Publié le 7 Sep 2020 - 22:25
PLUIES DILUVIENNES À THIÈS

Des quartiers sous les eaux et des populations désemparées

 

Les fortes précipitations enregistrées toute la journée du samedi ont occasionné des dégâts dans la ville de Thiès, notamment l'effondrement d'un mur de clôture d'une maison à Keur Mame El Hadj. Les 126,9 mm qui y sont tombés ont plongé plusieurs quartiers dans une situation inédite, avec des inondations qui hantent le sommeil des populations.

 

Des routes impraticables. Un trafic routier complètement à l'arrêt. Des restaurants obligés de baisser rideaux. Journée morte également pour les vendeurs de fruits établis le long de l'avenue du président-poète Léopold Sédar Senghor. Des cantines fermées toute une journée. Bref, une économie ralentit par les fortes pluies qui se sont abattues, avant-hier samedi, dans la cité du Rail. Pendant plus de 10 heures, le ciel a ouvert ses vannes sur la ville. Vers les coups de 19 h, 126,9 mm y ont été enregistrés. Une quantité de pluie jamais enregistrée en une seule journée. L'année dernière à la même période, Thiès a connu moins que ça, entre août et septembre. Mais ce samedi, la situation était tout autre.

Des précipitations qui ne sont pas sans conséquences. Puisque dans la matinée déjà, les grandes avenues de la ville étaient devenues impraticables. Et les choses étaient beaucoup plus compliquées dans certains quartiers dont Sampathe, dans la commune de Thiès-Est, dirigée par Pape Bassirou Diop. Berceau des inondations depuis quelques années, ledit quartier a encore pris un sacré coup ce samedi. Selon le porte-parole des populations contacté par ''EnQuête", la situation est devenue plus que jamais intenable. Dès le début de l'hivernage, les habitants, prenant en compte les prévisions de l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie (Anacim) ont très tôt alerté les autorités administratives locales, via des correspondances. Ils voulaient la mise en place d’une stratégie efficace visant à contrer les eaux de pluie. Cependant, poursuit leur porte-parole, rien de concret n'a jusque-là été fait. Et ce samedi, ils ont dû patauger.

"Depuis le début de la saison des pluies, nous vivons l'enfer. Nous rencontrons d'énormes difficultés pour accéder à nos demeures qui, parfois, sont envahies par les eaux. Ce samedi, c'était vraiment la catastrophe. Pendant plus de 10 heures, nous nous sommes battus contre les eaux de pluie. C'était trop compliqué. A Sampathe quand il pleut, on se dit : c'est fini, nous allons encore vivre l'enfer. Le préfet était de passage et on pensait qu'une solution immédiate allait être trouvée. Mais jusque-là, rien n’est fait. Nous continuons à vivre cette sempiternelle situation sans être assistés. Parfois, je me demande si nous avons réellement un maire", regrette Barro Cissé. 

"On ne va pas accepter d'être les agneaux du sacrifice"

Sampathe accueille, en cas de fortes précipitations, toutes les eaux en provenance du quartier Hersent. Un calvaire sans fin créé, d'après les habitants, par les chantiers du Programme de modernisation des villes (Promovilles). C'est la route Sampathe - Hersent entamée depuis 2016 qui est la source du mal profond que vivent les populations. D’ailleurs, affirme Barro Cissé ‘’avant l'arrivée de ce projet, notre quartier n'a jamais connu une situation aussi catastrophique’’.

C'est pourquoi, il invite les autorités en charge de ce projet d’accélérer la procédure pour terminer les travaux de construction de ce tronçon afin de permettre aux populations de Sampathe de retrouver leur quiétude d'antan. "Ces travaux nous ont causé beaucoup de dommages. Depuis que Promovilles a débarqué ici, nous ne cessons de vivre le calvaire des inondations. Je pense que c'est le moment de tirer à boulets rouges sur ce programme. Parce que nous n'acceptons pas d'être les agneaux du sacrifice", tempête M. Cissé, criant encore au secours pour la énième fois.

Par ailleurs, Sampathe n'est pas le seul quartier de la ville à vivre le supplice des inondations. D'autres quartiers sont aussi sous les eaux. Nguinth, avec son point bas, vit chaque année le spectre des déluges. Il n'a pas été en reste ce week-end. Dans cette partie de la commune de Thiès-Nord, plus de 250 familles ont été contraintes, ces dernières années, à quitter leurs maisons. Outre Nguinth, Keur Mame El Hadj est aussi frappé par les inondations. La preuve, une partie du mur de clôture d'une maison jouxtant le canal n'a pas pu résister à la pression des eaux de pluie. D'autres maisons qui longent ce même canal sont également sous les eaux. En plus de ces quartiers, Kawsara Fall, Médina Fall, cité Lamy, cité Senghor, Hersent, Darou Salam, etc., ont tous les pieds dans l'eau.

En attendant le déploiement des moyens, dans le cadre du plan Orsec décrété dans la nuit du samedi par le chef de l'État Macky Sall, les habitants de ces différents quartiers vont cohabiter pendant quelques jours, voire des semaines, avec les eaux de ruissellement.

Pour l'heure, les autorités administratives locales, sous la conduite du préfet Moussa Diagne, poursuivent leur mission de prise de contact avec les sinistrés, pour dresser une liste exhaustive des dégâts causés par les fortes pluies.

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

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