Iba Mar Diop. Résultat : le Sénégal ne peut organiser aucune compétition d’envergure internationale. Même la Zone 2 serait très hésitante à organiser des compétitions, les installations ne s’y prêtant pas. Les performances enregistrées ici, peuvent quand même être homologuées pour se qualifier à d’autres compétitions. Un Sénégalais qui réalise des performances, dans les conditions difficiles, au stade Léopold Sédar Senghor, peut valablement se qualifier à d’autres compétitions. Par exemple, au 100 m, si on réalise une performance, le stade a une chronométrie électrique et avec la vitesse du vent mesurée, la performance est prise en compte.

Les performances réalisées ici permettent-elles de se qualifier aux Jeux olympiques ?

Les qualifications pour les Jeux olympiques sont plus complexes. Les compétitions sont classées et ce sont les performances enregistrées dans ces compétitions choisies qui sont prises en compte dans le ranking pour pouvoir se qualifier.

Quel politique mettez-vous en place pour avoir des pistes de qualité ?

Cette mission est dévolue à l’Etat. Il ne revient pas à la fédération de construire des installations. La fédération use des moyens nécessaires pour le développement de la formation et de la prise en charge des athlètes.

La mise en place de ces pistes ne peut-elle pas partir d’études réalisées par la Fédé ?

C’est déjà fait. La fédération a fait des études sur le stade Iba Mar Diop avec des experts. Elle a donné des orientations, des propositions. Vous vous inquiétez par rapport à cela, mais l’inquiétude majeure, c’est que le Sénégal va organiser les Jeux olympiques de la jeunesse. On aura les installations qu’il faut pour organiser cette compétition. Mais il ne s’agit pas d’aller jusqu’au jour J pour organiser la compétition. Il faut des installations pour les entrainements, des athlètes qui seront ciblés, d’ici les JO. On ne peut pas fermer des stades pendant 2 ans et, un beau jour, ouvrir un stade et demander aux athlètes d’exceller. Là, c’est vraiment un pari perdu d’avance.

On voit que les athlètes sont rares, au niveau des compétitions sous-régionales et internationales. Qu’est-ce qui l’explique ? C’est un défaut de moyens ou sont-ce les performances des athlètes qui ne leur permettent pas de participer à ces évènements ? S’ils remplissent les critères, comment faites-vous pour les faire participer ?

Cela va de pair avec le manque de moyens qui a conduit à la chute de notre niveau élite. Donc, l’élite n’existe plus et cela se construit. J’ai dit tantôt qu’il serait difficile, en 1, 2, 3 ans, de retrouver le Sénégal sur tous les plateaux. Par contre, nous pouvons espérer, petit à petit, revenir. Pour preuve, Louis François va faire les championnats du monde en salle. Avant ces championnats du monde en salle, il a trouvé pas mal de compétitions à faire en salle. Et après, ce sera la saison sur piste où tous les 8 placés au Centre de développement de l’athlétisme africain ont des projets pour participer à des meetings en Europe et ailleurs. Et à l’issue de ces meetings, ils vont voir leurs performances améliorées et pourront tirer les autres, pour que nous puissions occuper la scène au niveau international.

Ce chiffre vous parait-il adéquat ? Si non, quel serait le nombre idéal ?

Là, c’est une question prise en charge qui se pose. Il y a d’autres athlètes intéressants. Pour le cas du 400 m plat, celui qui a fait la meilleure performance annuelle ne fait pas partie des 8. Le Sénégal est actuellement classé 5e au niveau africain (relai 4x400 m plat) et tous les coureurs au niveau du 4x400 m ne sont pas placés également dans ce lot. Mais n’empêche, nous comptons sur les athlètes qui sont dans d’autres structures.

La prise en charge est assurée par la Fédé ou par l’Etat ?

C’est l’Etat qui nous a délégué ses pouvoirs. Donc, nous déroulons les actions, mais il revient à l’Etat de nous accompagner, pour arriver à atteindre nos objectifs. De ce fait, on doit cheminer ensemble. Nous attendons de l’Etat un appui conséquent, pour que cette première discipline puisse sortir de l’eau.

Lors des derniers championnats d’Afrique, aviez-vous de nombreux éléments ? Aussi, dans les compétitions de jeunes, parvenez-vous à envoyer des éléments ?

Là aussi, les moyens ne suivent pas.  Lors des championnats, nous avons notre fiche technique. Le haut niveau, ça s’apprend. Mais quand nous allons au ministère, les demandes qui nous sont adressées sont nos chances de médailles. Et si, à chaque fois, nous n’emmenons que ceux qui sont ‘’médaillables’’, je pense que nous n’aurons jamais dans l’élite des athlètes représentatifs. Il faut que l’athlète puisse passer une, deux fois la compétition, pour prétendre être vraiment dans le niveau de la compétition et espérer avoir une médaille.

Donc, concrètement pour les jeunes, lors des derniers championnats d’Afrique, est-ce que vous aviez emmené ne serait-ce que deux jeunes ?

Non ! Deux jeunes, c’est peu. On avait 9 athlètes et nous sommes revenus avec 3 titres. Pour moi, l’idéal serait de conduire une vingtaine d’athlètes à ces joutes. Nous pourrions en tirer une dizaine qui vont émerger du lot et bien représenter le Sénégal.

Quels sont les résultats du centre, depuis qu’il a été mis en place ?

Dans le centre, nous n’avions aucun élément du Sénégal. L’année dernière, ils étaient 2. L’un était boursier, l’autre c’est la Fédé qui participait pour qu’il soit là-bas. L’un a terminé vice-champion d’Afrique. Cette année, avec le groupe de 8, nous espérons que ça va aller crescendo.

Comment vous préparez les Jeux olympiques de la jeunesse ?

Depuis l’annonce de l’organisation par le Sénégal, un plan programme a été mis en place, pour arriver à relever le défi de la participation, avec un projet dénommé Horizon 2022. Cela fait deux ans, et le projet n’a pas été financé. Nous venons récemment de mettre en place un plan B, pour voir les choses à mettre en place. Nous ne pouvons faire qu’avec les moyens du bord. Quand un pays organise des compétitions comme les Jeux olympiques, le pays doit trouver des moyens pour accompagner les sportifs pour que le pari de la participation soit relevé. Malheureusement, ce n’est pas encore le cas, pour le moment, et ça devient alarmant. L’Etat n’a pas encore réagi et nous, nous essayons de colmater. Nous avons organisé, l’année dernière, les championnats nationaux qui impliquaient les minimes et les benjamins. Cela veut dire que les champions dans ces compétitions représentent notre vitrine et que nous devons les accompagner vers les JOJ. Quelques régions font des efforts. Mais c’est très minime, voire même très inquiétant pour un pays qui organise des JOJ.

Donc, pensez-vous valablement avoir des chances de médailles ?

Sur ce tempo, nous n’aurons aucune médaille (répété deux fois). Nous ne ferons que participer.

Avez-vous des moyens additionnels à la fédération ?

Les moyens additionnels, c’est les partenaires comme Eiffage, comme d’autres structures qui participent à l’organisation de nos journées.

Est-ce qu’ils participent conséquemment ?

Non, non, si nous ne regardons que le côté moyens et comparativement à ce qui se fait dans d’autres pays comme la France, l’Allemagne.

Avez-vous un chargé de marketing pour trouver ces partenaires ?

Il y a une commission dans la fédération orientée vers la recherche de fonds et le marketing.

Les athlètes disposent-ils de salles de musculation pour le renforcement musculaire qui est nécessaire dans l’athlétisme ?

La fédération a équipé la salle du stade LSS, avec l’appui du Centre africain de développement. Une salle qui permet de faire valablement de la musculation.

Les athlètes dénoncent souvent la non dotation en matériel de sport comme les chaussures ?

Pour les pointes, il revient aux clubs d’équiper leurs athlètes pour les compétitions nationales. Il y a des clubs qui ont suffisamment de moyens pour acheter les pointes. Par contre, pour les clubs moins nantis, il revient aux athlètes de faire les efforts nécessaires. Quand l’athlète pratique une discipline, il doit avoir les moyens de ses ambitions. Et le minimum, c’est qu’il ait à côté des trainings et des chaussures de ville, des chaussures pour la compétition. C’est un effort personnel à fournir. Et c’est le drame du sport sénégalais. Dans les autres pays, les parties prenantes comme les parents sont fortement impliquées. Mais au Sénégal, souvent, les parents ne connaissent même pas les activités que mènent leurs enfants. Donc, c’est d’autres qui s’activent et maintenant, quand il y a gloire, nous les voyons manifester.

Comment se passe la prise en charge médicale ?

Cela se fait au niveau des clubs aussi. Pour que cela se fasse au niveau national, il faut être un athlète d’envergure nationale. Certains clubs font beaucoup d’efforts. La commission médicale appuie aussi des athlètes pour les reprises de blessure. Les entraineurs sont souvent avisés par rapport à cela, mais n’empêche, il y a des efforts à faire pour vraiment améliorer ce canevas.

Y a-t-il des disciplines où les Sénégalais sont prédestinés ?

Le Sénégalais est par nature un excellent coureur sur le tour de piste. Le Sénégal n’est pas également mal pour les sauts. C’est donc nos orientations. Ce qui ne veut pas dire que nous ne travaillons pas les autres disciplines. Les Kenyans ont eu récemment des champions au 400 m haies, au lancer de javelot. Donc, le Sénégalais peut, à juste titre, exceller partout.

Au lancer, pourquoi vous ne regardez pas du côté des lutteurs ?

Moi, je ne suis pas pour, parce qu’il faut avoir des qualités de base que la majorité des lutteurs ne développent pas. Pour être un bon lanceur, il faut être explosif, et rares sont nos lutteurs qui le sont. Donc, c’est à bas-âge qu’il faut cultiver les aptitudes pour prétendre être un bon lanceur. 

POSE PREMIERE PIERRE

Tout pour le Stade du Sénégal, rien pour les athlètes

Aujourd’hui 20 février, à Diamniadio, va se dérouler la cérémonie officielle de la pose de la première pierre du stade olympique. Un bijou de 55 000 places qui va être construit pour accueillir les 4e Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) Dakar-2022. Ce stade risque d’être le seul fait notable dans la tenue de cet évènement. Il va masquer les tares dans l’approche de cette compétition planétaire.

Car, bien que la Fédération sénégalaise d’athlétisme ait envoyé un programme, aucun accompagnement financier n’est jusqu’à présent noté. Rendant difficile la déclinaison de la feuille de route antérieurement pensée par la fédération.

En octobre dernier, le Cnoss avait sommé les fédérations à déposer au plus vite leur plan stratégique de développement, en vue de la préparation de leurs athlètes pour les Jeux olympiques de la jeunesse Dakar-2022. ‘’On s’est réuni le 25 octobre 2019. Et, normalement, c’est le 6 décembre 2019 que les fédéra­tions devaient faire parvenir leur plan stratégique de développement. Mais jusqu’à présent ça traîne. Sur les 35 fédéra­tions retenues pour les JOJ, seules 14 ont déposé leur plan stratégique de développement’’, déplorait Seydina Diagne, SG du Cnoss.

Ces propos révèlent autant un retard dans la mise en branle d’une stratégie, qu’ils annoncent de maigres chances de médailles.

Mais aussi, cette situation témoigne de l’amateurisme noté chez la majorité des parties prenantes engagées dans les JOJ. ‘’C’est vrai que les moyens ne sont pas encore disponibles. Mais encore faudrait-il qu’on ait à disposition les programmes’’, concluait Seydina Diagne, le 31 janvier dernier.

Comment décliner des programmes sans moyens disponibles ?

Il va être très dur d’aller chercher des médailles, pour l’athlétisme et les autres sports, dans ces conditions. Les propos du ministre, à l’occasion de cette rencontre du 31 janvier, sont assez révélateurs de l’état d’esprit, en prélude à ces Jeux. Il semble reposer sur la fourniture, à date échue, des infrastructures. Mais aussi sur une organisation sans faille.

Ainsi, la priorité est la réussite du pari de l’organisation de ces joutes. Qui passe par la cérémonie de pose de la première pierre du Stade du Sénégal qui mobilise tous les moyens de la tutelle.

‘’Le 20 (février) sera un moment historique de communion et de fête. Mais un moment d’espoir pour notre sport. Non seulement pour aborder les Jeux olympiques de la jeunesse Dakar-2022 la tête haute avec les conditions nécessaires. Et faire du développement du sport une réalité’’, disait le ministre Matar Ba, récemment.

Et de conclure : ‘’On a un défi à relever. Le seul combat valable et utile d’être engagé, c’est relever le défi de l’organisation.’’

Qu’en est-il du défi d’une participation digne auréolée de médailles olympiques ?

MAMADOU DIALLO (STAGIAIRE)

 

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