Publié le 20 Jun 2019 - 00:26
PLATEFORME AAR LI NU BOKK

Une nouvelle manifestation vendredi prochain

 

La lutte continue. C’est le message qu’a fait passer hier la plateforme Aar Li Nu Bokk. Elle compte multiplier les manifestations et mettre sur pied une stratégie, en vue de connaitre la vérité sur l’affaire Petro-Tim.

 

‘’Cette répression et ces arrestations ont décuplé notre détermination et celle du peuple sénégalais à exiger que toute la lumière soit faite sur la gouvernance de nos ressources naturelles’’. Un message qu’a tenu à faire passer la plateforme Aar Li nu bokk, hier, face à la presse.

Malgré la violence notée vendredi dernier, le mot d’ordre reste le même : manifester contre la spoliation des ressources du pays. Pour le prouver, le mouvement invite, une fois de plus, jeunes, femmes, hommes et familles à se rendre massivement, vendredi prochain, au boulevard Charles de Gaulle (rond-point Bceao) pour faire barrage à un régime qui œuvre contre l’éclatement de la vérité. Une demande d’autorisation a été déposée, lundi, à la préfecture de Dakar. Ce jour-là, les mains ne seront pas vides. Elles porteront une arme symbolique qui n’est autre que le drapeau du Sénégal.

Par ailleurs, la plateforme pense qu’il est temps que d’autres acteurs de la société sénégalaise se prononcent. ‘’Nous appelons les régulateurs sociaux, les marabouts, l’église à raisonner le pouvoir qui, manifestement, ne veut pas que la vérité éclate dans ce dossier nébuleux lié au pétrole et au gaz’’, lance Abdourahmane Sow, porte-parole du jour.

D’autre part, il a été souligné un complexe par rapport à l’Occident qui s’est traduit par la réaction automatique des autorités, juste après la diffusion de l’enquête de la Bbc. ‘’Depuis des années, nous courons pour connaitre la vérité sur la gestion de ces ressources. Ce régime ne nous a jamais apporté de réponse. Aujourd’hui, puisque ce sont les Blancs qui en parlent, il court pour apporter des réponses’’, déplore Abdourahmane Sow.

En outre, Aar Li Nu Bokk estime que la jeunesse sénégalaise, en proie à la faim et au chômage, a le droit de savoir si ces milliards de dollars ont été détournés ou non. Et que les retombées de l’exploitation, dans les années à venir, ne sont pas une priorité à l’heure actuelle, même si le chef de l’Etat rassure de leur juste répartition.

Les droits du citoyen piétinés

Aar Li Nu Bokk affiche sa déception, en considérant les événements de 2011 et 2012. En effet, pour ses membres, la lutte d’hier aurait dû permettre un respect strict de la démocratie et de la Constitution. Ce même outil qui, pourtant, consacre en son article 8 le droit de manifester. De ce fait, ils dénoncent une violation de ce droit, ainsi que du droit à l’information. D’autant plus que l’homme qui se battait à leurs côtés en 2012, en tant que candidat à la présidentielle, contre la corruption, l’injustice et la violation de la Constitution, se retrouve être aujourd’hui celui qui n’hésite pas à utiliser la violence d’Etat pour réprimer une manifestation pacifique.

‘’Personne ne peut nous empêcher de parler. A cette époque de lutte, Macky Sall nous a trouvés sur le terrain, que ce soit en 2008 ou en 2012’’, précise A. Sow. De plus, Aar Li Nu Bokk digère mal le fait que la non autorisation de la marche du vendredi 14 juin leur ait été annoncée par les radios et télés de la place. Un ‘’manque de respect’’ dont on pouvait se passer, estime le porte-parole.

Un autre pan de l’affaire Aliou Sall dérange la plateforme. En 2016, le président a fait changer les textes en vigueur, quant à la gestion des ressources naturelles. Auparavant, elles étaient la chasse gardée de l’Etat, mais depuis cette date, ils stipulent que ‘’les ressources naturelles appartiennent au peuple sénégalais’’.

Comme pour répondre à leurs détracteurs, les membres d’Aar Li Nu Bokk clament leur neutralité dans cette bataille. A en croire leur porte-parole, ils ne sont point manipulés par un leader politique et œuvrent en tant que citoyens sénégalais.

Une justice dite partiale

Tout porte à croire que la plateforme émet des réserves quant à la neutralité du procureur de la République. En effet, de son point de vue, trop de dossiers brûlants ont été ignorés par lui. Pour exemple, dans un rapport en 2013, l’Ige demandait l’ouverture d’une enquête contre Samuel Sarr (ancien ministre de l’Energie et fait partie des personnes ayant introduit Franck Timis au Sénégal) en raison d’un supposé détournement de plus de 9 milliards. Les dossiers du même genre inculpant Mame Mbaye Niang dans l’affaire Prodac à hauteur de 29 milliards. Le seul rapport pris en considération a été celui de 2014, recommandant l’ouverture d’une information judiciaire sur la gestion de la caisse d’avance.

‘’Peut-on dire, face à tout cela, que nous avons une justice impartiale ? Même Nafi Ngom a été éjectée, parce qu’elle dérangeait le régime. Nous, nous n’exigeons rien que la vérité. Et pour cela, nous demandons au procureur d’agir sans parti pris’’, a déclaré le porte-parole.

Par ailleurs, la plateforme juge que le procureur a assez d’éléments pour mener son enquête, mais il est, cependant, un homme ‘’sous instruction’’. Un terme qu’il aurait prononcé, lors de sa récente sortie (‘’j’ai reçu instruction…’’) qui prouve, selon le mouvement, qu’il est pieds et mains liés. Puisque sans instruction, il n’ouvre pas d’information judiciaire.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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