Publié le 25 Jul 2020 - 21:58
PERSPECTIVES BUDGETAIRES EN 2020

Vers un taux d’endettement à 64 % du PIB

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La Direction de la prévision des études économiques (DPEE) a produit un nouveau document, en prévision des perspectives budgétaires, prenant en compte les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur l’économie sénégalaise. Avec la baisse en vue des recettes fiscales, le gouvernement compte s’appuyer sur les financements extérieurs. 

 

Les effets de la pandémie du coronavirus sur l’économie sénégalaise seront-ils pires que ceux sur la santé en 2020 ? L’on serait tenté de se poser la question, après avoir parcouru le document sur la ‘’Situation économique et financière en 2019 et perspectives en 2020’’ produit par la Direction de la prévision des études économiques (DPEE). Selon l’instance sous la tutelle de la Direction générale de la planification des politiques économiques, la Covid-19 devrait perturber considérablement la programmation budgétaire initiale de 2020, puisqu’avec la baisse de l’activité économique interne et la contraction des échanges avec l’extérieur, il est prévu une diminution conséquente des taxes intérieures ainsi qu’un accroissement significatif des charges sociales.  

Selon les prévisions de la DPEE, le déficit budgétaire devrait se dégrader d’environ 2,2 points de pourcentage, en passant de 537,1 milliards en 2019 (3,9 % du PIB) à 872,7 milliards en 2020 (6,1 % du PIB). Cette détérioration serait imputable à l’impact de la pandémie sur les ressources internes et l’exécution du Programme de résilience économique et sociale (Pres). Comment le gouvernement compte faire face à la situation ?

En l’absence d’une souveraineté monétaire donnant la possibilité d’obtenir un financement à partir de sa banque centrale, la solution évidente reste l’apport de finances extérieures. D’autant plus que le document précise que ces tensions seront ‘’partiellement atténuées par un afflux d’appuis budgétaires et de dons’’.  

Si le financement du déficit budgétaire en 2020 est projeté à 872,7 milliards, ‘’il devrait être assuré principalement par une accumulation nette de passifs évaluée provisoirement à 850,1 milliards et par l’acquisition nette d’actifs financiers à hauteur de 22,5 milliards. L’accumulation de passifs résulterait d’un financement extérieur net chiffré à 464,4 milliards associé à un financement intérieur estimé à hauteur de 385,7 milliards’’, précise la DPEE.

Dans le détail, le financement extérieur sera composé d’un afflux important de tirages sur prêts programme reçus dans le cadre de la lutte contre les effets de la Covid-19 pour un montant de 373,7 milliards, escomptés, entre autres, de la Banque mondiale, de la Banque islamique de développement, de la Bad, de l’AFD et de la BOAD. Quant à l’amortissement de la dette extérieure, il est projeté à 242,9 milliards en 2020, tandis que les prêts projets sont programmés à 426 milliards en 2020.

Par ailleurs, au titre de l’initiative des pays du G20, prévue sur la période du 1er mai au 31 décembre 2020, le Sénégal devrait bénéficier d’un financement exceptionnel d’un montant estimé à 90,5 milliards (principal et intérêts). Il représenterait 3,8 % des recettes fiscales et 0,6 % du PIB nominal en 2020.

L’endettement devrait représenter 64 % du PIB, en 2020

Il faudra s’attendre donc à une hausse du taux d’endettement du Sénégal que beaucoup d’économistes jugent déjà très élevé. L’encours de la dette publique totale est projeté par la DPEE à 9 176,3 milliards en 2020 contre 8 231,8 milliards un an auparavant, soit une progression de 11,5 % sur la période. Il devrait représenter 64 % du PIB en 2020, en liaison avec les prêts importants accordés dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 en 2020.

Si le gouvernement est obligé de s’endetter à ce point, c’est que pour des recettes attendues en 2020, au sens du Manuel de statistiques de finances publiques 2001 (MSFP 2001), de 3 008,4 milliards de francs CFA, les dépenses sont programmées à hauteur de 3 881,1 milliards. La relative  bonne tenue des recettes, en hausse de 7,9 %, s’explique surtout par une forte progression attendue des dons (+122,9 %) projetés à 500,6 milliards et traduisant ainsi l’afflux important d’appuis des bailleurs sous forme de dons budgétaires (240,1 milliards) et de dons en capital (260,5 milliards) avec des progressions respectives de 223,4 et 52,6 milliards.

Quant aux recettes fiscales, elles devraient passer de 2 409,7 milliards en 2019, à 2 352,8 Milliards en 2020, soit une diminution de 56,9 milliards (-2,4 %) en glissement annuel. Cette baisse est imputable, notamment, au net repli projeté sur les taxes mobilisées par la douane et la diminution des taxes sur les biens et services.

Les prévisions attendent les recettes relevant de la douane en chute de 141,8 milliards (-16,5 %), passant de 859,1 milliards à 717,3 milliards. Cette baisse s’explique par le retrait attendu sur les liquidations issues des importations de biens et services. Les droits de porte et la TVA à l’importation sont projetés, en baisse, respectivement de 17,1 % et 20,6 %, pour se situer respectivement à 271,2 milliards et 389,4 milliards en 2020.

S’agissant des taxes sur les biens et services, elles devraient s’établir à 755,1 milliards en 2020, contre 729,6 milliards un an auparavant, soit en légère hausse de 3,5 %. Quant à la fiscalité directe, l’impôt sur les sociétés (IS), dont le calcul est assis sur les résultats de l’année antérieure ne devrait pas être fortement affecté par la crise. Ainsi, l’IS est projeté à 230,5 milliards en 2020, contre 225,4 milliards en 2019, soit en légère progression de 2,3 %.

Cependant, d’éventuelles contraintes de trésorerie des entreprises liées à la Covid-19, pourraient, à cet effet, affecter le recouvrement de cet impôt. Quant à l’impôt sur le revenu, il est attendu à 369,8 milliards, soit une baisse de 12,6 % comparativement à la réalisation de l’année 2019.

Un appui de l’Etat aux entreprises du secteur privé

Attendues à 3 881,1 milliards, les dépenses budgétaires de 2020 devraient connaitre une variation relative de 16,7 %, comparativement à 2019. Elles sont constituées, précise le document de la DPEE, des charges pour 3 097,9 milliards et des acquisitions d’actifs non financiers pour 783,2 milliards. Les charges devraient progresser de 411,9 milliards (15,3 %), en liaison, notamment, avec le relèvement significatif des dons courants et des dons en capital, sous forme de transferts, afin d’appuyer les différents secteurs et les populations les plus affectées par la Covid-19. Dans ce sens, cet accroissement des dépenses courantes permettrait la prise en compte des premiers transferts vers le secteur de la santé (78,7 milliards), les achats de vivres (69 milliards), le soutien à la diaspora (12,5 milliards), la prise en charge des factures d’électricité et d’eau en faveur des couches vulnérables ainsi que l’apurement des créances intérieures (200 milliards).

Pour maintenir la stabilité macroéconomique, le document promet un appui de l’Etat aux entreprises du secteur privé en vue de limiter l’impact négatif sur l’activité économique et maintenir l’emploi.

Celles-ci commencent à faire face à des difficultés financières, du fait du ralentissement, voire de l’arrêt total de leurs activités. Il s’agira donc, avant tout, d’identifier les entreprises, surtout les petites et moyennes entreprises (PME), dont la situation nécessite un soutien urgent et celles ayant une capacité de résilience. Ces dernières pourront s’appuyer sur leurs ressources internes pour faire face aux effets de la pandémie.

Par ailleurs, les charges d’intérêt sur la dette (306,9 milliards) ainsi que la masse salariale (817,7 milliards) devraient s’accroitre respectivement de 13,2 et 11,5 %. Les charges en termes d’utilisations de biens et services sont, quant à elles, attendues en hausse de 11,6 % pour s’établir à 313,7 milliards en 2020.

Lamine Diouf

 

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